Death on Two Legs

Cyrius déboulait sur la plage de l'équipe bleue. Par équipe bleu, nous entendons bien sûre "terres Secrètes". Mais aujourd'hui Cyrius était beaucoup trop contrarié pour nommer les choses par leur nom.


Hier, il avait appri quelque chose de terrible. Enfin, il ne savait pas vraiment si c'était hier, avant-hier ou la semaine dernière, car ce jour là, il était défoncé aux feuilles de thé (encore), et que ce qu'ion lui avait dit l'avait tellement chamboulé qu'il était retourné illico au Golfe d'Emeraude pour attaquer un nouvel arbre à thé, et après ça, sa notion du temps et des évènements se résumait à un profond néant.


Quoi qu'il en soit, il avait fini par émerger (un peu), avait re-consommé quelques (dizaines de) feuilles au petit déjeuner, et c'était dirigé tout droit (en zig-zag) vers les terres Secrètes.


Pourquoi ici ? Tout simplement parce qu'il cherchait sa fille adoptive, Commedia, celle-là même qui lui avait laissé la charge d'un fils dont elle n'avait rien à foutre et qui, selon son dernier compagnon en date, avait donné vie récemment à une pouliche, dont elle avait probablement eu tout aussi rien à foutre vu qu'elle l'avait laissé seule et que ladite pouliche s'était faite assassiner par le premier psychopathe venu. (reprendre son souffle après une phrase aussi longue)


BREF, Cyrius cherchait Commedia, c'était un objectif simple et clair dans sa tête, le seul qu'il pouvait y stocker. Alors il marchait sur le sable, trébuchant sur toutes sorte d'objets (personne ne faisait donc jamais le ménage sur ce foutu territoire ??) tout en cherchant sa fille, sans vraiment savoir ce qu'il ferait lorsqu'il la verrai, si il la voyait.

Libre

Cyrius avait cette impression étrange de se déplacer à la vitesse de la lumière, et le bruit des vagues lui paraissait atrocement lent. Il sentait bien un petit décalage temporel entre sa perception de la réalité, et la réalité elle-même. Pourtant, il se était plutôt alerte. il sondait la plage du regard, marchant d'un pas énergique, trop énergique peut être. Trop de thé avait tendance à le rendre légèrement speed, ses idées fusaient mais sa capacité de concentration était trop faible pour les retenir. Son corps débordait d'énergie mais ses mouvements en étaient un peu saccadés et le rendait maladroit. Une rafale de vent fit voler un débris métallique jusqu'à lui, il fit un écart démesuré pour l'éviter, il avait mal partout, ses muscles semblait en tension constante depuis ce matin. Il n'avait rien fait mais était déjà fatigué.


Une voix l'interpella et le fit sursauter alors qu'il fixait la jungle qui bordait la plage. Comment n'avait-il pas vu ce cheval arriver ? Cyrius avait le sentiment que ce dernier s'était brusquement matérialisé devant lui. Cependant il savait que ce n'était pas possible, ce qui l'inquiéta légèrement.


- Bonjour ! Répondit brusquement Cyrius avant même d'avoir prit le temps de se concentrer sur son interlocuteur.


Il prit un peu de recul (bien qu'il n'en avait pas besoin) et avisa ce dernier. Robe tacheté, poils aux pattes, une allure familière, mais bien sure, Ezael, étalon membre de son troupeau ! Des années qu'il ne l'avait pas croisé... Cyrius lui adressa un sourire forcé, et jeta un nouveau coup d'oeil frénétique vers la jungle.


- Tu n'aurait pas vu Commedia ??


Il reporta finalement son attention sur Ezael... Oh, oui, Ezael ! Le compagnon d'Ace of Hearts. Cyrius se souvenait de lui, et de ses fameuses pertes de mémoires; D'ailleurs il avait récemment prétendu qu'il était coiffeur. Il ne se souvenait plus pourquoi en revanche.


- Ca va parfaitement, se défendit presque Cyrius. Il fut interpellé par la crinière absolument magnifique de l'étalon. Soyeuse et lisse... il s'en senti presque jaloux... les années commençaient à altérer la qualité de ses crins à son plus grand malheur. Heureusement, sa belle Superbia ne semblait pas s'en être formalisée... et toi ? Tu as une crinière magnifique, tu ne serai pas coiffeur?

