Jeu de rôle équin
 
AccueilDernières imagesS'enregistrerMembresConnexion
Le Deal du moment : -39%
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON ...
Voir le deal
1190 €

 

 Always be there for you

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
Rose Madder

Rose Madder


ÂGE : 27
PUF : PxdxlF/Myulalie
MESSAGES : 272

SEXE DU CHEVAL : Une fleur
TERRITOIRE : Orpheline


Boîte à information.
Arbre généalogique:
Relations & Liens:
Relations & Liens:

Always be there for you Empty
MessageSujet: Always be there for you   Always be there for you EmptyDim 5 Mai 2019 - 10:39

Always be there for you
Rose Madder était revenue à la Maison Hantée afin d’en débusquer les fantômes. Après être tombée dans trois nids de poussière et avoir éternué le même nombre de fois, la jeune jument blanche s’était lassée (on ne trouvait de toute façon pas grand-chose d’intéressant dans une Maison Hantée quand le soleil était encore haut dans le ciel) et avait inspecté un aquarium où fleurissait des roses ensanglantées avant de décréter que c’était drôlement moins terrifiant sans sa meilleure amie dans les parages et de débarrasser le plancher sans plus de cérémonie.

Elle avait donc piétiné le persil qui pointait le bout de son nez dans le potager et s’était arrêtée dans un rang de carottes pour se dégourdir la mâchoire au plus grand plaisir de ses papilles… et se casser le nez car on avait déjà récolté les précieux légumes oranges. Rosie fronça les sourcils qu’elle n’avait pas et retourna un peu de terre du bout des naseaux. Elle releva la tête et regarda autour d’elle avec méfiance. Il n’y avait pas eu beaucoup de salades cet hiver non plus… et qui avait mangé les fraises, bon sang ?!

Maddie tapa du sabot sur le sol et repensa au Verger Tentateur, l’arbre coupé. Au Golfe d’Emeraude, les débris de bateau. Et le parachutiste qu’Hallelujah lui avait décrit. Il était temps de mener l’enquête, décida la jument blanche. Ses tâches tremblèrent sur son corps tandis qu’elle pivotait sur ses talons, prête à partir en quête d’informations qui expliqueraient les choses étranges qui survenaient sur l’île, y apparaissaient ou au contraire disparaissaient, lorsque le vent lui porta une odeur familière.

Elle le reconnaîtrait entre mille et malgré la rancœur qu’elle éprouvait encore envers lui, Rose Madder restait la sœur d’Aurore Opéra, qu’elle appela d’une voix haut perchée, nerveuse.

Oppa ?

Réservé:
Revenir en haut Aller en bas
Aurore Opéra

Aurore Opéra


ÂGE : 28
PUF : Epic (Whale)
MESSAGES : 1199

SEXE DU CHEVAL : Mâle
TERRITOIRE : Terres Secrètes


Boîte à information.
Arbre généalogique:
Relations & Liens:
Relations & Liens:

Always be there for you Empty
MessageSujet: Re: Always be there for you   Always be there for you EmptyLun 6 Mai 2019 - 10:33


Aurore ne savait plus ce qu’il faisait. Il errait un peu au hasard, perdu dans un monde qu’il ne connaissait pas. Il découvrait de nouvelles terres sans s’intéresser à elles, hermétique à leur beauté, à leurs secrets. Que faisait-il ici ? Où était-ce « ici » ? Une question qui le laissa songeur tandis qu’il relevait ses yeux noirs sur un paysage sombre. Toute cette ombre lui faisait du bien, apaisait son cœur éploré, ses pupilles fatiguées. Le rouquin dormait peu, réveillé par des cauchemars terribles, des souvenirs mêlés à une imagination débordante, trop débordante. Combien de fois avait-il revécu le drame ? Combien de fois avait-il assisté à d’autres accidents ? Que pouvait-il faire pour s’en sortir ? L’étalon soupira. Il n’en avait pas la moindre idée.

Le rouquin s’arrêta près d’un arbre mort, contempla son tronc creux, ses branches basses et dénudées. Il n’y trouva plus la moindre beauté, plongé dans cet état de désespoir qui écrasait son cœur, l’empêchait parfois de respirer. Opéra avait toujours trouvé la beauté là où le monde ne voyait que mort et désolation, bosses et crevasses, blessures et cicatrices. Aujourd’hui, il n’y arrivait plus. La moindre fleur fanée lui rappelait le corps froid de sa fille. La moindre pierre brisée lui ramenait le souvenir de son crâne enfoncé. Où était la beauté, la joie ? Il n’y avait que la mort. La mort qui n’était rien. Ni belle, ni laide. Juste douloureuse. Profondément douloureuse.

L’étalon releva les yeux. Derrière le tronc creux, il aperçut la silhouette fantomatique d’une maison abandonnée. Il ne connaissait que l’usine. N’était-ce pas de là qu’il venait, d’ailleurs ? Quoi qu’il en était, Aurore Opéra savait pertinemment qu’il ne se trouvait plus sur les Terres Secrètes. La bâtisse ne présentait, de toute façon, pas les mêmes murs, le même toit. L’ambiance, elle, lui rappelait tout de même le gros immeuble. Une ambiance légèrement malsaine, comme un avertissement, une menace que l’on susurrait dans l’air, roulait dans la nuit autour des bâtiments humains. Reviendraient-ils, un jour, les reprendre ? Il n’y avait bien qu’eux pour le faire.

Opéra s’avança vers l’étrange maison. Il ne connaissait rien de comparable sur l’île et ce simple fait ramena une certaine appréhension dans son cœur. Avait-il erré jusqu’à un autre territoire ? Lui ? Celui qui criait au monde entier qu’on ne le prendrait jamais un pied sur la frontière ? Lui qui avait refusé plusieurs invitations sur les terres voisines aux Secrètes ? Il soupira une nouvelle fois. Au fond de lui, cela ne l’étonnait pas. Il sentait poindre une envie. Non, un besoin de retrouver sa jolie sœur, de se blottir contre elle et de respirer son odeur. Comme si sa seule présence pouvait tout effacer, tout soigner. Même la blessure sur son poitrail n’était pas entièrement cicatrisée. Quelques croûtes tiraient encore sur ses poils et, parfois, quelques gouttes de sang pointaient le bout de leur nez. Pourrait-elle soigner tout ceci ? Sorcière, déesse aux pouvoirs incommensurables ? Il n’en doutait pas.

Décidé, l’étalon roux se remit en marche. L’odeur des Orphelines l’envahit, comme pour le menacer de faire demi-tour, de retourner chez lui. Était-il le bienvenu, chez lui ? Où était-ce chez lui ? Aurore préféra ne pas se pencher sur la question pour le moment. Il contourna de nouveaux arbres, ceux-là pourvus de feuilles vertes, et déboucha dans les alentours direct de la Maison Hantée. Il releva les yeux sur la bâtisse, se demanda s’il tomberait sur Fifa et Kokoï plutôt que sur sa sœur, s’il aurait l’autorisation de continuer ses recherches. Que faire si la dominante le fichait dehors ? Une nouvelle odeur écarta la question et amena, avec elle, une voix aiguë qu’il connaissait par cœur.

Inanna, souffla-t-il tout bas, habitué au silence depuis trop longtemps.

Le rouquin sentit, en lui, naître une nouvelle énergie. Une énergie nourrit par son désespoir, par son besoin de sentir la présence de sa sœur à ses côtés, de son soutien. Il contourna le bâtiment d’un trot allongé, trébucha plusieurs fois sur un sol qui n’était traître que pour lui et débarqua dans le potager. Rose Madder s’y tenait bien droite, dans toute la beauté de ses origines arabes, étincelante avec sa robe de lumière et les quelques roses qui fleurissaient sur son poitrail. Il ne prit pas le temps de contempler la beauté de la grande dame qu’elle était devenue sans lui.

Rose ! couina-t-il, au bord du désespoir.

Aurore Opéra s’approcha, le corps tassé, les larmes au bord des yeux. Il n’avait plus la force de sa jeunesse, la grandeur de son corps andalou. Ne lui restait que l’allure décharnée de celui qui vit dans le mal, comme une image déformée de son propre père au même age, tous les deux agressés par une vie qu’ils ne comprenaient pas.
Le rouquin se jeta contre sa petite sœur, s’emplit de son odeur, de sa chaleur et ne tint plus debout que par la force de ses jambes à elle.
Revenir en haut Aller en bas
Rose Madder

Rose Madder


ÂGE : 27
PUF : PxdxlF/Myulalie
MESSAGES : 272

SEXE DU CHEVAL : Une fleur
TERRITOIRE : Orpheline


Boîte à information.
Arbre généalogique:
Relations & Liens:
Relations & Liens:

Always be there for you Empty
MessageSujet: Re: Always be there for you   Always be there for you EmptyDim 12 Mai 2019 - 9:52

Rosie s’était habituée à la pénombre menaçante des Terres Orphelines. Les Pluies Perpétuelles, éternelles veuves épleurées, pleuraient les fantômes de la Maison Hantée. Ils provenaient sûrement du Ruisseau Sans Fond, où elle s’attendait à trouver les corps des noyés si elle s’y égarait par une nuit de pleine lune. Le Verger Tentateur jouissait sûrement de leurs cadavres, dont il se nourrissait avec appétit avant de s’abreuver de l’eau qui les lui avait portés.

