Trouble in paradise

Le Golfe est un bon souvenir dans l’esprit d’Ace. Calme et assez reposant, relativement agréable à l’oeil malgré les quelques falaises qui l’entourent. C’est là qu’Ezaël s’est souvenu de lui, et cet endroit a donc une place particulière dans son coeur. Il l’aime bien, raison pour laquelle il revient le voir, seul cette fois. Ce ne sont pas les terres auxquelles il appartient, il le sait, mais rien que pour la façon dont il s’est moqué de lui lors de son humiliation aux pluies, Cyrius lui en doit une. Il n’a pas intérêt à lui dire quoi que ce soit.

L’humeur du paint est bonne malgré le temps peu ensoleillé, jusqu’à ce qu’il pose le premier sabot sur la plage de cailloux. Elle n’est plus vide et paisible; on dirait qu’une tornade y est passée, et il se demande à quel point le naufrage a été violent. Les planches et plaques de métal jonchent le sol là où un bateau s’est clairement échoué avec une violence inouïe. Ace marche doucement, enjambant des objets qui n’ont décidément rien à faire ici; est-ce que ce bateau transportait des chevaux? Si oui, où sont-ils? Et plus important encore, où sont les humains qui devraient sans aucun doute avoir conduit le navire?

Il obtient sa réponse en très peu de temps, lorsque son regard croise celui, vide, d’un corps de bipède. Il a le crâne rasé et les yeux vitreux, des blessures assez sérieuses qui lui descendent sur le torse, et il est franchement peu agréable à l’oeil. Plus important encore, il est mort. Ace le pousse un peu du sabot, vérifiant rapidement que la bestiole est bien un macchabée.

L’enjambant lui aussi, il continue sa route au travers du bordel sans nom qu’est maintenant cet endroit, avant d’apercevoir un peu plus loin une silhouette, bien vivante et chevaline. Plus il s’approche et plus il peut l’observer; c’est une jument, frêle et probablement bien jeune, qui regarde avec des yeux terrifiés un nouveau corps sans vie d’humain.

Habitué à la mort d’êtres vivans, Ace n’a absolument aucune empathie à lui offrir, mais il apprend à faire mieux. Tranquillement, faisant en sorte qu’elle l’entende histoire de ne pas la surprendre, il marche jusqu’à se retrouver à ses côtés, et tente d’attirer son attention.

- Ok princesse, il est temps de regarder autre chose que ce jeune homme. Permettez-moi de suggérer ma personne, qui est encore bien vivante.

Il jette un oeil au tableau qu’elle a en face d’elle. Yup. Bien mort comme il faut.

L’air devrait être moins salé qu’il ne l’est, et Ace se demande pendant un instant si Cyrius est au courant de ce qu’il s’est passé sur ses terres. Et si oui, comment il compte y remédier. En tout cas, il ne pourra pas compter sur lui pour aider à débarrasser la plage des innombrables planches et plaques de métal, et sûrement pas pour cacher les corps. Le Golfe autrefois si beau va devenir aussi dévasté que la plage des Secrètes, avec tout ça.

Ses réflexions s’interrompent seulement parce que sa cicatrice pas encore bien formée le démange et qu’il a une jeune demoiselle à sauver du choc.

La petite jument finit tant bien que mal par l’écouter et arracher son regard du corps sans vie à ses pieds. Elle prend un certain temps à s’en remettre et il attend patiemment qu’elle le regarde lui, prenant son obéissance comme une petite victoire. Reste à la distraire du désastre qui s’étale tout autour d’eux, et il n’a aucune idée de comment faire ça. Il est lui-même distrait par le regard qu’elle lui lance, puisqu’elle semble le reconnaître et voir quelque chose en lui. Il apprend bien assez vite qu’elle l’a vu au rassemblement du troupeau (alors que lui, il doit l’avouer, n’a pas fait bien attention à qui que ce soit à part les deux individus qu’il connaissait). Sa principale question l’interpelle, cependant.

Pourquoi Fifa lui aurait-il parlé de cette inconnue qu’il n’a jamais vu de sa vie? Si elle avait une place importante dans la vie de la dominante, elle l’aurait au moins mentionnée. Du moins, il pense. Est-ce que Fifa cache quelque chose? Pas que ce soit ses affaires, dans la vie de tous les jours (tout le monde a des secrets), mais il est sur le point de briser le coeur d’une pouliche avec des yeux pleins d’espoir, alors il se demande s’il n’aura pas deux mots à lui dire à ce propos. Le voilà qui doit trouver des formulations pouvant les sauver tous les deux.

