you held tightly to all that’s left and tangible stuck between both the dream world and the actual
Rien. Au moins une heure de marche, droit devant lui, et Blind Spot n’a encore pas rencontré d’obstacle quelconque. L’herbe lui monte presque jusqu’aux genoux, il n’a presque pas entendu d’arbre et rien ne s’est mis sur son chemin. Il a tracé sa voie dans le vide. En temps normal, il s’en réjouirait, heureux de pouvoir avancer sans se soucier de rien pour une fois. Aujourd’hui, cependant, il se sent agité, a comme un picotement dans le dos et il a juste… envie… de courir. Il a tout de même été élevé pour ça, pour prendre toutes ses capacités d’animal-proie et utiliser ses muscles relativement bien formés pour galoper avec le vent dans sa crinière; et même si les humains n’ont aucun droit sur ses envies, parfois le futur cheval de course à l’intérieur revient. Il a le sang chaud. Il veut se défouler. Mais il ne peut pas, parce qu’une partie de son cerveau a peur et que foncer dans un obstacle qu’il n’a pas vu venir à une vitesse de course lui serait mortel.
Dantès n’est pas là, aujourd’hui, c’est l’un de ses jours de congés et il ne peut pas courir avec lui. Le dingo n’aurait probablement pas pu le suivre, de toute façon, rapide mais pas au point d’avoir la vitesse d’un pur-sang. Non, il est seul avec ses problèmes et ses étincelles dans le garrot, à piaffer de temps à autres quand marcher n’est vraiment pas assez pour lui. Il peut déjà sentir le vent dans ses oreilles et les crins qui volent avec la vitesse, mais tout cela doit rester un rêve éveillé qui, il l’espère, va finir par passer. Il sait que le danger est partout, et qu’il n’est jamais à l’abri, et il en pleurerait presque.
Il s’arrête net, tentant de se changer les idées en scannant les alentours. Ouïe. Il entend le piaillement des oiseaux, l’herbe qui bouge avec la brise, son propre souffle. Odorat. L’herbe, encore une fois, les fruits d’un arbre proche dont l’odeur lui parvient tout de même, lui-même. Toucher. Les brins d’herbe qui lui chatouillent les membres, le sol meuble quand il le tape du sabot, le vent sur son corps chaud, son toupet sur son chanfrein.
Il n’est pas bien plus calme, mais au moins il a eu quelques secondes de répit. Son trop plein d’énergie est toujours là, et il s’appuie sur ses postérieurs, prêt au départ, pour finalement se calmer de nouveau et fouailler de la queue. Il ronfle, exaspéré. Cette journée est bien partie pour être longue et désagréable. Les oreilles couchées, il arrache une bouchée d’herbe qu’il mâche rapidement pour en reprendre une autre, manger semblant être la seule chose qui ne l’énerve pas encore de trop.
Sujet: Re: Scorching pathos | Rosie Dim 17 Mar 2019 - 0:31
Rosie ferma les yeux et inspira profondément.
La fragrance discrète mais entêtante qui emplissait si souvent ses naseaux vint gonfler son poitrail immaculé tandis qu’elle recueillait le parfum des roses au plus profond de son âme. Elle les portait en elle et lorsqu’elle ouvrit les yeux, les champs de roses s’étendaient à perte de vue. Le vent soulevait les pétales de leur socle épineux et les emportait dans le lointain. A chaque souffle de la brise, Maddie se sentait décoller à son tour et bientôt, elle galopait aux côtés de ses fleurs préférées, déambulait dans un labyrinthe de rouge qui se reflétait sur sa joue et sa gorge, jusque sur son épaule et sa croupe. Là se trouvait la preuve de son lien privilégié avec la fleur qu’elle affectionnait tant.