Même les jours ensoleillés, il semblait que les rayons dorés étaient incapables de percer les nuages noirs qui s’amoncelaient sur le territoire afin de le réchauffer ne serait-ce qu’une journée. Tout y était triste et la végétation luxuriante qui régnait à certains endroits n’avait rien rassurant. Qu’avait-on sacrifié, pour la laisser proliférer ? Maddie ne se l’était pas demandé souvent, car l’atmosphère qui régnait sur les terres lui correspondait la plupart du temps.

Le son de ses pas lui parvint d’abord. Elle l’entendit trébucher et releva lentement la tête, qu’elle avait laissée choir lorsqu’elle s’était perdue dans ses pensées. Une rose fleurissait à ses pieds. Puis, elle inspira la fragrance masculine et rassurante du parfum fraternel, celui qui les distinguait sans tout à fait effacer leur familiarité. Quand bien-même elle le voyait, Rose Madder peinait à reconnaître son frère. Elle craignait que sa vue l’ait une fois de plus trompée.

Il avait le poitrail meurtri et elle voyait déjà dans ses yeux que son coeur l’était aussi. Etait-ce de sa faute ? Elle ne savait même plus pourquoi elle lui en voulait. Mais lui, son frère, beau et fort, n’avait sûrement pas oublié leur désaccord. La honte lui rongea les joues et elle peina à soutenir son regard larmoyant. Mais le cri du désespoir qui échappa aux lèvres d’Aurore Opéra lui assura une chose : ce n’était pas elle, l’objet de sa contrariété.

S’il ne l’était plus autant qu’avant, son Oppa restait buté. Il ne serait pas venu la trouver s’il en avait encore après elle. Rassurée de cette pensée, Rosie s’anima soudain. Elle bondit en avant, heurta le corps musculeux de son frère, dont le poids menaça de la bousculer et la faire tomber. Mais elle était campée sur ses jambes, blottie contre son aîné avec la ferme intention de ne plus le quitter. Sur qui pouvaient-ils compter, si ce n’était eux-mêmes ?

Aurore ! Je suis désolée, je ne recommencerai plus, je n’aurais jamais dû te laisser ! Que t’est-il arrivé ? Pourquoi es-tu dans cet état ?

Elle détestait voir son frère ainsi et se promit de le faire regretter à celui ou celle qui avait osé lui faire du mal. S’il s’agissait de Nokhömi, elle serait d’autant plus cruelle qu’elle avait déjà averti la pie à plusieurs reprises. Mais la blessure qu’il portait la faisait douter. Ce n’était pas comme si la faible jument bicolore avait en elle ce qu’il fallait pour faire du mal aux autres, encore moins physiquement. Mais Rosie, elle, saurait venger son Oppa.
Revenir en haut Aller en bas
Aurore Opéra

Aurore Opéra


ÂGE : 28
PUF : Epic (Whale)
MESSAGES : 1199

SEXE DU CHEVAL : Mâle
TERRITOIRE : Terres Secrètes


Boîte à information.
Arbre généalogique:
Relations & Liens:
Relations & Liens:

Always be there for you Empty
MessageSujet: Re: Always be there for you   Always be there for you EmptySam 25 Mai 2019 - 9:41


Aurore Opéra avait tout oublié de leur désaccord. Égoïste, il ne pensait plus qu’à son propre mal et ne s’intéressait guère de savoir que sa présence pouvait gêner la jeune jument. Il avait besoin d’elle, de savoir qu’elle était là, qu’elle respirait, vivait. Il voulait s’inspirer de sa force pour essayer de combattre le mal qui le bouffait. Il savait qu’il n’y arriverait jamais. Il voulait tout de même essayer, au moins faire semblant devant ceux qu’il aimait pour ne pas les inquiéter. Rose, elle, s’inquiéterait. Il le savait. Ou peut-être voulait-il s’en persuader, essayer de croire que, malgré leurs différends, sa petite sœur continuait de l’aimer comme il l’aimait, qu’elle le soutiendrait.

Le rouquin sentit la chaleur de son corps contre le sien. Il lui sembla, lui, être aussi froid que les tombes qu’il avait visitées, aussi froid que le corps de sa fille qu’il avait abandonnée. L’étalon inspira la chaleur de sa sœur, se gonfla de son odeur. Il voulait croire que la seule présence de sa Maddie réglerait tout, le sortirait d’un très mauvais cauchemar, briserait ses illusions pour lui montrer une tout autre vérité : sa fille n’était jamais née. Aurore expira le parfum de sa petite sœur et fit face à la dure réalité. Il n’aurait jamais la force de renier ce qu’il s’était réellement passé.

L’étalon reprit ses appuis pour ne plus s’appuyer sur la force de Rosie. Il l’avait sentie si fragile sous lui. Il ne voulait pas lui faire de mal, l’emporter à sa suite, lui voler sa chaleur, son odeur, sa vie. Il s’écarta pour la regarder, admirer ce qu’elle était devenue. Il se souvenait vaguement de la tristesse de son départ, des derniers crins qui avaient disparu au coin d’une porte, des bruits de sabots qui s’éloignaient de lui. Il eut envie de s’excuser, de se jeter à ses pieds pour lui demander de le pardonner. Il n’en eut pas le temps. Sa jolie sœur le devança.

Il la fixa sans comprendre de quoi elle pouvait bien se sentir coupable. Il était en faute, assurément. Du début jusqu’à la fin, de tous les maux qu’il semait derrière lui. Si Rosie se sentait responsable, n’était-ce pas encore à cause de lui ? De son allure de mort-vivant ? De cet élan d’affection, de ce désespoir qui l’avait jeté contre sa sœur ? Il ne voyait personne d’autre à blâmer.

Les questions fusèrent et Aurore Opéra se tassa sous leur puissance. Il voulait tout dire à sa sœur, lui avouer tous ses torts, attendre patiemment les reproches, les insultes, les mots qui, peut-être, le sortiraient de ce désespoir qui l’étouffait. Comprendrait-elle ce qu’il avait fait ? Lui en voudrait-elle d’avoir été inutile, d’être un père indigne ? Au fond de lui, il le désirait presque. C’était tout ce qu’il méritait.

Je… J’ai… Que… Maddie !

Il n’arrivait pas à trouver les mots pour expliquer tout ce qu’il s’était passé. Par où devait-il commencer ? Le souvenir du soleil d’hiver sous sa cape de brume le fit grimacer. Au fond de son cœur, il sentait poindre encore un peu de cet amour qui l’avait étreint, trompé. Il se sentait capable de lui pardonner ce geste étrange, incompréhensible, ce petit geste, tout petit geste, qui avait poussé sa fille dans les bras du diable.

Je suis le pire de tous, Maddie, souffla-t-il finalement dans un profond soupir. Elle est morte à cause de moi… Je l’ai tuée !

Et, incapable de se contenir davantage, Aurore Opéra éclata en sanglots, sans arriver à s’expliquer. Mais qu’y avait-il à expliquer ? La vérité était celle-ci. Il avait tué sa propre fille par sa profonde bêtise.
Revenir en haut Aller en bas
Rose Madder

Rose Madder


ÂGE : 27
PUF : PxdxlF/Myulalie
MESSAGES : 272

SEXE DU CHEVAL : Une fleur
TERRITOIRE : Orpheline


Boîte à information.
Arbre généalogique:
Relations & Liens:
Relations & Liens:

Always be there for you Empty
MessageSujet: Re: Always be there for you   Always be there for you EmptyLun 27 Mai 2019 - 15:20

Elle le porta, le porta comme elle portait son fardeau depuis sa naissance.

Son frère ne lui avait jamais reproché sa différence. Au contraire, Aurore Opéra avait tenté de la comprendre, cherché un terrain d’entente entre sa folie à elle et ses rêveries à lui, parce que son frère l’aimait. Et Rose Madder l’aimait aussi, son Oppa qu’elle ne partageait pas. Compulsivement, égoïstement, entièrement. Quand bien-même il était en colère, quand il ne la comprenait pas, même quand il lui en voulait, son frère aîné l’acceptait telle qu’elle était.