- J’y étais… Fifa ne m’a pas parlé bien longtemps, cependant.

Un peu vexé de ne pas savoir quoi faire de la situation, le paint creuse son cerveau pour trouver la raison pour laquelle il aurait pu entendre parler de son interlocutrice. Elle est trop jeune et n’a pas le profil pour avoir un intérêt quelconque en terme de pouvoir et il doute qu’elle ait quelque chose de plus que sa propre personne. Elle n’a pas de vraie ressemblance physique avec Fifa, de près ou de loin, mais… Une partie éloignée de la famille, peut-être… Ca vaut le coup de tenter.

- Vous êtes de sa famille?

C’est tout ou rien.

La jument en face de lui a l’air passablement vexée par sa réponse, qui n’était apparemment pas celle qu’elle attendait. Ace se doutait au final qu’elle aurait aimé l’entendre dire oui, mais il ne comptait et ne compte toujours pas mentir pour faire plaisir, surtout à une personne comme elle. Pas qu’elle ait l’air fragile, mais… Il préfère ne pas juger. Elle lui répond à son tour, pas aussi sèche qu’il le pensait, et il apprend que les deux sont effectivement de la même famille. Pas forcément en bons termes, du coup.

- Oh. J’imagine que votre relation n’est pas des plus amicales.

Il fronce des sourcils toujours aussi imaginaires alors que la conscience fait son entrée en croisant les bras. Les affaires de famille, c’est toujours compliqué, et il s’en passe très bien. La perspective de Fifa ignorant sa… grande-nièce? petite-nièce? nièce? comment est-ce qu’on appelle ça? lui paraît cependant assez différent de l’image qu’il s’est faite de sa dominante et amie. Encore une fois, tout le monde cache quelque chose, mais leur probable relation en mauvais termes ternit sans doute possible la réputation de Fifa.

Son interlocutrice change de sujet, le tirant de ses pensées, et s’introduit d’elle-même dans un ton qui manque de certitude et de sérieux. Mais soit. Elle a elle aussi un prénom à rallonge, et il tente de ne pas se demander à quoi ressemblait le processus de réflexion quand ses parents lui ont donné ce nom. Il n’en comprend pas tout à fait le sens, mais elle a l’air de ne pas le détester, alors il hoche la tête et lui retourne la faveur.

- Rose Madder? Joli mais un peu long. Je vais me contenter de Princesse, si ça vous va, dit-il calmement. Je suis Ace of Hearts, mais Ace suffit.

Les présentations sont faites et ils en reviennent tous les deux à un certain silence, autant qu’on peut en avoir là où il y a la mer et des restes de naufrage. Des planches et morceaux de bateau sont encore à la dérive, flottant sur l’eau, cognant les cailloux qui ne parviennent pas à les faire tenir. L’horizon n’est pas des plus propres, imitant encore le bordel qui jonche la plage. Rose change d’intérêt et se dirige vers un reste de coque, d’où il aperçoit effectivement ce qui ressemble à de la nourriture. Est-elle encore bonne? Sèche? Deux questions que la jument ne semble pas se poser.

Son chemin est interrompu par le cadavre qu’il a auparavant enjambé pour arriver jusqu’à elle, et elle lâche un bruit dégoûté avant de se détourner. Ace n’arrive pas à retenir le petit rire qui lui échappe. Lui-même est presque immunisé contre cette vision, mais il doit avouer qu’il est drôle de voir sa réaction.

- Oui, les cadavres ont tendance à donner cette impression, sort-il, amusé. C’est dur de s’y faire.

Jetant un nouveau regard à celui qui se trouve à côté de lui, il fait une grimace et le pousse du sabot pour le mettre sur le ventre. Les yeux vides des morts n’ont jamais été une vision qu’il apprécie particulièrement.