Elle avait déjà visité la Grande Plaine Illuminée mais la retrouver chaussée de sabots adultes et drapée d’une robe à laquelle elle s’identifiait enfin, Rose Madder ne pouvait résister à l’envie d’esquisser quelques pas de danse. Elle voltigea sur un antérieur, ses postérieurs lui donnèrent l’impulsion qu’il lui manquait pour bondir et caresser les nuages du bout de ses oreilles blanches. Sa crinière courte rebondissait sur sa fine encolure et elle plia les jambes dans un simulacre de révérence pour un public de pétales et d’épines, car il n’y avait personne pour assister à sa représentation et elle était la seule à distinguer les champs de roses dans l’étendue d’herbe.
Soudain, elle aperçut une silhouette familière au loin.
Le brun semblait piétiner sur place et Rosie ne réfléchit pas en le rejoignant de quelques foulées bruyantes pour annoncer son arrivée tandis qu’elle lançait un défi sans même le saluer. Déjà, ses membres s’emballaient sous elle et la jeune jument piquait un sprint tandis que les rosiers s’écartaient pour la laisser passer. Le vent sifflait parmi les roses, s’infiltrait entre ses crins et soulevait sa crinière en emportant l’écho de ses rires enjoués. Plus que gagner, Rose Madder souhaitait s’amuser aussi veillait-elle à rester proche de Blind Spot malgré la course dans laquelle elle venait de l’entraîner sans lui demander son avis.
“ Le dernier arrivé est une poule mouillée ! Je suis sûre que tu ne pourras pas me dépasser, nah ! ”
Sujet: Re: Scorching pathos | Rosie Jeu 21 Mar 2019 - 1:29
Blind Spot a les yeux couverts dans ses rêves éveillés déjà complètement noirs, est empli d’une solitude à toute épreuve et d’un sentiment constant qu’il est un fardeau; il a souvent une humeur dépressive qui nécessiterait un peu de thérapie, et honnêtement, il se serait bien passé en plus d’un problème comme celui-là. Il est assez occupé par tout le reste, il n’a pas besoin de galoper s’il peut l’éviter, et il doit l’éviter. Si on pouvait le laisser tranquille avec tout ça, il en serait reconnaissant. Il est presque en train de bouder et le ridicule de sa situation ne fait que l’exaspérer encore plus.
Il est toujours en train de s’apitoyer sur son sort dans un cercle infernal quand ses oreilles se tournent d’elles-même en direction d’un bruit à ses côtés, et il relève la tête presque trop vite. Les foulées sont rapides et légères mais toujours bruyantes, comme venant de quelqu’un connaissant son handicap et ne voulant pas le surprendre. Il a une petite idée de qui il pourrait s’agir, mais n’a pas le temps d’en faire une remarque puisque l’individu interrompant sa session de broyage de noir a déjà piqué un sprint en faisant voler sa crinière de loin. Le cerveau de Blind Spot a du mal à suivre et il prend une seconde de retard, suivie de plusieurs autres alors que la voix de Rosie retentit, comme il l’avait deviné. Elle le nargue et le défi lui paraît à la fois ridiculement facile et incroyablement difficile. Techniquement il peut la rattraper sans problèmes, mais encore faut-il qu’il réussisse à galoper droit et correctement.
D’autant plus qu’il n’a jamais vraiment tenté cette vitesse.
Qu’importe, ses postérieurs ont de l’avance sur sa logique et sont déjà en train de lui donner une impulsion crue à partir d’un arrêt au carré. Elle est déjà loin et s’il ne parvient pas à la rattraper, qu’on lui enlève son titre de futur cheval de course. Son corps tout entier semble se relaxer autant qu’il se tend pour prendre une vitesse suffisant à satisfaire son être complet; il secoue la tête et lâche un rire bas alors qu’il accélère pour la rattraper. Le problème étant qu’il est aveugle et donc incapable de la localiser très précisément, surtout avec le vent dans ses oreilles. Le coton dans sa tête disparaît peu à peu et il reprend ses esprits, tentant de trouver les foulées de sa compagne de course dans le bruit de l’herbe sous leurs sabots. Dans tous les cas, elle a pris de l’avance et ne l’a pas attendu─
- T’as triché!