Il n’y avait qu’une seule autre personne qui le faisait aussi bien que lui.

Ce n’était pas Hyuna’, qui connaissait sa mère. Ce n’était pas Hallelujah, qui ne la connaissait pas. Ce n’était pas Naëlle, qui ne voyait pas ses travers. Ce n’était pas leurs parents, qui fermaient les yeux sur ce qu’elle était. Ce n’était pas son arrière-grand-mère, qui l’avait rejetée. Ce n’était pas les équidés naïfs qu’elle trompait lorsqu’elle les rencontrait ni ceux qui s’attardaient en pensant la cerner. Bien sûr, ce n’était pas ceux qui l’évitaient. Toutes ces personnes ne rencontraient que ce qu’ils voulaient bien trouver en elle.

La fille d’une amie. Une amie. Une meilleure amie. Une fille. Une arrière-petite-fille. Une nouvelle rencontre. Une évidence. Une inconnue. Un souvenir peut-être. Quelque chose dont on avait désespérément besoin. Une personne à laquelle on accordait sa confiance au fil du temps. Une déception que l’on refusait d’admettre. Un mauvais souvenir. Une incompréhension. Une idée reçue. Quelqu’un à craindre. Toutes ces personnes ne voulaient que ce qui allait leur servir, au lieu de la laisser être celle qu’elle était.

Rose Madder. N’était-elle pas assez bien pour, telle qu’elle ? Vraie ? Etait-ce trop difficile, de faire avec elle comme elle, faisait avec eux ? Apparemment, ça l’était. Rosie ne se sentait capable d’être elle-même qu’avec son frère et la seule personne qui ne pouvait pas l’inventer parce qu’il ne la voyait pas. Il ne la jugeait pas, ne lui imposait pas ce qu’il voulait qu’elle soit car il était trop occupé à essayer d’être quelque chose lui-même, malgré son handicap. Et Maddie le laissait faire. Elle respectait cela et l’acceptait.

Comme il l’acceptait elle. Malgré ses difficultés, Aurore Opéra aussi, l’acceptait.

Alors elle le porta, le soutint comme elle le pouvait, car on ne supportait pas sa famille, il n’y avait pas besoin de se forcer. Et lorsqu’il se détacha, elle ne se sentit pas fatiguée, car cela ne lui demandait aucun effort, d’être la sœur de son Oppa. Rose Madder l’observa, remarqua ce qu’elle avait refusé de contempler lors de leur dernière entrevue. Comme prévu, Aurore Opéra était grand et fort et beau et elle admirait l’étalon qu’il était devenu. Elle refusait de le voir se briser avant même de devenir celui qu’il était censé être.

Il s’effondra. Ce n’était pas seulement qu’il se tassait, non, quelque chose en lui n’allait pas, n’était peut-être plus là, une innocence inébranlable qu’elle avait appris à associer à son frère et qui n’était plus là. De son aplomb, celui que le poulain boudeur avait mué en une assurance élégante avec les années, sans écraser les autres mais au contraire pour les mettre sur un pied d’égalité, avait volé aux éclats. Aurore Opéra n’était plus qu’un moins que rien et Rosie ne pouvait pas l’accepter. Pas son frère. Son frère n’était pas comme leurs parents.

Bien sûr que non tu ne l’as pas tuée, tu es incapable de faire du mal à une mouche.

La remarque lui avait échappé. Comment la retenir, quand c’était la stricte vérité ? Mais tandis que son frère fondait en larmes, laissait éclater une tristesse sans nom qui l’horrifiait, Rose Madder réalisa ce qu’ils venaient d’énoncer, tous les deux. Tuer ? Qui ? Quand ? Pourquoi ? Qui était mort ?  Elle pensa vaguement à Nokhömi, mais se reprit. Les dominants n’auraient pas passé une telle disparition sous silence. Et d’eux deux, le plus susceptible de tuer la pie, c’était probablement elle. Rosie garda cette pensée pour elle et hésita à passer le reste sous silence aussi.

Oppa… que s’est-il passé exactement ? demanda-t-elle finalement. Je veux t’aider, mais il va falloir m’expliquer… qui est mort ? Quand ? Comment ?

Et si c’était bel et bien de sa faute, elle ne l’aimerait pas moins.
Revenir en haut Aller en bas
Aurore Opéra

Aurore Opéra


ÂGE : 28
PUF : Epic (Whale)
MESSAGES : 1199

SEXE DU CHEVAL : Mâle
TERRITOIRE : Terres Secrètes


Boîte à information.
Arbre généalogique:
Relations & Liens:
Relations & Liens:

Always be there for you Empty
MessageSujet: Re: Always be there for you   Always be there for you EmptyDim 2 Juin 2019 - 10:41


Aurore Opéra se noyait dans ses propres larmes. Il ne voyait plus le monde, devinait sa sœur derrière le rideau flou qui recouvrait ses yeux. Cela l’effraya. Il eut soudain peur qu’elle ne disparaisse ou qu’elle n’ait jamais été là. S’il ne la voyait plus… le voyait-elle, elle ? Regardait-elle le minable qu’il était devenu ? Comprenait-elle tout ce qui avait été brisé en lui, piétiné, sacrifié ? Pourrait-il jamais redevenir celui qu’il fut ? Le rouquin ne savait pas, ou plus. Quelque chose, au fond de lui, ne pourrait jamais renaître. Cette naïveté qui avait brillé dans son enfance, dans laquelle il s’était réfugié, qui l’avait enveloppé toute sa vie. Maintenant qu’il la voyait, écrasée derrière lui, l’étalon n’arrivait pas à comprendre ce qu’il lui avait trouvée, pourquoi il s’y était réfugié. Par lâcheté, peut-être. Comme une intuition qui lui disait qu’affronter le monde tel qu’il était ne ferait jamais de lui celui qu’il voulait être, qu’il devait tricher pour y arriver. Il s’était trompé. Voilà où sa bêtise l’avait mené.

Le rouquin releva les yeux. Il se sentait vide, n’arrivait pas à se réorganiser autour de son innocence volée. Il ne savait plus ce qu’il devait faire, penser, avouer. Sa sœur méritait la vérité, mais il ne savait pas s’il pourrait lui résister, y survivre une dernière fois. Une dernière fois ? Aurore savait bien que ce n’était pas vrai. Il lui restait à trouver la force de chercher ses parents, de leur expliquer tout le mal qu’il faisait, d’apprendre à vivre avec cette culpabilité s’il le pouvait. Pourrait-il affronter leurs regards ? Même la colère d’un dieu lui semblait, aujourd’hui, plus supportable que la promesse d’une telle entrevue.

Opéra chercha le regard de sa sœur derrière ses larmes. Il ne savait pas que penser. Il n’arrivait pas à deviner ce que, elle, elle pouvait bien penser. Les mêmes questions revenaient sans cesse. Lui en voudrait-elle ? Cesserait-elle de lui parler ? Déjà, sans savoir l’histoire, sa jolie sœur volait à sa rescousse, niait sa responsabilité. Oui, Aurore Opéra ne ferait pas de mal à une mouche. Tant que cette mouche ne faisait de mal à personne qu’il aimait. L’étalon n’était pas dupe. Il avait goûté, par deux fois déjà, à la violence qui dormait au fond de lui, à cette envie de sang qui pulsait parfois à l’intérieur de son crâne. La première fois, alors qu’il avait perdu sa sœur de vue. La deuxième, alors que le meurtrier de sa fille accomplissait le pire crime de sa vie. Dans les deux cas, le rouquin était passé à deux doigts d’écraser ce monde qui se mettait entre lui et les siens.

Le jeune étalon chercha ses mots, la meilleure façon d’exposer sa situation, de prouver à sa sœur qu’elle se trompait sur lui, qu’elle devait cesser de l’aimer. Au fond, il n’avait jamais été quelqu’un de bien. Il traînait derrière lui un mal bien dissimulé, sournois, qui attendait le bon moment pour frapper. Combien de fois avait-il mis à mal ses parents ? Ses amies s’éloignaient de lui, frappées par ce mal. Même Commedia n’y avait pas échappé. Après tout, n’était-ce pas de sa faute à lui si, dans un instant de panique, elle avait poussé leur fille vers un autre ? Il aurait dû être là à temps. Et s’il n’avait pas été si naïf, il aurait compris les mensonges sous la cape de brume et se serait détourné sans conséquences. S’il avait été intelligent, sa fille ne serait pas née. Sans naître, elle n’aurait pas pu mourir écrasée.