Cette journée était un pure chaos.
Elle avait déjà bien mal démarrée, à cause d'une tempête épouvantable qui avait soufflée toute la nuit. Cyrius avait passé la nuit en haut des falaises dans son abris personnel, mais même les parois solides de sa caverne secrète n'avait pas pu l'isoler complètement de l'ouragan. Il s'était donc réveillé de mauvaise humeur - à cause du manque de sommeil - mais il ne compris qu'en mettant le nez dehors que la journée s'annonçait difficile. 
Déjà, il pleuvait, et le Golfe d'ordinaire si joyeux perdait tout son attrait par temps de pluie. Mais le pire était certainement les conséquences désastreuses qu'avait eu la tempête sur son Golfe ! Des branches d'arbres arrachées jonchaient le sol, tout avait été retourné par le vent, et la plage... mon dieu la plage... un vrai bordel. Dévastée, comme celle des secrètes.


L'alezan avait commencé par essayer de mettre un peu d'ordre sur les hauteurs, il était allé en priorité contrôler l'état de son verger. Le garde-manger avait souffert, et son légumiste n'était pas dans le coin pour réparer les dégâts... Après s'être assuré que les arbres à thé survivraient, Cyrius décida d'aller jeter un coup d'oeil à la plage de plus près.


Lorsqu'il arriva, il ne comprit d'abord pas comment une simple tempête avait pu amener autant de déchets sur sa plage. Plus il avançait, plus ce qu'il voyait ressemblait aux débris d'un navire humain... Voila maintenant que la plage était totalement polluée, il mettrai des jours à débarrasser tous ce bois et toutes ces ordures. Il allait avoir besoin de Nazz', d'Hoyka et de tout les autres...


Mais tandis qu'il avançait d'un pas vif tout en programmant son plan d'action, il aperçu plus loin deux chevaux et s'arrêta net. Des intrus, Orphelins tout les deux, si son odorat ne le trompait pas. Cyrius reconnu Ace of Heart - qui visiblement avait du noyer Zefyr pour sortir de la boue - et une inconnue dont il se moquait de l'identité. Il les observa quelques instants, les deux avaient l'air absorbés par une masse posée sur le sable.


Cyrius leva les yeux au ciel, il n'avait pas besoin d'intrus, il avait besoin d'une femme de ménage ! Il repris sa marche d'un pas pressé vers les deux touristes.


- Hey !!! Les interpella t-il de loin Qu'est-ce que vous foutez là tous les deux ?? Si vous voulez voir une plage dégueulasse barrez vous vers les Terres Secrètes vous serez serv...


Mais lorsqu'il fut assez proche pour leur montrer la sortie à coup de pied au cul, son regard tomba sur le cadavre humain et il se stoppa net avec un air profondément dégouté, peut être un peu intrigué aussi.


- Oh...

Les affaires de famille, c’est compliqué, lui répète maintes et maintes fois la conscience en faisant la tronche, et il lui ordonne de la fermer parce qu’effectivement. Il ne voudrait déjà pas être mêlé à des problèmes dans sa propre famille, alors ne parlons même pas de la famille à rallonge qui lie Fifa et Rose. Il a déjà commencé à briser le coeur de la plus jeune, se pose des questions sur la plus âgée, et va probablement finir par enfoncer le couteau dans la plaie avec sa réponse à la question. Il s’est promis de dire la vérité aujourd’hui, après tout.

Il fronce des sourcils qui n’existeront décidément jamais, et détourne la tête.

- ...C’est ma meilleure amie.

Ace la regarde de nouveau lorsqu’elle pousse un cri, encore assaillie par la vision d’un énième cadavre (et diable, combien étaient-ils sur ce bateau?). S’il pensait pouvoir avoir une quelconque influence sur ses actions, il la ferait partir d’ici. Elle n’a rien à y faire et est clairement inconfortable dans cet environnement que lui-même préférerait quitter au plus tôt.

Hélas, elle a beau trouver tout cela répugnant, elle est assez jeune pour laisser la curiosité prendre le dessus. Pour être tout à fait honnête, il la comprend. Il est également passé par là, après tout, même si son expérience était allée un peu vite et plutôt solitaire. Personne pour lui expliquer les choses ou le rassurer, quoi que cela veuille dire. Elle se demande si celui qu’elle regarde est vraiment mort, probablement un peu dans le déni, et il fait quelques pas pour l’observer avec elle.

- Oh, définitivement. Ne vous fiez pas qu’à la respiration, Princesse, tout est dans les yeux.

L’aidant à faire ce qu’elle n’était pas parvenue à réaliser toute seule, il pousse celui-là du sabot aussi, retournant l’objet de leur malheur sur le ventre. S’il faut faire ça pour tous les cadavres du coin, il le fera aussi, notez ces mots.