Ce n’est pas crié, mais lancé assez fort pour qu’elle puisse sans doute l’entendre dans la plaine vide. Quand à lui, il la trouve tant bien que mal à travers le reste du bruit et parvient à la rattraper, sentant bien qu’elle ne s’est pas trop éloignée. Tant mieux, il a bien besoin de quelqu’un pour lui dire de freiner. Pour le moment, il se concentre pour rester à son niveau, voir un peu en avant.
Rose Madder poussa un cri de joie tandis que Blind Spot la rattrapait. Les foulées amples de l’étalon brun lui donnaient du fil à retordre mais elle ne pouvait que se réjouir parce qu’il s’était joint à elle. Il était rare qu’on galope à ses côtés, à sa vitesse. Elle rit à l’accusation de son compagnon et répliqua sans perdre un battement.
“ Parce qu’il y avait des règles à respecter ? J’ai pas remarqué ! ”
Et honnêtement, elle ne pourrait pas moins s’en soucier. Rosie s’efforça de rester à la hauteur de Blind Spot, força sur ses jambes frêles et savoura le rythme frénétique du sang qui alimentait ses muscles, la délicieuse brûlure qui se répandait dans ses derniers tandis qu’elle repoussait ses limites pour traverser la Grande Plaine Illuminée à ses côtés.
Aucun arbre en vue, des herbes hautes à perte de vue. Ruisseaux à franchir, prédateurs à fuir ? Encore une chose qui ne lui avait pas effleuré l’esprit. Elle aimait courir. Et si elle arrivait en dernier ? Bah, elle dirait qu’elle l’avait laissé gagner. Mais il n’était pas encore temps de s’arrêter et elle résista à l’envie de fermer les yeux, ne voulant pas les mettre en danger.
“ T’en as encore dans le ventre ? le provoqua-t-elle plutôt. ”
Sujet: Re: Scorching pathos | Rosie Dim 5 Mai 2019 - 15:25
Racing with the eagle, soaring with the wind, and there were times I believed I could fly. Le noir de ses nuits et l’ombre de ses jours empêche Blind Spot de profiter jusqu’au bout de la liberté qui lui a été offerte, le forçant à rester sur ses gardes en toute situation. Il anticipe chaque foulée, chaque mouvement brusque, chaque tête tournée, chaque endroit visité, et sa vie est épuisante. Privé d’un sens, il traîne un boulet de canon au bout de chaînes attachées à ses postérieurs à chaque heure de chaque jour, cachant aux yeux des autres la force qu’il a véritablement. Tout le monde cache quelque chose, n’est-ce pas? Un secret en reste un jusqu’à ce qu’il soit révélé, et il ne compte pas mettre la lumière sur celui-là. La vanité ne l’aidera pas.
Aujourd’hui, cependant, Rose Madder est venue le sauver, présence pratiquement angélique au point qu’il peut presque la voir dans toute sa lumière. Un soleil ayant fait fondre les chaînes pour le libérer, même pour quelques précieuses minutes qu’il passe sans tirer sur le métal froid qui le retient. Qui aurait cru qu’un galop au milieu d’une plaine puisse libérer toute la pression qu’il a accumulée au fil des années? La frustration laisse place à l’euphorie, la peur se transforme en coups de fouet, et il a du mal à imaginer qu’il est vraiment en train de sprinter.
Une action si simple pour d’autres, et pourtant si rare pour lui.
Rosie a raison, les règles n’existaient pas, mais il ne compte tout de même pas laisser passer le fait qu’elle s’est échappée avant qu’il ne puisse réagir. Qu’importe, au final, ils sont en train de faire la course et le vent lui souffle dans les oreilles et fait voler ses crins, le galop fait brûler ses muscles alors que les étincelles dans son dos s’éteignent et il sait qu’elle garde la même cadence que lui alors qu’il tente de rester à son niveau. Serait-ce trop dangereux de la dépasser? Il ne sait au final rien du physique de Rosie mais quelque chose lui dit qu’il serait capable d’aller plus vite s’il essayait vraiment au lieu de se retenir rien qu’un peu.