Ma… ma… ma fille, avoua-t-il d’un coup, conscient de la brutalité de la révélation. Je ne sais par où commencer, Maddie. Comment t’expliquer ? (Il détourna le regard, chercha dans le paysage la force et les mots pour continuer.) J’ai rencontré une jument. Si belle, si forte ! Tu l’aurais vue… Elle brillait sous la brume. Il y avait tant de mystères autour d’elle, dans ses yeux… (La vérité le frappa si soudainement qu’il mit quelques secondes avant de l’avouer :) Elle m’a fait penser à maman, le jour où papa et elle se sont rencontrés. Il parlait d’une déesse dans son armure argentée, une guerrière qui savait ce qu’elle voulait mieux que lui ne l’avait fait. J’ai toujours admiré leur histoire, secrètement souhaité de vivre quelque chose de semblable pour enfin comprendre ce qui les liait. Commedia représentait tout ce que j’admire, tout. Alors, pour la première fois de ma vie, j’ai aimé. Ou, du moins, ai-je cru l’aimer comme nos parents s’aiment. J’y ai cru sans comprendre les conséquences de cette erreur. Puis Commedia a disparu. Je l’ai cherchée partout jusqu’à comprendre ce que cela signifiait. Alors je l’ai retrouvée, le jour où notre fille est née.

Aurore Opéra s’arrêta là, la gorge sèche, les larmes figées sur ses joues tandis que son corps entier refusait de verser la moindre goutte de plus. Il fixa ses yeux noirs sur Rosie, chercha dans son regard ce qu’elle pensait de lui. Comment pourrait-il énoncer la suite de cette histoire ? Le souvenir de l’ange aux yeux noirs le fit frissonner. Pourrait-il y résister ? Ou allait-il succomber ?
Revenir en haut Aller en bas
Rose Madder

Rose Madder


ÂGE : 27
PUF : PxdxlF/Myulalie
MESSAGES : 272

SEXE DU CHEVAL : Une fleur
TERRITOIRE : Orpheline


Boîte à information.
Arbre généalogique:
Relations & Liens:
Relations & Liens:

Always be there for you Empty
MessageSujet: Re: Always be there for you   Always be there for you EmptyLun 3 Juin 2019 - 14:07

Rose Madder admirait son frère, car Aurore Opéra avait encore de l’espoir. Son aîné faisait confiance aux autres, croyait qu’ils valaient la peine de… de quoi, exactement ? Leur accorder de son temps ? Ce n’était pas comme si Rosie fuyait les autres équidés comme la peste. Peut-être que son Oppa avait au moins le mérite de leur laisser une chance, celle de ne pas le juger trop vite.

Les autres, se trompaient-ils au sujet d’Aurore aussi ? Maddie eut une moue. Elle était sûre que Nokhömi se faisait des idées à propos de lui. Mais mis à part la pie, qui avaient-ils, comme connaissances en commun ? Aucune ne lui venait. Elle ne considérait pas Naëlle comme une connaissance, car son amie était justement cela : une amie. Quelqu’un en qui elle avait confiance.

C’était implicite, un accord passé sous silence car il n’y avait pas besoin de le verbaliser.

Elle pensa brièvement à leurs parents mais ne s’y attarda pas. Ce n’était pas qu’ils se voilaient la face concernant Aurore Opéra, mais Rosie les voyait si peu que leur avis lui importait à présent très peu. Si on lui demandait le sien, elle dirait que leurs parents n’avaient tout simplement pas de point de vue, sur rien. Le monde les jugeait eux, trop vite et ils se contentaient de cette injustice.

C’était sûrement un malentendu, ce qu’Aurore lui racontait. Et Rose Madder savait déjà que c’était injuste. Son Oppa ne méritait pas ça. Aurore Opéra méritait mieux que ça. Elle était déjà étonnée qu’il soit… père ? Non vraiment, Maddie avait du mal à y croire, car elle ne connaissait pas son frère intéressé par les juments et encore moins sans lui en parler. Mais ils avaient été en froid…

Elle le laisser s’expliquer, sans l’interrompre malgré ses difficultés. La description de la jument l’aidait peu à deviner son identité mais elle ne s’en souciait pas encore. Rose Madder serra les dents mais ne dit rien. Comment osait-elle, détourner l’attention de son frère ? Comment osait-elle, le rendre malheureux, l’accuser de ce qu’il n’aurait jamais fait ? Plus tard, Maddie la trouverait.

Et lorsque cela serait fait… Rose Madder savait que d’eux deux, le plus susceptible de tuer quelqu’un était bel et bien elle. Peut-être qu’elle le prouverait, ce jour là. Mais elle réalisa qu’elle s’était trop avancée. Si elle en voulait encore à l’inconnue d’avoir fait subir une chose pareille à son Oppa, elle croyait comprendre que cette Commedia ne l’avait pas accusé.

Non, c’était Aurore Opéra qui se blâmait. Pire, si Rosie en croyait ce qu’il lui racontait, l’inconnue avait abusé de la confiance de l’entier, l’avait trompé… c’était de sa faute à elle ! Le regard de la jeune jument blanche se durcit et elle peina à parler, parce qu’elle ne voulait pas en demander plus à son frère, mais elle devait savoir. Elle pensait avoir compris.

Elle était forcément avec la pouliche, lors de la mise-bas. N’est-ce pas elle, plutôt, qui l’a tuée ?

Car si cette sorcière lui rappelait leur mère, elle partageait sûrement avec Pearlescence sa tendance à écraser le père de ses enfants, l’accuser à tort, rejeter la faute sur lui. La relation de leurs parents n’était pas belle, pas saine et Rose Madder l’avait compris très tôt. Ungo n’aimait pas leur mère, il la vénérait et s’abandonnait aux moindres de ses caprices sans jamais la satisfaire.

Rosie soupira et tendit l’encolure pour délicatement essuyer les larmes de son frère.
Revenir en haut Aller en bas
Aurore Opéra

Aurore Opéra


ÂGE : 28
PUF : Epic (Whale)
MESSAGES : 1199

SEXE DU CHEVAL : Mâle
TERRITOIRE : Terres Secrètes


Boîte à information.
Arbre généalogique:
Relations & Liens:
Relations & Liens:

Always be there for you Empty
MessageSujet: Re: Always be there for you   Always be there for you EmptyMer 12 Juin 2019 - 8:51


Devait-il en vouloir à Commedia Dell’Arte ? Aurore y avait longtemps réfléchi. Il revoyait la belle jument pousser leur fille vers un inconnu, la donner au diable qui s’en était débarrassé d’un coup de patte rageur. Il ne voulait pas d’une petite chose innocente, il voulait s’emparer de la grande palomino. Cela, le rouquin avait fini par le comprendre. La peur, le désespoir peut-être, avaient poussé la belle jument à se défaire de la chair de sa chair, d’un être qui ne comprenait pas encore dans quel monde on l’avait jeté.

Ce n’était pas de la faute de Commedia Dell’Arte. Cela aussi, Aurore Opéra l’avait compris. L’on ne pouvait rien contre l’instinct de survie, l’envie de vivre au dépens des autres. Lui-même ne savait pas ce dont il était capable pour rester vivant, pour continuer de respirer ce monde vicié. Il n’était pas dupe. Il savait que la mort ne l’attirait pas, qu’il la combattrait avec l’énergie du désespoir. Qui pourrait-il sacrifier pour rester en vie ? Son regard se posa sur la jument devant lui. Sa sœur méritait plus que lui. Pour rien au monde il ne la laisserait mourir. Dans ses yeux noirs, il retrouva le souvenir fugace d’une autre paire d’obsidiennes et son cœur se serra. Cette fois, sa fille n’était pas le sujet de son malheur.

Le rouquin s’étonna des paroles de Rose Madder. Il sentit en lui le besoin de défendre la palomino, de rejeter l’accusation si simple, si facile qui sortait de sa sœur. Elle ne pouvait pas savoir ce qu’il s’était passé, les circonstances du meurtre, sur qui la culpabilité devait retomber. Commedia n’était pas responsable. Aurore refusait toujours d’y croire. Il savait qu’elle l’avait manipulé, mais au fond de lui, il restait toujours un peu de cet amour qui l’avait étreint et qui lui chuchotait à l’oreille que la belle jument n’avait rien fait de mal, qu’il ne fallait pas lui en vouloir, qu’il devait plutôt la retrouver, essayer de la réconforter et lui dire de ne pas s’inquiéter, tout irait bien.

Non, souffla-t-il doucement, Commedia n’est pas responsable.

