Honte et glamour - réservé

FT. HOYKA

Le soleil se lève timidement à l’horizon tandis que les dernières étoiles disparaissent sous le nuages. On peut apercevoir la Pleine Lune s’enfuir derrière un nuage, pour un repos bien mérité tandis qu’elle sert la main à son compagnon lumineux qui vient prendre sa place, avec joie. Il a bien dormi cette nuit, alors il est heureux de pouvoir caresser la Terre de ses rayons. Les oiseaux se réveillaient lentement, les paupières papillonnant et le plumages se regonflant progressivement. On pouvait voir de tourterelles s’envolant rapidement, ainsi que des moineaux se papouillant avant de s’envoler, mais aussi quelques merles – corbeaux et autres se toilettant avant d’observer l’horizon, à la recherche de cadavres ou autre. Oh mais que vois-je ? Une biche et son faon sortant de derrière un buisson ? Okai, soyons francs. La Nature reprend rapidement ses droits. Elle faisait en sorte qu’elle vive. Les animaux, les éléments, les plantes, tout ici se réveille à l’appel du Soleil. Tous voulaient profiter de ses rayons, de la lumière céleste.
Et puis y avait toi. Toi le seul abruti qui se retrouve couché dans sa crasse, dans ses excréments car il n’a pas su éviter un tronc. Parce qu’il s’est paumé et qu’il a fini par tomber dans sa propre merde. Excusez-moi pour la vulgarité mais c’est le cas, sérieux. T’avais la classe, avant. Mais ça c’était avant ta chute, évidemment. Et puis, tu avais fini par abandonner, trop fatigué et t’étais assoupi : là, dans ta crotte, les fesses dedans et le chanfrein dans les fougères. Plus honteux, tu meurs je crois. Mais voilà, le Soleil venait réchauffer tes vieux os alors tu ouvrais rapidement les yeux. Et en remarquant ta posture, tu te levas rapidement, grommelant dans ta barbe et t’ébrouant. Tu puais la Mort, sérieusement. Enfin, tu me diras ça ne changeais pas de d’habitude. Tu puais toujours la mort. Un soupir passa tes lèvres tandis que tu observais autour de toi : de l’herbe, du végétal, de l’herbe … Oh mon dieu ! De l’eau !
Alors sans hésiter une seule seconde, tu pris le trot. Un trot boiteux évidemment. Et tu te dirigeas vers l’eau, tu ne fis même pas attention à ce qui pouvait t’entourer. Tout ce qui t’intéressait c’était l’eau. Alors, ni une ni deux, tu entras dans un petit ruisseau. Ce n’était pas assez profond pour t’y noyer ou y nager, mais tu t’y roulas tout de même, laissant l’eau nettoyer ton poil déjà crasseux. Tu apprécias, à tel point que tu ne remarquas pas la silhouette s’approchant.

FT. HOYKA

L’eau n’était peut-être pas entièrement sur ton corps mais elle te faisait tout de même du bien. En fait, quand tu y pensais, tu n’avais pas spécialement besoin de nettoyer ton corps en soi, non tu avais surtout besoin de détendre tes vieux os. Car malgré le fait que tu aies seize ans, tu avais l’impression – en ce moment du moins – d’en avoir dix de plus. Comme si ton corps te réclamait une pause, comme si il avait absolument besoin que tu fermes les yeux. Mais non, tu ne devais pas fermer les yeux. Tu ne devais pas dormir, ni même te coucher. Tu voulais simplement être tranquille, pouvoir profiter de ta bienséance tranquillement.
Mais quelque chose te dérangea soudain : tes naseaux se pincèrent de désagrément. Et ouais, la jeune jument isabelle n’avait pas fait attention que le vent était contre elle et enverrait son odeur jusqu’à toi. Alors tu cessas rapidement ton bain et tournas la tête vers la femelle. Là, tes oreilles se plaquèrent immédiatement dans ta crinière. Tu sortis de l’eau, t’ébrouas et posas ton unique œil sur elle, le trou de servant de deuxième planqué sous ton toupet.
« C’est pas bien d’observer en cachette ma petite. » dis-tu tout simplement.
C’est l’hôpital qui se fout de la charité, là, sérieusement. Mais bon, un chasseur n’aime pas vraiment être chassé comme on dit.

FT. HOYKA

C’était une gamine, ça se voyait à son comportement mais aussi à son physique. Elle avait encore le regard de la pouliche, mêlé à celui de la jeune jument tout juste sortie d’adolescence. Mais, tu remarquas quelque chose : son corps comportait aussi les traces d’une gestation récente. Tu pouvais remarquer sur elle son ventre tombant légèrement, ainsi que la queue remontant sur le côté. La mise bas avait du avoir lieu plusieurs mois, jours, auparavant mais elle demeurait mère. Alors, quand elle s’approcha de toi, tu eus un sourire taquin. Tu adorais les mères, elles étaient faciles à manipuler.
« Très bonne » dis-tu tout en te rapprochant d’elle. «  Mais pas assez pour se baigner, malheureusement. » Tu sortis de l’eau.
Elle était jolie comme jeune jument, mais pas du tout à ton goût. Elle semblait à double facette et tu détestait cela, réellement. De une, car tu ne savais absolument pas comment jouer avec ce genre de jument, de deux car il y avait toujours des conséquences. Finalement, tu t’ébrouas un instant pour faire partir le peu de gouttes présentes sur toi, et ensuite tu tournas autour d’elle en l’observant tranquillement. Isabelle, c’était une robe assez rare ici. Mais ça faisait plaisir un peu d’originalité. Tu en avais marre des pies ou alezans.