Et puis elle le provoque. Délibérément, il s’en doute, mais cette remarque agit comme un coup de fouet supplémentaire. Qu’elle ne vienne pas regretter son challenge. Il sourit.
- Bien évidemment.
Il ne connaît pas la sensation d’une course sur un hippodrome, mais il a entendu les histoires de sa mère─ et la façon dont son corps tout entier se détend pour pousser plus sur ses postérieurs et bouger comme un ressort, prenant encore plus de vitesse, ressemble à s’y méprendre à la façon dont se déroule le sprint final d’un 1200m. Ils sont peut-être bientôt à la ligne d’arrivée et il a hâte de voir le final sur caméra.
Sujet: Re: Scorching pathos | Rosie Dim 12 Mai 2019 - 9:30
Une envolée de pétales souleva les crins de Rosie et flotta dans son sillage, traîne écarlate dont elle aimait s’encombrer tandis qu’elle galopait. Un sourire déchirait ses lèvres tandis que son corps gracile était emporté par la danse gracieuse de leurs membres galopant, une danse équine d’un équilibre fragile dont les deux chevaux avaient le secret. Aucun obstacle ne venait barrer leur progression et les yeux noirs de Rose Madder fouillèrent le paysage pour s’assurer que cela resterait ainsi.
Le vent chantait entre ses oreilles, promesses de mille et une autres courses à venir, seule ou accompagnée, mais éternellement remportées. La mauvaise foi n’admettait aucune défaite. Alors même qu’elle perdait un peu de terrain, la jeune jument blanche renâcla et refusa de reconnaître que l’étalon brun la dépassait. Elle ne lui refusait pas le plaisir certain de galoper sans s’arrêter, saisit de terreur, mais elle ne lui accorderait pas l’honneur de l'emporter.
“ Je te laisse gagner, le terrain ne se prête plus vraiment à la course. ”
Le ton léger que le vent portait jusqu’aux oreilles de son acolyte ne laissait pas échapper qu’elle était essoufflée. Maddie pouvait bien cacher l’émotion qui l’affectait tandis que son coeur ratait un battement à la vue de cet étalon que rien n’arrêtait. Quand bien-même lui-même ne voyait rien, ni ce qui pouvait l’en empêcher ni ce qu’il pouvait chercher à atteindre, son poitrail immaculé que chaque inspiration faisait tressailler ne pouvait pas en dire autant.
Elle inspira profondément et leva les yeux vers le ciel bleu. Il ne semblait pas prêt à fermer les yeux pour une nuit de plus aussi résista-t-elle à l’instinct qui lui chuchotait de filer pendant qu’il en était encore temps. La jeune jument dévisagea plutôt son adversaire, ne retenant pas le sourire qui soulevait le coin de ses lèvres et se sentait lorsqu’elle parlait. Par où commencer ?
“ On ne s’était pas croisés depuis un moment, tu jouais toujours à cache-cache ? ”
Il s’en était passé des choses, depuis la tempête qui avait une fois de plus ravagé l’île, cette fois sur les côtes de la Plage Dévastée. Il lui sembla entendre le tonnerre gronder à cette pensée et Rose Madder lança un nouveau regard vers le ciel, surprise de le voir toujours aussi lumineux avant d’y déceler une traîner ensanglantée. Elle s’y dispersait comme un nuage de brouillard.
Lorsque le vent se leva, elle s’attendait à l’odeur métallique du sang. Celle qu’elle perçut n’était pas plus agréable, mais criait une toxicité qu’elle ne connaissait pas. Rose Madder ronfla des naseaux tandis que le bruit trouvait un écho dans la Grande Plaine Illuminée, un sifflement aigu puis l’explosion grave d’un objet non-identifié dans le ciel qui crachait la même fumée.