Comment expliquer à Maddie ce qu’il s’était passé ? Comment pourrait-il mettre des mots sur un acte si horrible ? Pouvait-il imposer cette vision d’horreur à sa jolie sœur ? Aurore Opéra ne voulait pas. Il s’était toujours plongé dans une imagination débordante, dans une réalité déformée par ses rêveries. Il savait que sa sœur n’était pas mieux lotie que lui. Elle lui avait déjà parlé des roses qui éclosent sur sa route, parsèment sa vie de taches colorées. Quel choix avait-il pourtant ? Le poids s’enfonçait en lui, déchirait tout sur son passage. Il devait le cracher, le laisser tomber à terre et l’écraser à jamais.

Un autre étalon est arrivé avant moi. Alors que ma fille se dressait sur ses longues jambes et faisaient ses premiers pas hésitants… (Le souvenir se coinça dans sa gorge.) Il l’a frappée et le petit ange est tombé. Je n’ai même pas eu la force de la venger. Quel père suis-je ? Incapable de retrouver la mère de ma fille, en retard le jour de sa naissance et pétrifié devant sa mort, impuissant. Si j’étais arrivé plus tôt…

Aurore Opéra détourna le regard. S’il était arrivé plus tôt, il aurait recueilli l’enfant fragile. Il l’aurait protégé de sa vie, aurait été un mur invincible sur la route du mal suprême. Il aurait renversé le diable et se serait assuré de la sécurité de sa fille. Ou il se serait incliné, comme le faible, le lâche qu’il était. Et sa fille serait morte, encore une fois. Abandonnée par le dieu qui aurait dû la sauver. Sa responsabilité remontait à plus loin, à sa première rencontre avec la belle Commedia Dell’Arte. À ce jour de brume sur la Montagne Sacrée où il avait commencé à l’aimer.

Si je n’avais pas été si bête, rien de tout ceci ne serait arrivé… Les conséquences s’étendent si loin… Je ne peux plus rien faire pour les arrêter. Ils ont raison de m’en vouloir, je ne suis pas quelqu’un de bien.
Revenir en haut Aller en bas
Rose Madder

Rose Madder


ÂGE : 27
PUF : PxdxlF/Myulalie
MESSAGES : 272

SEXE DU CHEVAL : Une fleur
TERRITOIRE : Orpheline


Boîte à information.
Arbre généalogique:
Relations & Liens:
Relations & Liens:

Always be there for you Empty
MessageSujet: Re: Always be there for you   Always be there for you EmptyJeu 13 Juin 2019 - 16:42

On lui avait lavé le cerveau, songea Rose Madder en fixant Aurore Opéra, incrédule. Cette comédienne, elle ne s’était pas contentée de séduire son frère aîné, de l’embobiner, lui briser le cœur à coup sûr et le convaincre qu’il était responsable de la mort de la pouliche, non cette traînée lui avait fait un lavage de cerveau, pur et simple. Complet.

Elle avala la salive qu’elle voulait cracher aux sabots de l’étalon. Rosie ne savait pas comment remédier à cette folie qui s’était emparée de son Oppa. Elle se contenta donc d’écouter la suite, les yeux voilés par de la tristesse, non pas pour une nièce qu’elle ne connaissait pas et dont elle ne voulait pas mais pour son frère, à qui on avait fait du tort.

La jeune jument battit des cils. Cette fois, elle comprenait. Si l’assassin n’avait pas de nom, la mort de la pouliche avait au moins une explication. Maddie hésita, ne sachant pas tout à fait quoi faire. Que pouvait-elle apporter à son frère, comment l’aider ? Elle voulait, bien sûr, le soutenir mais la rage qui bouillonnait en elle était sombre et peu digne de son rayon de soleil.

De ce que tu me dis, elle ne voulait pas que tu assistes à la naissance. L’assassin, cette Commedia connaît forcément son nom. Il faut la retrouver et tirer tout ça au clair.

Rosie inspira profondément et expira énergiquement. Elle trouverait la jument et lui ferait payer. Qui était-elle ? Comment osait-elle infliger une chose pareille à Aurore Opéra ? Et que leur restait-il, maintenant que le mal était fait ? La blanche se rapprocha, effleura le chanfrein de son frère et repoussa quelques crins en arrière. Elle voulait avant tout l’aider.

Tu peux encore devenir quelqu’un de bien.

Elle sourit tristement, car elle-même doutait de pouvoir le faire. Se rapprochant un peu plus de son aîné, Rose Madder l’enlaça, chercha à lui communiquer un peu de son soutien, lui donner la chaleur dont il devait manquer après des journées à broyer du noir, dans les profondeurs glacées de la culpabilité. Il méritait mieux que cela.
Revenir en haut Aller en bas
Aurore Opéra

Aurore Opéra


ÂGE : 28
PUF : Epic (Whale)
MESSAGES : 1199

SEXE DU CHEVAL : Mâle
TERRITOIRE : Terres Secrètes


Boîte à information.
Arbre généalogique:
Relations & Liens:
Relations & Liens:

Always be there for you Empty
MessageSujet: Re: Always be there for you   Always be there for you EmptyMar 18 Juin 2019 - 8:40


Aurore Opéra revivait sans cesse la mort de sa fille. Il avait beau tourner le dos à l’apparition, fuir au grand galop, il revenait inlassablement au lieu de son exécution, éternel spectateur d’un crime impuni. Il en rêvait, quand ses yeux, enfin, acceptaient de se fermer sur le désespoir de sa nouvelle vie pour le tirer dans l’obscurité de ses souvenirs. Ce n’était pas de se réveiller au beau milieu de son sommeil, en sursaut, arraché à ses cauchemars, qui le dérangeait le plus. C’était de rester coincé dedans, ne pas réussir à s’en sortir avant le moment fatidique. Revoir le bel ange cracher ses ailes blanches et se consumer dans les flammes de l’enfer… Il ne supportait plus cette vue.

Les mots ne le libérèrent pas de ce poids qui creusait son dos. Opéra sentait en lui le besoin vital de se confier à sa sœur, mais il savait qu’il ne pourrait pas s’arrêter là. Il avait besoin de demander pardon. À ses parents, à sa fille dont il ne connaissait pas le nom, à la mère de sa fille aujourd’hui disparue, à Naëlle qu’il avait négligée et qui méritait mieux, à Nokhömi qu’il n’avait plus revue depuis trop longtemps. À Rosie qui le soutenait quoi qu’il arrive.

Non, refusa-t-il aux mots de sa sœur. Elle aussi, elle a perdu une fille. Elle a besoin d’aide.

Le rouquin gardait en lui une gentillesse maladive et une pointe d’amour qui le poussait à déculpabiliser la belle palomino. Il la retrouverait, oui. Il la retrouverait pour l’aider à faire son deuil, pour lui dire que tout irait bien, qu’elle ne devait pas pleurer. Il ne pouvait pas imaginer que Commedia Dell’Arte ne soit pas touchée par le drame. Il refusait d’y croire. Peu importait la force de la jument qui l’avait ébloui. Au fond, elle restait une mère qui avait vu mourir l’ange porté pendant onze mois. Même Commedia ne pouvait pas se battre contre un lien comme celui-ci.

Comment ? couina-t-il, sans arriver à croire les mots de Maddie. Je ne fais rien comme il faut. Regarde-nous, Rosie. Je n’ai jamais été là pour toi. Tu as grandi sans moi, parce que je suis trop bête pour comprendre le monde. Même Naëlle… (Il se racla la gorge et fuit son regard, profitant du silence pour se blottir contre sa sœur tant qu’il le pouvait encore ; que dirait-elle si elle savait pour le nouveau feu qui tentait de brûler en lui ?) Je ne serai jamais quelqu’un de bien, Maddie. Je ne mérite pas cet enfant qui n’a pas eu le temps de vivre.

Aurore garda pour lui le reste de ses pensées. Au fond, il savait qu’il ne méritait pas non plus sa sœur, qu’elle ferait mieux de passer son temps au chevet de quelqu’un d’autre, de se battre pour quelqu’un d’autre. Mais Opéra avait toujours été égoïste. Donner un mot à cette certitude, c’était permettre à sa jolie sœur de le quitter, lui donner son accord pour le fuir. Il ne voulait pas qu’elle le fuit. Il avait besoin d’elle près de lui. Il voulait garder Inanna juste pour lui… mais comment expliquer à la déesse de l’amour qu’il se laissait avoir trop facilement ? Peut-être n’était-ce pas de l’amour, finalement. Peut-être avait-il besoin de se raccrocher à quelqu’un, de croire qu’il voulait de cette personne dans sa vie, qu’il voulait son bien, mais qu’au final, il n’était qu’un poison, un parasite opportuniste. Un vampire qui aspire leur vie jusqu’à la dernière goutte et qui laisse derrière lui les corps vides pour passer à sa prochaine victime.