Il s’apprête à lui demander si elle ne veut pas quitter cet endroit au lieu de se faire du mal (elle n’a pas vraiment besoin de rester ici, après tout), quand un cri qui ressemble à s’y méprendre à celui d’une dinde enragée atteint son oreille encore fragile. Ace se tourne vers la personne d’où provient ce bruit, et voilà que devant ses yeux se dessine la figure du dominant des Trompeuses en personne. Cyrius a l’air d’une humeur exécrable, leur ordonnant d’aller voir ailleurs si sa croupe alezane y est.

Mieux encore, il leur conseille la plage des Secrètes. Du moins il tente, avant de stopper net devant la vision qu’eux deux étaient en train d’analyser. Devant le manque de formalité qui devrait qualifier l’introduction à un dominant, Ace opte pour la voie du sarcasme.

- Hey Cyrius, ça va très bien et toi? Quel plaisir de se revoir, n’est-ce pas.

C’est qu’il n’a même pas dit bonjour comme il le fallait, ou respecté la présence de deux individus bien en chair qui ont des sentiments et un savoir-vivre qui semble manquer à l’arabe. A en croire la façon dont il s’est moqué de lui ce maudit jour dans les pluies, on pourrait croire qu’il ferait un effort.

- Je comprends le besoin de nous faire partir de chez toi, mais un peu de politesse ne serait pas de refus, surtout vu la façon dont tu m’as traité la dernière fois qu’on s’est vus. J’pensais qu’on avait un lien, depuis les enfers.

Le dominant a l’air plutôt horrifié devant la vision qui se présente à ses yeux. Bien fait. Bonne chance pour nettoyer.

Relevant les yeux du cadavre (qui d'ailleurs n'était pas le seul sur cette plage), le dominant calma un peu son jeu tandis que Ace l'accueillait avec une politesse bienvenue. C'était un peu le monde à l'envers, mais de toute façon tout allait de travers en cette journée merdique. Après un coup d'oeil à la jument inconnu, Cyrius répondit à Ace qu'il considéra avec une certaine exaspération...


- Bonjour, Ace. Le plaisir est tout à fait partagé, comme toujours... mais comme tu le vois, j'ai quelques problèmes en cours de décomposition et je n'ai pas vraiment le temps de passer de la pommade sur ton égo d'étalon gay véxé.


Il tourna un oeil vers la petite jument avant de se ré-adresser à l'étalon pie.


- ...Oh mais tu t'es trouvé une copine, quelle bonne nouvelle.


Tant qu'à faire, et avant de perdre le peu de patience qui lui restait, Cyrius accorda encore quelques instant à ces intrus mal venus pour connaitre l'identité de l'inconnue.


Il n'eut pas le temps de la saluer que cette dernière annonça de but en blanc qu'elle connaissait Hallelujah. Connaissant sa fille, Cyrius ne préféré même pas imaginer comment avait tourné la rencontre et l'opinion qu'elle avait de sa famille...


- Humm... Oui, Hallelujah est très... enfin bref, enchanté Rosie Madder. Disons que vous avez vraiment mal choisi votre jour pour venir vous incruster ici, d'habitude c'est bien plus charmant mais malheureusement vous n'aurez pas l'occasion de revenir. 


Il lui adressa un sourire faussement poli, l'intuition lui disait qu'il allait avoir du mal à se débarrasser de ses deux là.


- Si vous avez une passion commune pour les corps humains, je vous autorise dans ma grande bonté à emporter ceux-ci avec vous pour les étudier...


Qui ne tente rien n'a rien...

Si Ace pouvait se sentir offensé, il le serait probablement maintenant. Il fait l’effort de lui parler calmement et proprement, et que lui rend Cyrius? Un regard exaspéré, et pas à cause de la fatigue. Il est également dans le sarcasme, ce qui n’est pas une surprise, mais sa réponse a tout de même quelque chose d’étrange. Son égo d’étalon vexé, certes (même si c’est faux), mais pourquoi le dominant a-t-il ressenti le besoin de mettre sa sexualité dans ce bain? Quel intérêt? Sans compter qu’il n’y connaît rien. Il aurait mieux fait de se taire.

- Mon égo va très bien. En revanche je ne suis pas gay, je suis bisexuel. Il faudrait vérifier tes sources.