“ Qu’est-ce que c’est ? murmura-t-elle plus pour elle-même que pour Blind Spot. ”
Son ami ne saurait probablement pas l’aider, incapable de déceler ce qu’elle voyait. Elle ne voulait pas l’affoler. Peut-être qu'elle se trompait, qu'il ne s'agissait pas de la réalité mais de l'un de ses nombreux rêves éveillés. Cela en avait après tout la couleur et peut-être un peu de la saveur, si elle y reconnaissait un cauchemar. Cela ne lui était encore jamais arrivé.
Le vent siffle entre ses oreilles et sa respiration commence à s’alourdir. Peu d’entraînement et presque aucun échauffement sont deux facteurs qu’il aurait dû prendre en compte dans son accélération et il devrait éviter à l’avenir de se prendre pour un cheval de course. Mais le trop plein d’énergie qu’il a accumulé pendant tout ce temps est enfin en train de s’épuiser, et il ne sait pas comment il pourrait bien remercier sa compagne; peut-être ne réalise-t-elle même pas à quel point elle l’a aidé. La course vient à sa fin alors qu’elle lui propose justement de le laisser gagner. Blind Spot n’est pas mauvais perdant mais sait pertinemment qu’il n’a pas perdu; il lui accordera cependant cette victoire ne serait-ce qu’en échange d’une telle liberté pendant quelques instants.
Il reprend son souffle avant de lui répondre, alors qu’ils ralentissent jusqu’à l’arrêt, et il a probablement un grand sourire aux lèvres.
- Si ça peut te faire plaisir de prétendre que tu m’as laissé gagner… Il prend un air un peu plus sérieux. Merci, en tout cas.
Ils en reviennent à plus calme et posé, comme auparavant, alors qu’elle lui demande des nouvelles avec un sourire dans la voix. Jouer à cache-cache? Si seulement. Mais à quoi doit-il faire référence pour se justifier? Son cerveau tourne à plein régime pendant quelques secondes, cherchant ce qu’il s’est passé depuis leur précédente rencontre. L’élection de sa dominante. Les Rocheuses. Et puis Dantès. Il ne peut pas faire bien mieux.
- Loin de moi l’idée de vouloir me cacher. J’ai un guide d’aveugle maintenant, mais je ne sais jamais trop où il m’emmène. Je ne pense pas avoir mis un seul pied sur les terres de mon troupeau depuis l’intronisation de Naëlle.
Leur discussion est coupée par un bruit qui ressemble à s’y méprendre à un coup de tonnerre… Sans en être un. Quelque chose diffère, et il ne peut pas mettre le doigt sur quoi. L’absence d’aide visuelle n’arrange pas les choses. Rose n’a pas l’air rassurée, si l’ambiance et sa réaction sont à prendre en compte, et elle se demande doucement de quoi il peut s’agir. Il inspire un grand coup, décidé à se faire sa propre idée à sa façon et à être utile.
Le vent levé lui apporte une odeur certes lointaine, mais bien connue par le champion qu’est son odorat. Il parvient à discerner quelque chose de familier, et il se crispe. Des centaines d’images sans vision lui passent dans la tête. Le ronflement des voitures et le crissement du gravier sous les pneus, les sabots des congénères sur la rampe du van et les hennissements d’adieu pour les partants aux courses; sa mère qui le rassure en lui assurant que rien ne va lui arriver. La fumée abondante des deux-roues trop vieux des jeunes palefreniers qui venaient le matin et celle plus atténuée du 4x4 du patron.
Il lève la tête vers un ciel qu’il ne peut qu’imaginer, songeant au fait que Rosie a dû voir quelque chose qu’il aurait aimé pouvoir identifier. Blind Spot se sent terriblement nostalgique.
- Ca sent la maison, murmure-t-il, sans savoir si la jument parvient ou non à l’entendre. Ma maison.