Je crois que je l’aime, cracha-t-il comme le vice le plus noir de son existence, comme si le simple fait de le nommer pouvait faire taire cet amour qui battait en lui, comme un cauchemar qui disparaîtrait aussitôt dit.
Revenir en haut Aller en bas
Rose Madder

Rose Madder


ÂGE : 27
PUF : PxdxlF/Myulalie
MESSAGES : 272

SEXE DU CHEVAL : Une fleur
TERRITOIRE : Orpheline


Boîte à information.
Arbre généalogique:
Relations & Liens:
Relations & Liens:

Always be there for you Empty
MessageSujet: Re: Always be there for you   Always be there for you EmptyMar 18 Juin 2019 - 12:13

Rose Madder baissa les yeux. Un tapis de roses recouvrait le sol à leurs pieds et elle se perdit dans sa contemplation pendant de longues minutes de silence. Elle supposait que la fille de son frère, celle qui aurait dû être sa nièce, méritait au moins ça. Un peu de silence.

La blanche ne savait pas trop quoi faire de cette idée étrange. Être tante. De qui ? Pourquoi ? Aurore Opéra espérait-il être un oncle, un jour ? Elle ne savait pas s’il connaissait leur cousine, l’imaginait mal s’occuper d’elle comme son Oppa s’était occupé de Maddie.

Peut-être qu’elle se trompait. Il avait après tout copulé avec cette Commedia Dell’Arte. L’idée était dérangeante. Rosie ne voulait pas savoir ce genre de chose. Elle ne voulait pas non plus d’un neveu ou d’une nièce, ne savait pas si elle en voudrait un jour.

Tout dépendait de la mère.

Visiblement, celle-là n’avait pas été digne d’Aurore Opéra et si Rose Madder contint une remarque acerbe pour ne pas blesser son frère, elle n’en pensait pas moins. C’était lui, qui avait besoin d’aide et cette Cruella d’Enfer qui aurait dû la lui apporter.

Il se contenterait de Rosie, qui ferait de son mieux. Elle aurait aimé pouvoir dire que c’était assez mais la vérité, flagrante et blessante, ne pouvait être ignorée. Maddie ne suffisait pas à son Oppa. Et lui, suffisait-il à Rose Madder ? Elle n’aurait su le dire.

“ Très bien, si c’est ce que tu veux. ”

Cela ne servait à rien de le contredire. Et qu’il la cherche pour lui demander des explications ou lui offrir des excuses, cela ne changeait pas le résultat : ils la trouveraient. Si ça pouvait aider Aurore Opéra, lui faire du bien, de s’excuser et d’apporter son soutien à la jument…

Qui était-elle pour l’en empêcher ? Rose Madder n’était que sa sœur et il venait de lui confirmer qu’il avait besoin d’elle, mais qu’elle ne pouvait pas vraiment lui apporter ce qu’il voulait. Elle tâcha de ne pas s’en offusquer.

Moi non plus, je n’étais pas là pour toi… je te fuyais ou je te repoussais sans jamais te confier ce qui me contrariait.

Son Oppa était loin d’être bête. Elle redressa brusquement la tête à l’entente d’un prénom familier. Naëlle ? L’avait-il revue, depuis le ras-de-marée à l’Archipel des Boucaniers ? Pourquoi, comment, combien de fois ?

“ Tu ne mérites pas ce qui t’es arrivé, répéta-t-elle fermement. ”

Elle battit des cils, confuse. Il l’aimait ? Qui ? Commedia Dell’Arte ? Naëlle ? Mais d’où cela sortait-il ? Rosie ne comprenait rien, elle recula d’un pas, ne sachant pas quoi dire ou faire. Que comprendre ?

Tu… qui ?
Revenir en haut Aller en bas
Aurore Opéra

Aurore Opéra


ÂGE : 28
PUF : Epic (Whale)
MESSAGES : 1199

SEXE DU CHEVAL : Mâle
TERRITOIRE : Terres Secrètes


Boîte à information.
Arbre généalogique:
Relations & Liens:
Relations & Liens:

Always be there for you Empty
MessageSujet: Re: Always be there for you   Always be there for you EmptyJeu 20 Juin 2019 - 9:59


Aurore Opéra se perdait lui-même dans les sentiments qui l’étreignaient. Il ne savait plus à partir de quand ils avaient commencé à se manifester. Ni lesquels il devait privilégier. Au fond de lui se mélangeaient la peur, la haine, le désespoir, la culpabilité. Et par-dessus cette bouillie de mauvaises émotions, l’amour tentait de se faire sa place, de réchauffer cette étrange soupe sur laquelle la mort avait soufflé.

Devait-il se laisser aller au désespoir ? Le rouquin se savait capable de sauter dans le vide si on lui promettait que, de la sorte, il pourrait revoir sa fille, lui dire combien elle était belle, l’aimer comme le père qu’il aurait dû être.
Devait-il se laisser aller à la haine ? Elle bouillait tout au fond de lui, nourrie par des souvenirs dangereux, des envies de sentir couler le sang qui amenaient, dans sa gorge, le goût du fer, la brûlure de la violence. Il pouvait se lancer à la poursuite du meurtrier. Il n’était peut-être pas trop tard. Le diable devait traîner derrière lui les traces du mal suprême, comme une traîne ensanglantée qui marquait la terre à vie.
Devait-il se laisser aller à la culpabilité ? Aurore ne pouvait pas vivre avec elle. Elle le bouffait de l’intérieur, lui donnait des nausées et l’étouffait. Comment pourrait-il faire face à Commedia, à Rosie, à ses parents ? À Naëlle ? Coupable, il devenait dangereux. Dangereux, il ne pouvait plus vivre avec ses amis. Il devrait fuir, se cacher et mourir, incapable de supporter la vie de solitaire, écrasé par le maillet du juge.
Devait-il se laisser aller à la peur ? Elle le poussait à se cacher, à se recroqueviller contre Rose Madder. La peur lui hurlait de se protéger de tout, de lui-même avant tout. Elle le pousserait à commettre des atrocités, juste pour se protéger. À quoi bon vivre s’il devait le faire au dépens des autres ? Mais la peur de mourir serait plus forte que tout le reste. Il était trop faible pour lui résister.

Ne lui restait que l’amour, comme une affreuse bouée de secours, un plan B cruel pour le maintenir en vie. De la lâcheté à l’état pur, bercée par sa naïveté. Aurore Opéra se bernait lui-même, incapable de comprendre les arrières-pensées de son inconscient. Comment pouvait-il exiger des autres la vérité, s’il ne faisait que se mentir à lui-même ? Comment exiger de Naëlle qu’elle ne profite pas de lui quand lui-même ne se gênait pas pour le faire ? Tout ceci amena à ses lèvres un profond soupir qu’il cracha au-dessus du garrot de sa sœur et laissa, au fond de lui, un vide immense qu’il ne pourrait jamais combler.

Naëlle est devenue dominante, dit-il comme s’il s’agissait de la réponse à toutes les questions.

Il comprenait, à présent, ce qui le rapprochait le plus de son père. Ce n’était pas son allure, détruite par l’expérience de la mort la plus infâme au monde. Ce n’était pas sa gentillesse qui, au final, n’avait rien de gentil. C’était ce besoin irrépressible d’être aimé, de se raccrocher à quelqu’un, de chercher l’appréciation, l’amitié. Il avait besoin des autres pour survivre, il ne pouvait pas vivre seul. Alors, comme son père avant lui, il se laissait faire, il faisait ce qu’on lui disait, il inclinait la tête et disait oui. Oui comme un bon béni-oui-oui, un gamin qui cachait, derrière son sourire d’ange et ses petites attentions, un besoin presque vital de récupérer un bon point ou un câlin.

Non, ce n’est pas de l’amour, cracha-t-il alors que l’amour de ses parents prenait un nouveau visage. C’est pire, malsain. Je suis comme papa. (L’évidence lui sautait aux yeux et l’étouffait désormais.) Ce n’est pas bien. Je ne peux plus rien fait contre ça. Ce mal est déjà en moi. Dis-moi que tu le vois, Maddie.
Revenir en haut Aller en bas
Rose Madder

Rose Madder


ÂGE : 27
PUF : PxdxlF/Myulalie
MESSAGES : 272

SEXE DU CHEVAL : Une fleur
TERRITOIRE : Orpheline


Boîte à information.
Arbre généalogique:
Relations & Liens:
Relations & Liens:

Always be there for you Empty
MessageSujet: Re: Always be there for you   Always be there for you EmptyLun 1 Juil 2019 - 9:54

Rose Madder dévisagea son frère. Sa sympathie commençait à s’étouffer, car elle était incapable de changer les choses et voulait simplement voir Aurore Opéra aller mieux. Ce n’était pas normal d’être si triste, songea-t-elle. Peut-être était-ce là ce qui différenciait son Oppa des autres, des sentiments si puissants qu’ils le laissaient démuni. Elle-même n’était pas la jument la plus normale du coin.