FT. HOYKA

Elle était vraiment jeune, cela se voyait à son comportement autant que son physique. Elle n’avait ni peur, ni de méfiance, seulement de la curiosité et tu appréciais réellement cela. N’est-ce pas comme cela que tu avais réussi à avoir Naëlle dans sa poche ? N’est-ce pas ainsi que tu as réussi à rallier la pouliche à sa cause ? C’était évident. Alors, tu la laissas délicatement s’échapper de ton cercle. Tu ne voulais pas l’emprisonner, ni qu’elle se sente mal. Finalement à sa question, tu hochas la tête. Elle avait besoin d’un nom, elle l’aurait.
« Collapsing, gamine. Et toi ? » demandas-tu en la fixant.
Finalement, tu retournas dans l’eau, tes vieux tendons te faisant souffrir. C’est marrant mais normalement à cet âge-là tu ne devrais pas avoir de mal à marcher. Tu ne devrais pas être aussi abimé, c’était logique. En même temps, tu as trop cherché la bagarre, tu as trop provoqué les autres pour rester indemne à cette vie.

FT. HOYKA

«  Le vieux ? Qui te dis que je suis si vieux que tu le dis, minette ? » dis-tu en arquant le sourcil que tu n’avais pas.
Mais comment pouvait-elle croire que tu sois si vieux ? Comment pouvait-elle imaginer que tu sois si fatigué par la vie ? Bon d’accord, ton corps portait les traces de la vie : comme ton chanfrein déformé par les singes, comme le trou dans ta cuisse à cause de ta chute dans le bateau avec Pearlqueen, comme cette balafre sur son chanfrein à cause de Fifa, comme cette morsure sur ton épaule à cause d’Ace. Ouais, en fait, effectivement tu faisais peur à voir. Mais tu avais tout de même changé, tu avais fait en sorte de faire une pause pour pouvoir te reposer. Finalement, tu restas couché, tranquille. C’était bien la première fois que tu te laissais aller ainsi, que tu t’allongeais devant quelqu’un. Mais les jeunes juments ne te tueraient jamais, si ?
«  Enchanté Hoykä ou la peste. » dis-tu pour finalement avoir un petit rire. «  On me surnomme le Fou, personnellement. »

FT. HOYKA

« Très bonne déduction. T’es plutôt intelligente pour une gamine dis donc gamine. » dis-tu avec un petit sourire, malicieux. «  Mais sache que parfois les amis peuvent aussi te faire du mal. Ils sont d’ailleurs les plus vicieux, selon moi. »
C’est d’ailleurs pour cette raison que tu ne t’attachais pas si facilement aux autres. Tu te méfiais continuellement des autres, surtout ceux qui veulent entrer dans ton coeur. Harmonie en était la preuve vivante. Bien entendu, vous n’étiez pas amis, bien entendu vous étiez pas proches, mais tu l’avais tout de même laissé entrer dans ton coeur. Et regarde ce qu’elle t’a fait : elle t’a rejeté, elle t’a fait du mal gratuitement. Finalement, tu regardas la petite. Elle venait doucement prendre une pomme et se coucher près de toi, elle n’avait pas peur. Tant mieux, tu pourrais plus facilement la manipuler. Une question sortit de sa bouche et tu eus un petit rire.
« A cause de mes actes sans doute. » Puis tu posas un œil sur elle. «  Et toi, quelles sont les raisons de ton surnom ? »
Là, brutalement, sans que tu ne saches ni où ni comment, une pomme roula vers tes antérieurs. Un regard sur l’arbre et tu comprit : un oiseau venait de s’envoler et en faisant bouger la branche, la pomme avait chuté. Alors sans hésiter une seule seconde, tu pris la pomme dans ta bouche et tu la mâchas. Mon dieu ce que tu aimais ce goût. Sucré, délicat, frais. Tout comme les juments.