Sa liberté, celle à laquelle il s’est enfin habitué et qu’il a appris à chérir, est prête à être troublée par l’arrivée de nouveaux bipèdes. Mais il ne connaît pas ceux-ci, qui peuvent être hostiles. Les bons souvenirs laissent places aux quelques mauvais et il garde principalement en tête les moments de dressage forcé qu’il a tant combattu. Ses oreilles hésitent entre la curiosité et la colère.
- Ca sent les humains.
L’île est-elle en train de se faire envahir? Et pourquoi doivent-ils gâcher une journée qui commençait enfin à s’améliorer?
Sujet: Re: Scorching pathos | Rosie Ven 24 Mai 2019 - 15:59
Son regard revint à Blind Spot. Il souriait et Rosie sentit son cœur se contorsionner dans son poitrail, hésiter entre bondir de joie à cette vue ou se rétracter au plus profond de ses entrailles pour ne pas s’autoriser le plaisir de voir quelqu’un d’autre sourire. Ils étaient rares, ceux dont le bonheur lui plaisait. Aurore Opéra, Naëlle, Hallelujah parfois… et cela s’arrêtait là.
Maddie voulait plus souvent voir les autres se lamenter et sombrer dans le désespoir. Elle pouvait en nommer une en particulier, à laquelle elle ne souhaitait pas du bien et il s’agissait de Nokhömi. Mais la jeune jument n’avait pas envie de penser à celle-ci et se concentra plutôt sur le brun à ses côtés, dont le remerciement la fit rougir. Elle savait qu’elle ne l’avait pas fait pour lui. Elle savait aussi que c’était sûrement pour cela qu’il appréciait le geste.
L’ovni avait disparu dans le ciel mais les informations venaient le remplacer. Elle se demanda vaguement à quoi ressemblait le guide de Blind Spot mais il n’était pas avec eux à cet instant (ou alors, ils l’avaient semé) et Rosie se doutait qu’il ne servait à rien de poser la question à son ami qui ne l’avait de toute évidence jamais vu.
La nouvelle de l’intronisation de Naëlle lui était parvenue.
Cela ne l’empêchait pas de s’en réjouir une fois de plus pour son amie, dont elle connaissait et soutenait l'ambition. Mais le moment d’en parler était passé, interrompu par l’apparition étrange dans le ciel et toute l’attention de Rose Madder était focalisée sur les paroles de Blind Spot. La maison ? Il ne lui avait jamais parlé de ses origines, alors tout cela était bien mystérieux.
Il s’explicita cependant rapidement et elle redressa les oreilles. Voilà qui lui donnait enfin la piste dont elle avait besoin. Un frisson d’excitation la secoua et elle se rapprocha du brun avec anticipation, ravie de partir à l’aventure grâce à ce nouvel élément. Et puis, fréquenter un équidé qui avait connu les humains, cela ne pourrait que lui servir dans son enquête !
“ Tu viens des humains ? il n’y avait que de la curiosité dans sa voix. Oh, d’ailleurs ça n’a rien à voir mais j’ai visité les Braises Éternelles et ce n’est… pas passionnant. ”
Elle soupira et lança un nouveau regard vers le ciel. Il n’y avait plus qu’une fine traînée rosâtre sur l’étendue bleue et elle décida de se diriger vers l’origine du projectile. Rose Madder effleura l’épaule de Blind Spot pour lui indiquer de la suivre d’un bon pas.
Sa respiration se calme doucement, le vent léger rafraîchissant son corps encore brûlant et Blind Spot peut se concentrer sur sa compagne. Rosie ne l’interrompt pas une seule fois, mais semble presque trop intéressée par ce qu’il a le malheur de dire dans son besoin d’aider. La simple mention des humains la fait réagir presque instantanément, et il la sent se rapprocher en lui demandant plus de détails avec une voix très enjouée.