Ace se retient de lui sortir une phrase toute faite du genre that’s biphobia, à la fois puisqu’il n’est plus sûr d’avoir une seule fois mentionné ce fait à quelqu’un d’autre qu’à Fifa, mais aussi parce qu’elle n’a rien à faire dans cette conversation. Il l’a corrigé une fois, ça suffit, en attendant l’arabe est en train de leur demander sans ménagement de déguerpir. Visiblement, il est de trop mauvaise humeur pour leur dire purement et simplement “il vous faut partir”, mais le paint ne connaît rien à la place de dominant ou même aux Trompeuses. Peut-être que c’est courant.

Quoi qu’il en soit, il ne compte pas s’attarder, ni continuer de donner sa politesse que Cyrius n’a au final pas méritée.

- Bonne chance pour nettoyer ta plage, l’alezan.

Se tournant calmement vers Rose, il la salue d’un hochement de tête. La pouliche devrait faire de même et s’en aller, elle n’avait de toute façon rien à faire ici et le dominant venant les chasser ne fait qu’amplifier cette affirmation. Il regrette sincèrement que leur rencontre se soit écourtée aussi vite, même si la conversation à propos de Fifa et de famille est bien meilleure en tant que mémoire fantôme dans son esprit. Il en reparlera peut-être avec la principale intéressée, mais en attendant, il a d’autres chats à fouetter et d’autres noix de coco à faire tomber.

Il ne sont pas les bienvenus de toute façon.

- C’était un plaisir, Princesse, si nous nous revoyons j’ose espérer que ce sera dans de meilleures conditions. Passez une bonne journée.

Il lui sourit avant de partir au galop sans élan, sautant au dessus de quelques cadavres pour sortir de cet endroit pour de bon. Le Golfe n’a plus rien de ce qu’il avait vu à l’époque de sa deuxième rencontre avec Ezaël, et il n’a pas particulièrement envie d’y remettre les pieds.

(out)

Les deux visiteurs ne firent pas long feu, au grand bonheur de Cyrius. Ace n'avait pas apprécié l'accueil, et l'alezan concevait que dans d'autres circonstances, il aurait probablement été un peu moins abrupt. Cependant, cette journée ne lui donnait pas l'occasion de faire le moindre effort. 

 
- Je t'en foutrais du bisexuel... maugréa t-il en les regardant partir

 
Sans rien ajouter, Cyrius marqua un temps d'arrêt avant de se remettre au travail. Il aurait bien fait plus ample connaissance avec la petite jument, mais étant donné son humeur, et le fait qu'elle avait précédemment rencontré Hallelujah, il vallait mieux remettre ça à un autre jour...

 
Sans plus attendre Cyrius lança un appel à la cantonade, un long hennissement, au premier Trompeur dévoué qui voudrait bien passer par là. Sinistros peut être ? Afin de l'aider a rendre cette plage plus acceuillante, et à trouver une réponse à la question du jour : que faire lorsque des cadavres humains jonchent votre plage ?

HORS RP :
Si un Trompeur veut venir continuer le rp :)

A peine avait-il lancé son appel que Sinistros, cet espèce de chamane surnaturel, s'était matérialisé à quelques pas derrière lui. Ce fut d'ailleurs sa voix qui interpella le dominant, et Cyrius se retourna pour le saluer.


- Sinistros, quel plaisir de te voir ici ! Il l'accueillit avec un sourire qui disparu assez rapidement lorsque son regard balaya à nouveau la plage.


Le bai brun avait l'air enjoué, comme à son habitude, et commenta la décoration d'Halloween qui manquait certainement de conservateurs... Cyrius ne put s'empêcher de rire à la remarque loufoque du bai brun. Remarque qui était également pleine de bon sens étant donné le peu de temps qu'il avait pour faire le ménage avait que sa plage ne sente définitivement la chaire en décomposition.


- Tu as tout à fait raison, très cher, malheureusement ces cadavres m'ont été livrés sans momification préalable et nous devons les renvoyer à l'expéditeur au plus vite.


Cyrius sonda le regard de Sinistros, il ne connaissait pas vraiment ses capacités à comprendre les métaphores, il n'avait aucun doute sur ses capacités intellectuelles mais il savait que Sinistros évoluait parfois dans une réalité parallèle.