FT. HOYKA

Elle était curieuse, cette petite réellement. Mais elle semblait aussi très intelligente, très curieuse mais surtout futée. A une époque, une pouliche ou une jeune jument telle que celle-ci t’aurait sans doute gonflée, mais aujourd’hui c’était différent. Aujourd’hui, tu voulais prendre sur toi, tu voulais créer une certaine proximité avec les autres, mais surtout tu voulais tenter de connaître les autres. Bon bien évidemment, tu restais tout de même quelqu’un d’impulsif, d’impatient et surtout de mauvais. Alors si elle te cherchait trop, elle te trouverait très facilement. Un petit rire sortit de tes lèvres.
« Tu es trop curieuse, gamine. » dis-tu entre deux sourires. « Mais soit, je vais te raconter quelques moments de ma vie, si tu le souhaites. »
En réalité, ça te faisait presque plaisir de raconter ta vie à quelqu’un. Ca te permettrait enfin de raconter, de faire en sorte qu’on te comprenne un petit peu … Enfin, tu étais certain qu’elle ne comprendrait pas. Personne ne peut comprendre. Une oreille vers la jument et tu hochas la tête.
« On est faits pour s’entendre dans ce cas, j’ai l’impression. » dis-tu en souriant, malicieusement.
Finalement, tu prit une grande inspiration, tel un conteur grec et mangea une dernière pomme. Tu fermas les yeux. Et tu acceptas enfin sa requête. Racontant ton plus bel exploit : Fuego.
« Il se prénommait Fuego, c’était mon frère cadet. Il pensait pouvoir gouverner, pensait pouvoir être aimé de tous. Mais ce qu’il ne savait pas c’est que j’étais derrière, j’avais déjà pour projet de gouverner. Personne ne doit être dans mes pattes. Mais un meurtre est plus fascinant quand on le fait passer pour un accident, non ? » demandas-tu avec un grand sourire. « Alors … Je te laisse imaginer : une falaise, un pied qui glisse, un coup de naseau bref et furtif puis … Oups. Tombé. » Un rire. Tu étais fier.

FT. HOYKA

C’est vrai ça. Elle a raison la petite. Tu es quoi maintenant ? Un repentit ? Un mercenaire ? Un ermite ? Un fou qui ne sait pas ce qu’il veut ? Un amoureux transi en quête d’avoir sa princesse ? Un haineux sans but véritable ? Le savais-tu toi-même sincèrement ? J’ai un gros doute. Mais bon, c’est pour ça qu’on t’aime, non ? Tu posas un regard terne, sans véritable lueur sur la jument.
« Aucune. Tant que je n’aurais pas mon royaume, je continuerai. » dis-tu pour ensuite plonger réellement ton regard dans le sien. « Je ne suis qu’un roi attendant son trône, petite. »
Et le pire c’est que tu y croyais encore une fois. N’as-tu réellement aucune limite dans ton mensonge ? Aucune limite dans ton ambition ? N’as-tu pas peur qu’elle te bouffe ? Quoique c’est déjà le cas, me semble-t-il. Je me demande d’ailleurs si ta folie ne vient-elle pas de là au départ. Oh bien sûr, Harmonie l’a beaucoup aidé, mais j’ai un doute qu’elle en soit le déclencheur. Tu l’étais déjà à ta naissance, je pense. J’en suis même sûre.
« Malheureusement non. Ma foutue grand-mère m’a chassé avant cela. M’accusant de meurtrier. » Un sourire vicieux aux lèvres. « Je ne comprends pas pourquoi d’ailleurs. Ce n’était qu’un accident, non ? »
Tu la regardas se lever et la laissas pénétrer ton regard. Elle voulait te sonder ? Qu’elle essaie, elle risquait de ne pas être déçue du voyage. Bon nombre de juments avaient essayé, aucunes n’en étaient sorties indemnes. Elle avait l’air forte, mais sans doute pas assez pour tenir la main de la Mort qui était en toi.

FT. HOYKA

« Je n’ai pas besoin que tu me crois ou non. » dis-tu, en sifflant. « Je m’en moque complètement. Tu n’es qu’un grain de sable sur ma route, gamine. »
Pour quoi se prenait-elle ? Pour qui se prenait-elle pour pouvoir te juger à un tel point ? Te juger sans aucune émotion ? La haine naissait petit à petit dans ton esprit tandis que ton œil unique s’assombrissait au fur et à mesure. Voilà pourquoi tu détestais les juments, ou même les jeunes juments : elles jouaient les allumeuses, les curieuses pour finalement vous planter un couteau dans le dos. Des mots, des paroles et ta haine grandit brutalement. Alors sans hésiter une seule seconde, tu te relevas rapidement, en plaquant tes oreilles dans ta crinière.
« Tu te prends pour qui sale garce ? Tu viens, tu me poses des questions pour ensuite me juger et me traiter de sous merde ? Tu crois que je vais rester là sans rien dire ou faire ? » demandas-tu tout en avançant, avec menace vers l’isabelle, les oreilles en arrière, les naseaux pincés et les dents crispées.
« Le viol n’est pas une option chez moi. » dis-tu tout simplement. Soudain, sans prévenir tu vins mordre son garrot, pour ensuite t’éloigner, un grand sourire aux lèvres. « Par contre, le meurtre. » Puis tu baissas le regard sur ses mamelles, encore pleine de liquide nourricier. « Surtout des morveux. »