Il n’a pas envie d’élaborer, aimerait bien qu’elle n’aille pas enquêter sur des êtres pouvant être si dangereux et préférerait lui dire de ne pas aller plus loin. Mais s’il y a bien une chose qu’il a appris au fil de ses rencontres avec elle, c’est qu’elle est assez têtue et forte pour que ni vents ni marées ne puissent l’arrêter. Lui ne peut en tout cas pas lui refuser quoi que ce soit. Alors il répond.
- Oui. Je suis né dans un élevage de chevaux de course. Si j’avais des yeux en état de marche, je serais peut-être en train de galoper des kilomètres en rond quelque part en plein milieu d’une ville.
Il songe un instant à sa mère et aux circonstances de son échappée, mais ne se concentre pas plus longtemps dessus. Tout cela appartient au passé, il est maintenant quelqu’un d’autre et rien ne sert de s’attarder sur ce qu’aurait pu être sa vie. Il a refusé d’être monté. Il ne le regrette pas le moins du monde, et ça s’arrête là. Rose interrompt de toute façon ses pensées en mentionnant les Braises Éternelles, déjà abordées lors de leur précédente rencontre. Il se souvient lui avoir déconseillé d’y aller, mais n’est pas le moins du monde surpris par le fait qu’elle s’y est tout de même aventurée. C’est son genre. Il sourit.
- Je t’avais pourtant prévenue, lui répond-il. J’espère au moins que tu ne t’es pas brûlée comme moi.
Son imagination limitée par un sens inexistant préfère ne pas tenter de voir Rosie attaquée comme il l’était pas les étincelles qu’il n’arrivait pas à éviter. Elle est cependant valide et a probablement pu les éviter. La jument semble en tout cas très intéressée par le sujet des humains et elle décide de suivre la piste, lui indiquant silencieusement de le suivre en lui effleurant l’épaule. A l’encontre de tout ce qu’il aurait voulu, cette simple action (aussi minime soit-elle) le fait frissonner. Il baisse la tête et n’aurait définitivement pas rougi s’il avait pu, mais lui emboîte tout de même le pas. Blind Spot cherche une distraction dans leur chasse à l’homme et cherche une nouvelle fois l’odeur qu’il a réussi à détecter. Il s’agit bien de fumée, mais… Ca ne sent en tout cas pas l’essence, et il ne pense pas avoir déjà eu affaire à ça.
- C’est très artificiel comme odeur. Pas quelque chose de très commun, il réfléchit à voix haute. Qu’est-ce que les humains viendraient faire ici? Quel intérêt? Qu’est-ce qu’il s’est passé d’assez intéressant pour qu’ils viennent nous déranger?
S’il y a une chose que les humains sont capables de faire, il le sait, c’est briser la paix et apporter du chaos partout où ils vont. Il leur a échappé, et voilà qu’ils reviennent. Les bipèdes n’ont décidément aucun respect.
Une brise se glissa entre les jambes de Rose Madder, épousa son ventre étroit et arrondi tandis que Blind Spot lui répondait. Elle pointa les oreilles en avant, intriguée et laissa échapper une exclamation enjouée.
“ C’est pour ça que tu cours si vite ! ”
Et elle éclata de rire, un son cristallin qui flotta un instant autour d’eux avant d’être emporté par le vent. Le brun sembla se renfrogner à ses côtés, mais finit par sourire et elle réfléchit un instant, incapable de se souvenir.
“ Rien de grave, déclara-t-elle finalement. ”
Cet étrange poney n’avait-il pas projeté des braises sur sa croupe ? Rosie ne se souvenait plus, ce n’était pas son aventure la plus palpitante. Un champ de rose se propagea à l’horizon tandis qu’elle tenter de se rappeler.
Son compagnon la suivait, tête baissée et elle l’écouta d’une oreille distraite. Si ce n’était pas commun, venant d’un cheval domestique, cela signifiait que ce n’était pas quelque chose que les humains utilisaient souvent.
S’ils ne s’en servaient pas souvent, cela signifiait sûrement qu’ils n’étaient pas là depuis longtemps, sinon ils seraient bien installés et Blind Spot ne trouverait pas l’odeur inhabituelle. Si c’était le cas… il était encore temps.