Cyrius ne se concentra réellement sur Ezaël que lorsque celui-ci ouvrit la bouche. Ce qu'il entendit lui fit l'effet d'un choc électrique dans tout le corps. Les yeux de Cyrius fixait ceux de l'irish avec une intensité démentielle. Mis au monde un poulain qui s'est fait tuer alors qu'elle s'enfuyait à grande hâte. Le coeur de l'étalon s'était brusquement accéléré, l'air lui manquait soudain, son sang tambourinait dans ses veines à un rythme irrégulier. Le père a été dévasté. Le père, Aurore Opera, oui, dévasté, c'était bien lui. Cyrius était presque en apnée, il sentait ses muscles se tétaniser. Cyrius, combien de vies a-t-elle mises au monde? Incapable de suivre le fil de ses pensées, Cyrius se focalisa sur cette question. Combien ? Bah... un, non ? Enfin un VIVANT. Etant incapable de faire la différence la différence entre une question réthorique et une question normale, il répondit à mi-voix.


- Combien ? Il est au bord de la rupture mais il essaye sans succès de donner l'illusion d'être parfaitement calme. Final Act. Répondit-il. Il y en a d'autres ? Demanda t-il en montant un peu trop dans les aiguës.


Cyrius manque d'oxygène, il est à présent à la limite de l'hyper ventilation. Il était venu à la base pour trouver Commedia et comprendre cette histoire de poulain mort, et voila qu'on lui suggérait qu'il y avait d'autres poulains EN PLUS de Final Act et de l'hypothétique poulain mort qui n'était donc plus hypothétique. Cela commençait à faire beaucoup à encaisser. Il n'était pas sure de vouloir en savoir plus.


Ezaël poursuit, il répond à sa question et affirme qu'il va bien. A ce moment là, Cyrius décroche complètement de la discussion car il se fout complètement de l'état de santé d'Ezaël, mais les mots "regard vide d'une pouliche au crâne défoncé." le reconnecte à nouveau avec l'Irish. Cyrius pousse une sorte de gémissement qu'il aurait préféré éviter, il n'était à la base déjà pas dans son assiette, mais les paroles du pie l'achevaient littéralement.
Cyrius posa son regard vers l'océan, tandis qu'il entendait vaguement Ezaël lui demander de l'aide (avait-il vraiment l'air de quelqu'un pour pouvait apporter la moindre aide pour quoi que ce soit?) il avait l'envie irrepressible d'entrer dans l'eau et de nager le plus loin possible jusqu'à ce que la mort l'emporte. Et puis le visage de Superbia revint à sa mémoire, et il se souvint qu'il avait une raison de vivre. Il se rappela également qu'il devait parler à Commedia avant d'aller se suicider et de la tuer. Ou l'inverse.


Cyrius retourna lentement sa tête vers Ezaël. Il avait les yeux hagards et se sentait physique vidé de toute énergie, sa mâchoire en tombait à moitié, et il prononça lentement ces quelques mots qui n'avaient pour lui pas le moindre sens.


- Tu as besoin de mon aide ?


Cyrius eut envie d'éclater de rire, mais il ne s'en sentait même pas la force.

Cyrius essaya de se calmer un peu. Ezaël ne lui apporta aucune réponse concrète sur les moeurs de plus en plus douteuses de Commedia. Tout va bien, c'est un accident. Une réponse complètement stupide mais qui eu le mérite d'apaiser quelque peu Cyrius. Enfait il n'aurait pas été en mesure d'encaisser une réponse trop franche, il n'était pas en forme, mieux valait qu'il parle directement à Commedia, et de préférence un jour où il n'aurait abusé de rien. L'alezan ressentait une certaine panique monter en lui, trop de choses se mélangeait dans sa tête et il n'arrivait pas à faire le tri, il ne maîtrisait plus rien, n'avait plus le contrôle. Il se sentit profondément mal, il n'avait pas ressentit ça depuis l'an dernier, lorsque Nazz'ariah l'avait trahi. A ce moment là, il aurait tout donné pour être aux côté de Superbia, elle seule aurait eu le pouvoir de l'apaiser. Mais Cyrius se sentit encore plus mal...il s'était promis d'oublier un peu les feuilles de thé pour elle, et il faisait exactement l'inverse.


L'étalon essaya de calmer sa respiration et se rendit compte qu'il transpirait. Il se focalisa sur Ezaël qui semblait passablement inquiet, mais aussi plutôt bienveillant. Cyrius devait bien admettre qu'il donnait là une image lamentable de son dominant.
Ezaël se lança courageusement dans l'explication de son cas, qui appâta curieusement l'attention de Cyrius, le distrayant de Commedia. Ezaël, amoureux de Ace. Ca, Cyrius était au courant. Mais le prince et sa princesse ne faisaient pas parti du même territoire...blablabla...situation difficile pour se voir...blablabla...trouver une solution sans froisser personne. Cyrius n'était peut être pas au top aujourd'hui, mais il avait pigé en une seconde la problématique et la solution sous-jacente qu'Ezaël n'avait pas osé formuler directement.