Il devait trouver le meilleur moyen de se débarrasser de cette douzaine de cadavres, il mis Sinistros à contribution car il était généralement de bon conseil lorsque l'on savait l'écouter.


- Nous avons le choix entre les enterrer dans le sable ou les remettre à la mer. Tu as un avis sur la question ?


Cyrius ne voyait pas d'autres Trompeurs arriver, apparemment ils allait devoir oeuvrer en duo.

Cyrius observa Sinistros qui semblait faire un blocage sur une étoile de mer ventousée à un visage humain. Décidement ce cheval vouait une vraie passion à ces mollusques que Cyrius, lui, trouvaient répugnant. Fort heureusement, le bai renonça à arracher l'étoile de mer, au grand soulagement de Cyrius qui esquissa un sourire à son commentaire sur les chinois. Il n'était pas certains de comprendre ce que l'étalon voulait dire, mais l'important était qu'il avait réussit à faire passer sa mauvaise humeur. Pour l'instant du moins.


Le dominant s'approcha de Sinistros et du cadavre à l'étoile de mer, découragé d'avance de la tâche qu'ils avaient accomplir... Le bai brun s'inquiéta du traumatisme que pourrait éventuellement subir Hallelujah si jamais elle voyait tous ces morts à moitié à poil dans son royaume, ou si elle en croisait un vivant. Cyrius écrasa le bras du cadavre à l'étoile de mer juste pour le plaisir avant de répondre à Sinistros avec cynisme.


- à mon avis, ce seront les humains qui seront traumatisés si jamais elle arrive avant qu'on ne les aient tous dégagés... Cyrius se rappela du sort qu'elle avait fait aux macaques lors de leur entrevue au Royaume des singes. Oui... mieux vaut qu'elle n'en croise pas, l'état de ma plage serait encore pire après ça. Nous allons contrôler qu'il sont bien tous mort tu as raison.


Cyrius chopa le bras du cadavre avec ses dents et le traina lentement sur le sable jusqu'à un autre cadavre... Pendant ce temps, Sinistros, en bon conseiller, donnait son avis sur la méthode à adopter. Il évoqua une idée intéressante qui fit lâcher son macabé à Cyrius.


- Sinistros tu es un vrai génie, un bon gros feu de joie, c'est ça qu'il nous faut ! Cyrius se demandait si Zeus accepterait de les aider, mais imagina que oui. Il repris un peu d'entrain et s'adressa à l'étalon bai brun :


- Aide moi, on va rassembler tous les humains à côté de ceux là, et une fois qu'on aura un bon gros tas de cadavre je ferai appel à Zeus.


Sans attendre, Cyrius se mit au boulot et commença à charrier les cadavres.

Charmante fillette. Voila bien deux mots qui ne pouvaient pas qualifier sa fille. Sinistros ne l’avait pas vu de très près, d’où cette petite erreur dans la description du produit. D’ailleurs, Cyrius préféra ne pas répondre, il était déjà fort occupé à trainer un cadavre qui, visiblement, n’avait pas du manqué de nourriture durant sa vie. Avec un effort qui lui laissa apparaitre des traces de sueur sur le poitrail, Cyrius parvint à mettre son cadavre avec les autres. Essoufflé, il s’accorda une petite pause de quelques secondes tandis que Sinistros lui annonçait une fâcheuse nouvelle concernant ses précieux arbres à thé.
 

- Des pucerons ? Quelle plaie ! Presque tous mes arbres à thé se trouvent à l’ouest de Golfe, comment va-t-on fait pour se débarrasser de ces bestioles ??
       

Et par “On”, Cyrius voulais dire “tu” car lui n’avait pas la moindre idée de ce qu’il fallait faire pour sauver ses précieuses feuilles. Allait-il devoir se rationner dans les prochaines semaine en ne devant plus consommer que les feuilles du peu d’arbre de la partie Est ? Cette pensée effroyable lui flaqua le moral à zéro, mais il tâcha de se remettre au travail pour se changer les idée. Il alla chercher un autre cadavre (celui dont Sinistros n’avait emporté qu’un bra…) tandis que le bai brun orienta la conversation vers des horizons plus réjouissant. Il semblait que le légumiste prenait son rôle très au sérieux ce qui ravissait littéralement Cyrius.
  

Ramenant le cadavre amputé d’un bras, Cyrius repris à nouveau son souffle avant de répondre.
  