“ Je ne sais pas, mais on ne va pas les laisser trouver quoi que ce soit d’intéressant ici, il ne faudrait pas qu'ils décident de rester s'ils veulent nous faire tourner en rond, c'est pas très marrant. ”
Ils marchèrent longtemps sans trouver ce qui était à l’origine de l’étrange phénomène. Maddie fouinait dans ses roses imaginées tandis que le soleil déclinait et elle finit par abandonner, déçue. Ce serait pour la prochaine fois.
“ Bon, pas de découverte sensationnelle pour aujourd’hui. Je vais continuer mes recherches et avertir les gens que je connais. ”
Elle effleura l’encolure de Blind Spot du bout des naseaux. Il s’en sortirait, son guide ne le mènerait pas vers le danger. Et il connaissait les humains, ne serait pas surpris s’il en croisait. Quant à Rose Madder, elle avait hâte.
C’était une aventure que tout le monde ne pouvait pas se vanter d’avoir vécue, la recherche d’humains, pas même le brun. S’il n’était plus avec eux, c’était probablement car ils n’avaient pas voulu de lui à cause de son handicap.
Rose Madder ne voulait pas d’eux sur l’île non plus, ou du moins pas plus longtemps que nécessaire. Elle prouverait leur existence et s’assurerait qu’ils repartent d’où ils venaient aussi vite qu’ils étaient arrivés.
“ Je te retrouverai bientôt, à moins que ton guide soit plus rapide que moi ! ”
Blind Spot ne répond pas mais sourit quand Rosie fait le lien entre ses origines et sa vitesse, ne mentionnant pas le fait qu’elle pense toujours être plus rapide. Il tente de ne pas trop s’inquiéter à propos des Braises, et elle lui donne une réponse qui convient.
- Tant mieux.
S’il avait des yeux en état de marche, il aurait probablement vérifié, regardé rapidement si elle lui disait la vérité et faire ses propres déductions. Mais ses yeux ne marchant pas, il doit se contenter de la réponse de Rosie et lui vouer une confiance absolue. Elle n’a rien de grave, ce qui était déjà mieux qu’une blessure même si un peu vague. Elle est elle-même responsable de son corps et de ce qui lui arrive, dans tous les cas, et il n’a rien à dire.
Les intentions de Rosie sont fondées et intéressantes mais peu réalistes; lui ne peut définitivement rien faire face à une invasion humaine, et il doute que même un cheval puissant ne puisse y faire quoi que ce soit. Les bipèdes ont des ressources qui peuvent mettre fin à tout ce qu’un équidé peut vouloir essayer. Et une réaction qui tend à aller vers la violence en situation de stress.
- Les humains ne sont pour la plupart pas très marrants d’origine…
Leur recherche dure plus longtemps que Blind Spot n’aurait pu l’imaginer, mais ils ne trouvent pas la source de ce qu’ils recherchent. Rose semble très déçue de cette tournure d’événements─ lui ne l’est pas tant que ça, au final peu enthousiaste à l’idée d’avoir affaire à de nouveaux humains. Il ne peut pas l’arrêter dans sa quête et hoche seulement la tête quand elle décide l’abandonner pour continuer ses recherches.
- Sois prudente.
A sa surprise, elle l’effleure encore, sur l’encolure cette fois-ci, avant de s’en aller. Il frissonne de nouveau, contre son gré mais sans pouvoir s’en empêcher. Ah, si les chevaux pouvaient rougir… Rosie s’en va de nouveau comme elle en a l’habitude, première à partir même si elle a maintenant la délicatesse de le prévenir avant de disparaître. Il sourit à sa remarque; Dantès n’a aucune chance de rattraper une jument aussi légère, mais il n’exclut pas la possibilité que le dingo puisse essayer. A cette pensée, il commence lui aussi à s’éloigner dans l’espoir de retrouver son guide. Il ne doit pas être loin.