Sa culpabilité n’avait pas de sens, mais elle se garda bien de le lui dire. Ni ses paroles et elle plissa les yeux, confuse, lorsqu’il lui annonça que Naëlle était devenue dominante. Rosie le savait, ça. Elle hocha lentement la tête pour ne pas le contrarier, se demandant ce que cela avait à faire dans la conversation. Elle confia même la proposition que son amie lui avait faite, pensive.

 Je sais. Elle m’avait proposée d’être son bras droit mais j’ai refusé, je ne suis pas faite pour ça, ça ne m’intéresse pas. ”

Elle sursauta lorsqu’Aurore Opéra retrouva un peu de vigueur et cracha quelques mots qui la rassurèrent. Il ouvrait enfin les yeux, peut-être comprendrait-il qu’il avait tort de se flageller ainsi ? Maddie retrouvait espoir et battit des cils, plutôt d’accord avec lui même si elle ne voulait pas l’avouer. Il n’aurait pas fallu que son frère retombe dans la déprime.

“ C’est vrai que papa est un peu comme ça aussi et que ce n’est pas sain, mais tu le sais alors tu peux travailler là-dessus pour ne pas tomber dans les mêmes travers et je serai là pour te guider sur le droit chemin. ”

Rose Madder sourit, tâchant de se montrer rassurante.
Revenir en haut Aller en bas
Aurore Opéra

Aurore Opéra


ÂGE : 28
PUF : Epic (Whale)
MESSAGES : 1199

SEXE DU CHEVAL : Mâle
TERRITOIRE : Terres Secrètes


Boîte à information.
Arbre généalogique:
Relations & Liens:
Relations & Liens:

Always be there for you Empty
MessageSujet: Re: Always be there for you   Always be there for you EmptyMer 3 Juil 2019 - 15:17


Elle le savait. Aurore Opéra s’en rendait compte maintenant. Il n’y avait bien eu que lui pour se laisser berner jusqu’au bout. Il n’existait que lui d’assez bête pour ne pas voir ce qui paraissait évident au monde entier. Ou peut-être Naëlle lui en avait-elle parlé. Comme une confidence à une bonne amie, un secret qui n’en était un que pour lui. Aurore aurait pu se sentir flatté, traité différemment des autres peut-être parce qu’elle l’estimait. Il en doutait. Quelque chose lui disait qu’il devait s’attrister, comprendre qu’il avait été manipulé. Peut-être qu’elle ne lui avait rien dit parce qu’elle se fichait bien de lui, de son avis, de le mettre au courant de sa vie. Après tout, Naëlle n’avait pas fait grand cas de la mort de sa fille, comme une anecdote qui passait devant elle sans la toucher. Était-il seulement son ami ?

La vérité sortit de la bouche de sa sœur qui avoua savoir. Au fond, Aurore Opéra s’en était toujours douté. Il comprenait peu à peu qu’il était sûrement le dernier de l’île à avoir été mis au courant. Le vilain canard qui apprenait les choses avec un temps de retard, parce que sa propre vie l’empêchait de s’intéresser à celle des autres. La suite plut moins encore à l’étalon qui se referma sur lui-même. Elle lui avait proposé un poste, à sa jolie sœur. Un bras droit pour la Déesse des Secrets, une guerrière pour l’épauler dans son rôle dangereux. Aurore n’aimait pas ce rôle, ni celui de dominant, ni celui de bras droit. Tout ce danger lui hérissait le poil. Il félicita intérieurement Rose Madder. Il ne voulait pas la savoir en danger.

Aurore Opéra ne dit rien de ses pensées. Il sentait que sa sœur et lui ne se comprendraient jamais, que le sujet ne méritait peut-être pas d’être évoqué. Lui-même posait un nouveau regard sur ce qui s’agitait au fond de lui, comme un poison auquel il devrait vite trouver un remède. Ce n’était pas de l’amour. Ce ne pouvait pas être de l’amour. Cette prise de conscience ramena en lui le besoin de revoir ses parents, de contempler le mal qui les rongeait et, pourtant, continuait de les lier l’un à l’autre. Rose avait raison. Il pouvait encore s’empêcher de vivre la même chose. Il devait changer.

Merci, souffla-t-il à sa sœur.

Dans ce mot, il cachait tant de choses qu’il n’aurait jamais assez d’énergie pour les énumérer. Sa petite Maddie faisait beaucoup de choses pour lui et, à bien y regarder, il n’avait pas l’impression de lui rendre la pareille comme il le devrait. Où était-il si elle avait besoin d’aide ? Avait-il seulement essayé d’écouter ses problèmes à elle ? Les derniers en date parlaient de dominance et d’héritage, une affreuse histoire sur laquelle il espérait ne jamais avoir à revenir. Peut-être n’était-ce que cela, leur relation. Une lâcheté incommensurable qui gardait Aurore loin des soucis de sa cadette. Il était temps de changer la donne.

L’étalon se recula de quelques pas et fixa ses yeux noirs dans ceux de Rose Madder.

Et toi alors ? Que deviens-tu ? Tu me parais si grande maintenant…
Revenir en haut Aller en bas
Rose Madder

Rose Madder


ÂGE : 27
PUF : PxdxlF/Myulalie
MESSAGES : 272

SEXE DU CHEVAL : Une fleur
TERRITOIRE : Orpheline


Boîte à information.
Arbre généalogique:
Relations & Liens:
Relations & Liens:

Always be there for you Empty
MessageSujet: Re: Always be there for you   Always be there for you EmptySam 6 Juil 2019 - 6:01

Les paroles d’Aurore Opéra la rattrapèrent finalement. Rose Madder ferma les yeux et hocha la tête comme pour accepter ses remerciements. En réalité, elle s’interdisait de voir un tapis de roses fleurir à leurs pieds, car elle venait de comprendre autre chose.

« Je crois que je l’aime. »

« Naëlle est devenue dominante. »

« Ce n’est pas de l’amour. »

Depuis quand se connaissaient-ils ? Aux dernières nouvelles, Naëlle et Aurore Opéra ne s’étaient rencontrés qu’une fois, lors d’un ras-de-marée. Maddie eut un haut le coeur. Pourquoi le lui avoir caché ? Naëlle était sa meilleure amie, Oppa son frère adoré !

Aurore Opéra avait toujours haït la simple idée de l’ambition. Il ne supportait pas le pouvoir lorsqu’il lui était confié et leur première dispute été née de ce conflit d’intérêt. Son Oppa servait les intérêts des autres avant les siens et savoir que Rosie…

Que Rosie était égoïste et avide de plus, tout ce qui pourrait remplir le trou béant qu’elle avait à la place du cœur et qui crachait des fleurs fanées dans un monde vicié pour en embellir la déchéance, il ne l’avait pas supporté, parce qu’il avait toujours cru le contraire.

Aux yeux d’Aurore Opéra, ou du moins c’était comme ça que Rose Madder le concevait, sa jeune et belle sœur apportait au monde la beauté qu’il manquait. Il ne pouvait accepter qu’elle s’y complaisait avec aisance, car cela aurait signifié que lui aussi en était entâché.

A cause d’elle. Peut-être se trompait-elle, mais Rosie en doutait. Aurore Opéra avait été égoïste aussi, pour la première fois ou la énième fois, elle ne savait pas comment il voyait ses bouderies enfantines et pensait l’avoir payé avec la mort de sa fille.

Et tout ce qui avait suivi, probablement. Maddie se demanda encore quand et comment son frère aîné s’était amouraché de son amie préférée. Comment cela se faisait-il, qu’aucun d’eux ne lui en ait parlé ? Ne lui faisaient-ils pas confiance ?

Ou bien… avaient-ils eu peur de sa réaction ? Il ne lui vint pas à l’esprit qu’aucun des deux n’avait peut-être même songé à lui confier ce qui les animait car eux-mêmes dépassés par la tournure de leurs pensées les plus intimes. Cela ne la regardait pas.

Mais lorsque Rose Madder rouvrit les yeux, elle ne vit qu’un tapis de roses ensanglantées par le sentiment d’avoir été trahie. Mais peut-être les avait-elle trahie en premier, surtout Aurore Opéra, en lui donnant l’impression qu’elle verrait d’un mauvais œil cette relation.