- Bien-sûre que Ace of Heart peut venir vivre parmi les Trompeurs, mon biquet, demande acceptée ! Tu vois, il n'y a pas d'impasse.

Cyrius se sent mal, physiquement, et mentalement. Son corps le torture sans raison aujourd'hui, mais cela n'aurait pas eu grande importance s'il n'était pas en plus tellement à la masse qu'il n'avait absolument rien compris à la demande de Ezaël. Trop de choses en tête aujourd'hui, il se sentait incapable de réfléchir à quoi que ce soit, et voir le jeune étalon pie se décomposer littéralement devant lui à ses dernières paroles ne l'aida pas. Le jeune trompeur avait l'air à la fois paniqué et désespéré par ce qu'il venait d'entendre, et Cyrius fut à deux doigts de lui proposer un suicide collectif dans l'océan. L'alezan secoua la tête pour y voir plus clair, hors de question de perdre totalement pied maintenant, en territoire rival, en présence d'un membre de son troupeau...enfin, peut être plus pour longtemps. Le dominant avait fini par comprendre qu'Ezaël lui annonçait son départ, chose que le contrariait beaucoup. Mais pouvait-il le forcer à rester ? Non, clairement.


- Ezaël, calme toi.


Un conseil plein d'ironie que Cyrius tâcha d'appliquer à lui même. Il avisa le jeune pie avec sérieux, il se devait de répondre sérieusement à sa demande. Il était dominant avant tout, et devait se montrer à la hauteur, même lorsqu'il n'était pas dans son assiette.


- Je ne t'empêcherai pas de partir si c'est ce que tu veux, mais je te préviens, il est soudain souriant et détendu, il plane puis se crash dans des phase successives et incohérentes, les Orphelines sont complètement nulles, chéri, tu va le regretter ! 


Cyrius lui adresse un clin d'oeil aguicheur et se dirige tranquillement vers la mer. Il n'a plus envie de se suicider, juste d'une petite balnéothérapie.


- En plus les dominants des Orphelins sont bien moins sympa que moi !! Lui hurle t-il pour couvrir le bruit des vagues. Il entre un peu dans l'eau, la fraicheur lui fait du bien. Il se demande si Ezaël va le rejoindre. Il ne sait plus quelle heure il est, ni ce qu'il va faire après, il est complètement à la ramasse...

Cyrius lève la tête, les embruns lui fouette le visage et tentent d'arracher ses crins. La houle est forte, les vagues désordonnées. Cette plage est un vrai désastre, la balnéothérapie est un peu violente mais elle à le mérite de le réveiller un peu. Pourquoi était-il là déja ? Ah oui, cette histoire de poulain mort, Commedia et ses frasques, Commedia l'irresponsable, Commedia la mère indigne. C'était finalement une bonne chose que Cyrius ne l'eut pas croisé ici. Une très bonne chose.


Ezael le remmercie, et Cyrius quitte l'horizon du regard pour se retourner et voir si le pie le rejoignait. Il arrivait, sans trop se presser. Le dominant n'avait pas vraiment conscience qu'il venait de potentiellement perdre un membre de son troupeau, mais le pie avait l'air de s'être calmé, ce qui était une bonne chose pour tout le monde.


L'irish, en approchant, le mit en garde. Se noyer ? Pour qui le prenait-il ? Un poulain nouveau né? Le dominant se sentait capable de faire le tour d'Horse-Wild en brasse coulée ! Quant à l'évocation des requins...


- Je les mange les requins moi, Monsieur ! Cyrius s'éloigne un peu plus loin dans l'océan pour ne plus avoir pied et pouvoir nager. Les vagues le submergent de temps en temps, mais le fait d'être en apesanteur dope ses sensations déjà complètement édulcorées.

Cyrius nage comme un démon contre le courant, secouant régulièrement la tête pour chasser l'eau salée de son visage. La houle est forte et au bout d'un certain temps, il sent la fatigue le gagner, il était temps de rejoindre la rive. Le dominant met le cap vers la plage, et retrouve pied peu à peu. Complètement essoufflé, il sort enfin de l'eau et cherche Ezaël des yeux mais ne le voit plus. Le corps dégoulinant d'eau, il reste planté là et se demande s'il n'a pas halluciné sa conversation avec l'étalon pie. Sans plus de certitudes, il se met en marche d'un pas lent et quitte la plage dévastée.

OUT