- J’ai vu le potager Sinistros et il est magnifique, tu as vraiment un don pour la botanique c’est indéniable.  D’ailleurs je me suis régalé dernièrement d’une laitue absolument délicieuse,  une vraie réussite. Quant aux citrouilles c’est une idée ambitieuse, as-tu essayé la cendre de bois brulé contre les limace ? Il parait que ça fonctionne bien.
  

   
Cyrius balaya la plage du regard, ils avaient bien travaillé, il restait encore deux cadavres et ce serait terminé pour cette première étape… Le dominant fit signe à Sinistros de se charger de celui qui était le plus près, tandis que lui allait chercher l’ultime corps…

Le travail s'achevait enfin. Et même si il restait encore quelques morceaux disgracieux ici et là sur le sable, Cyrius devait s'avouer assez satisfait. Il contempla le tas de cadavres qui, finalement, était assez volumineux mais toujours aussi disgracieux, et dont il se dégageait à présent une odeur assez détestable.
Le dominant se tourna vers Sinistros qui avait l'air un peu fatigué par ce travail forcé. L'alezan s'écarta des morts et alla se placer en retrait, à côté de son loyal Sinistros qu'il ne manquerait pas de récompenser.


- Merci Sinistros, sans toi j'aurai mis des heures à tout nettoyer. Pour te remercier, nous irons ensemble tout à l'heure du côté du potager, j'ai un cadeau pour toi.


N'en dévoilant pas plus sur le présent qu'il comptait lui offrir, Cyrius reporta son attention sur le tas de cadavres et envisagea maintenant de s'attaquer à la deuxième partie du plan...


- Maintenant, voyons si Zeus nous aidera à terminer le travail...


L'étalon imaginait déjà la scène si le dieu ne répondait pas favorablement à sa demande, ou s'il ne répondait pas du tout. Ce serait surement une grosse humiliation. Et puis, il se retrouverait avec un tas d'humain pourri qu'il se saurait pas comment éliminer ...
Il s'adressa donc au ciel avec aplomb :


- ZEUS, protecteur des Terres Trompeuses, je demande ton aide pour faire disparaître par la foudre les immondices humaines que la mer à ramené cette nuit...


Cyrius marqua une pause, hésita à ajouter quelque chose, puis finalement se contenta d'avoir un signe, une réponse, une apparition... Priant pour qu'il ai été entendu.

L'humeur de Cyrius se dégrada à une vitesse exponentielle. Les secondes s'étaient transformées en minutes, et Zeus ne se manifesta pas. En voyant ce tas de cadavre qu'ils s'étaient crevés à constituer, le dominant perdit toute motivation devant le peu de considération que Zeus avait pour sa demande. Pas bien compliqué pourtant, et dans le seul intérêt du territoire. Profondément agacé, Cyrius ne réagit pas au commentaire de Sinistros sur la taille du cerveau humain. D'ailleurs, avait-il vraiment écouté ce qu'il avait dit ?


Le dominant se détourna du tas d'ignobles cadavres. Zeus refusait de bouger son cul céleste ? Qu'à cela ne tienne... Cyrius avait bien assez travaillé, et bien assez fait travaillé Sinistros. Il ne fournirait plus d'effort pour cette tâche. La plage deviendrait un endroit nauséabond et traumatisant jusqu'à ce que les mouettes et les puces de sable viennent à bout du tas de viande. Il se contenterait d'éviter la zone, après tout les Trompeuses sont assez vastes pour ne pas rester sans cesse au même endroit.


Voyant Sinistros, dévoué jusqu'au bout dans l'effort, en train de chercher un artifice parmis les cadavres, Cyrius vint l'interrompre en posant son pied sur le cadavre qu'il fouillait.


- Cesse donc de mettre tes naseaux dans la charogne très cher, laissons les tâches ingrates aux mouches et aux cafards...


Inutile de jouer les forçat plus longtemps. Par ailleurs, Cyrius avait une bien meilleure idée en tête. Il se détourna définitivement de la puanteur et invita Sinistros à le suivre en direction des hauteurs.


- Allons plutôt oeuvrer pour l'écologie en débarrassant le potager de quelques fruits mûre, et de quelques feuilles de thé dénuées de pucerons. Mais avant tout, j'espère que tu appreciera le cadeau que je t'ai préparé.


Sans plus attendre, Cyrius pris le galop dans la pente en direction du potager.