Car maintenant qu’elle avait ouvert les yeux, la jument blanche réalisait qu’elle ne pouvait espérer mieux pour son frère. Elle approuvait de Naëlle et avait toujours souhaité à son amie de trouver quelqu’un de l’acabit d’Aurore Opéra, encore plus aujourd’hui.

Rosie pouvait bien le partager avec la seule à s’être montrée digne d’elle et de lui. Naëlle s’intéressait sincèrement à Aurore Opéra et Aurore Opéra n’avait aucun intérêt pour le pouvoir que détenait à présent Naëlle.

Quant à Maddie, elle était une fois de plus bien placée pour ne jamais subir la colère des dieux ni être menacée par l’un des dominants de l’île. Elle sourit enfin. Les roses redressèrent l’échine et prirent une teinte plus vivace tandis qu’elle croisait le regard de son frère.

Elle le laisserait se résoudre à l'inévitable et résoudre ses problèmes de cœur lui-même.

Je vais bien. Je cherche des humains parce que j’ai remarqué des choses étranges sur l’île. Mais je suis très prudente ! J’ai demandé de l’aide autour de moi et j’essaye de prévenir tout le monde avant qu’il ne soit trop tard. Mais d'abord, il me faut des preuves sinon, personne me croira.

Quand bien-même Blind Spot considérait les humains comme sa « maison » , Rose Madder ne pouvait s’empêcher d’être inquiète pour l’étalon brun. Il était aveuglé par son passé et elle voulait s’assurer qu’il ne lui arriverait rien.

Elle se redressa et bomba le poitrail dans un rire enfantin, incapable de faire de l’ombre à Aurore Opéra même en levant bien haut le menton. Avec ses jambes fines et son corps effilé, Rose Madder n’était que la moitié de son frère, en plus clair.
Revenir en haut Aller en bas
Aurore Opéra

Aurore Opéra


ÂGE : 28
PUF : Epic (Whale)
MESSAGES : 1199

SEXE DU CHEVAL : Mâle
TERRITOIRE : Terres Secrètes


Boîte à information.
Arbre généalogique:
Relations & Liens:
Relations & Liens:

Always be there for you Empty
MessageSujet: Re: Always be there for you   Always be there for you EmptyMer 10 Juil 2019 - 8:17


Aurore Opéra réalisa soudain qu’ils n’avaient jamais pris le temps de parler de leurs amis. Lui savait que Rose et Naëlle s’appréciaient, c’était grâce à ce lien entre elles qu’il avait rencontré la pouliche pie. Elle savait qu’Aurore nourrissait une amitié assez forte avec une autre pie, Nokhömi, mais sa sœur avait moins bien pris cette relation. À bien y penser, le rouquin se demanda s’il existait une fois où ils auraient pu prendre le temps de se parler d’eux-mêmes sans se disputer. La réponse à cette question flotta un instant dans son esprit, mais il refusa de l’attraper au vol. Il ne voulait pas comprendre la dure vérité des frères et sœurs maudits qu’ils étaient.

L’étalon releva les yeux sur le paysage autour de lui. Les Orphelines n’étaient pas une terre pour lui, un Secret. Il se sentait de trop, comme un étranger, un parasite qui venait fouiner là où l’on ne voulait pas le voir. Il savait qu’une partie de sa famille vivait ici, mais il n’arriverait sûrement jamais à se résoudre à piétiner les terres d’un autre dominant.
Sauf que sa jolie sœur habitait ici. Comment pourraient-ils se tenir l’un et l’autre au courant de leur vie respective avec cette frontière entre eux ? Opéra lui-même s’énerva de ses principes, sans arriver à les renier. Il se sentait plus fidèle aux siens, plus légitime d’être Secret, en ne venant pas squatter les territoires dominés voisins. Alors comment faire ? La tragédie dont il était un acteur inutile, comme un pot de fleur posé en coin de scène, lui donnait l’envie, le besoin presque vital, de confier ses futures rencontres à sa sœur. Et les passés également, comme pour rattraper le temps perdu. Mais il ne voulait pas venir sur les Orphelines car il n’était pas Orphelin.

Devait-il quitter les siens ?

Des humains ? (Il releva soudain la tête, tiré de ses pensées.) Sur l’île ?

Cette violence qu’il ne se connaissait que rarement, qui ne le quittait plus depuis la mort de sa fille, revint nourrir le feu dans sa gorge. Aurore se redressa de toute sa hauteur, sa tristesse écrasée par la peur du danger que pouvait courir sa sœur. Il carra les épaules, se campa bien droit sur ses jambes et regarda autour de lui. Ses muscles chauffèrent sous sa peau, réveillés après une trop longue léthargie. Le danger imminent ramena à lui un besoin plus ancien, ancré dans ses veines depuis son enfance. Il était temps pour lui de se reprendre en main. Il était encore capable de protéger quelqu’un.

Non ?

Le doute l’assaillit, puissant, comme un poison auquel il ne pouvait pas échapper, qui ne connaissait aucun remède. Le souvenir de sa fille ne le quitterait jamais tout à fait. Il avait été inutile, incapable d’empêcher sa mort. Si d’autres devaient mourir à cause de lui, il ne se le pardonnerait jamais. Mais comment pouvait-il protéger ceux qu’il aimait ? Rose n’accepterait jamais. Nokhömi… il ne l’avait plus revue depuis un certain temps. Naëlle ne voulait plus de lui. Sa cousine avait une mère et un père dominants. Hallelujah appartenait à un autre clan. Il ne restait que lui, plongé dans une solitude qu’il ne pourrait pas supporter toute sa vie.

Si ce que tu dis est vrai, Rosie, il faut être très prudent. Promets-moi de n’enquêter jamais seule. Je vais prévenir… (Naëlle… qui lui avait dit au revoir comme un adieu définitif. L’avait-elle banni de ses terres ? L’interrogation lui coupa le souffle quelques secondes.) Ceux que je connais. Fais attention à toi, s’il te plaît.

Premier pas vers le changement : arrêter de materner sa petite sœur adorée. Pari à moitié gagné… Il ne pouvait pas vraiment s’en empêcher.
Revenir en haut Aller en bas
Rose Madder

Rose Madder


ÂGE : 27
PUF : PxdxlF/Myulalie
MESSAGES : 272

SEXE DU CHEVAL : Une fleur
TERRITOIRE : Orpheline


Boîte à information.
Arbre généalogique:
Relations & Liens:
Relations & Liens:

Always be there for you Empty
MessageSujet: Re: Always be there for you   Always be there for you EmptyMer 10 Juil 2019 - 14:16

Rose Madder avait hâte de changer de paysage, les Terres Orphelines ne la satisfaisaient jamais bien longtemps. Heureusement, elle pouvait s’inviter partout et adorait s’infiltrer sur les territoires de ses amies. La jument blanche cultivait ses amitiés, parfois pour les mauvaises raisons, mais elle savait profiter des bénéfices que celles-ci lui apportaient. Elle sourit donc à son frère en hochant vivement la tête.

“ Je crois bien ! Je vais bientôt aller sur les Terres Secrètes pour me renseigner, je passerai te dire bonjour et sinon, on pourra se croiser sur les Terres Libres ! Et après, direction les Terres Trompeuses. ”

Aurore Opéra s’était redressé de toute sa hauteur et elle l’admira un instant, rassurée. Peut-être que cette information là lui changerait les idées et l’aiderait à moins penser à sa mésaventure. Rosie ne s’attendait pas à ce qu’il l’oublie, même si elle aurait préféré que son envie de retrouver Commedia Dell’Arte disparaisse.

Maddie pourrait se charger de ce projet là en plus de son enquête. Avec un peu de chance elle pourrait même donner la jument en pâture aux humains ! Voilà qui semblait être un bon plan pour se débarrasser de celle-là sans être incriminée. Très fière d’elle-même, la jeune jument hocha de nouveau la tête.

“ Promis, j’ai pleins d’amis avec qui enquêter, Naëlle, Hallelujah, Blind Spot et je connais d’autres personnes aussi, Hyuna’, Final Act, Ace of Hearts, Blake... 

Elle ne mentionna pas Nokhömi parce qu’Aurore Opéra aurait remarqué que son ton enjoué ne l’était pas pour les bonnes raisons. Rose Madder se contenta donc de sourire, les yeux pétillants. Elle s’approcha de son frère pour une dernière étreinte, enfouissant sa tête sous ses crins. Il était temps de dire au revoir.

Allez, le devoir m’appelle ! A bientôt Oppa ♥ !
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Always be there for you Empty
MessageSujet: Re: Always be there for you   Always be there for you Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Always be there for you
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Horse-Wild :: LES TERRES ORPHELINES :: LA MAISON HANTÉE-
Sauter vers: