Albiréo

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ALBIRÉO

L'averse s'était abattue comme l'aurait fait un fléau, sans prévenir et sans remords. Elle avait cependant battu la terre avec bien plus de tendresse et, comme sachant déjà qu'elle était éphémère, elle n'avait pas même envahi le ciel de son ire. La pluie était tombée, arrière-pensée ou idée retardataire, sans que la voûte céleste n'ait chassé son bleu céruléen ou ses quelques nuages moutonneux. La journée demeurait belle, mais elle était devenue humide. Certaines gouttes creusaient leur chemin jusqu'au sol, tandis que d'autres s'égaraient au creux des pétales, curieuses de goûter au nectar que les abeilles convoitaient tant. Les dernières contribuaient à l'allure pataude des bourdons qui vrombissaient bas, alourdis par ces aventurières et par le pollen.

Sorrow n'était quant à lui recouvert que d'un fin manteau dégoulinant, dont les fils s'usaient déjà et pendaient, tombaient au sol. Il pourrait bientôt se considérer comme revêtu des habits neufs de l'empereur. En attendant, il secouait sa crinière pour en déloger le nuage d'orage, cillait pour convaincre les perles de rejoindre une autre huître. Il avait été surpris comme le reste de la nature et demeurait un peu hébété. Juché en haut d'un des simulacres de colline qui caractérisaient l'endroit, il était à la fois le roi de la butte et l'offrande ignorante du caprice printanier qui venait d'avoir lieu. Les averses de printemps s'abattaient parfois dans le verger tentateur, pelant presque les arbres pour les convaincre de produire plus de fruits, mais il ne les avaient jamais appréciées. Il pleuvait déjà bien assez sur les terres perpétuellement éplorées d'Hadès.

L'endroit n'était pas aussi giboyeux et fécond que la grande plaine illuminée, gouvernée par Flora. Le bon temps avait pourtant embelli les Verts Vallons et approfondi sa nuance éponyme. L'herbe y était d'une teinte qui rappelait presque celle du golfe d'émeraude. Les fleurs se répandaient sur les pentes comme des cascades plus ou moins jaillissantes, trouvant leur source au sommet et se dispersant vers le bas pour se répandre dans la vallée. Celles qui descendaient de son fief s'étaient gorgées du jaune solaire et couvaient des voisines imbibées du bleu céleste.

La paix aurait aisément pu flâner ici, mais elle aurait tout aussi bien pu trébucher. L'herbe était après tout glissante de pluie et les côtes devenaient parfois abruptes, incertaines.

Sorrow s'était débarrassé de ses dernières larmes factices. Il fit un pas en avant, sans savoir exactement ce qu'il désirait faire. L'endroit était apparemment vide, ce qui contribuait à l'apaiser. Les nouvelles de Hyuna' n'avaient pas été reposantes, la rencontre de Kokoï n'avait enduit les plaies d'aucun onguent. Le printemps était beau, comme à son habitude, mais l'île semblait dissimuler quelque chose qu'il ne souhaitait pas connaître. Il n'avait pas particulièrement envie de faire face à l'adversité.

L'adversaire qui se présentait, crevant le cadre, était cependant difficile à ignorer. Sorrow plissa les yeux, fixant une silhouette qui remuait non loin de là. Il devinait une jument... Ou même deux, vu la place qu'elle prenait. Le frison la regarda trépigner. Elle était en bronze et en argent, mais elle était ronde comme une divinité taillée à une époque où l'homme ne maîtrisait aucun de ces métaux.

" Je vous en supplie, ne trébuchez pas, " lança-t-il lorsqu'elle fut en vue, " Ou alors faîtes le, mais je ne pourrai pas vous rattraper si vous roulez jusqu'à la rivière de la vie. "

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ft. Sorrow & invités.

Chaque battement de son coeur se faisait plus fort que le précédent. Soncorps exténué pleurait les limites dépassées. Chaque minute qui s'écoulait sur le sablier du temps paraissait plus courte que la précédente, mais aussi longue que les cinq suivantes. Toute était difficile. Respirer l'était, ses flancs incapables de s'étirer plus qu'ils ne l'étaient déjà pour emplir ses poumons d'air. Tout était compliqué. Se baisser, se coucher, se nourrir. Boire, voir, se mouvoir. Tout était douloureux. Chaque pas en avant sur la pente des collines habillant la topographie des Verts vallons était douloureux. Chaque souffle expiré par ses naseaux, chaque coup dans son ventre. Tout faisait mal. Son corps n'était que douleur, aux antipodes de son âme ravie. Son chemin de croix ne la menait pas vers la mort, mais vers une nouvelle vie.

Elle n'était pas de celles qui pensaient qu'un enfant donnait un sens à sa vie. Car sa vie avait déjà un sens bien avant d'être mère. Non, elle pensait qu'un enfant était l'accomplissement d'un chemin personnel et égoïste, celui qui menait une jument à s'aimer soit-même assez, et à aimer l'autre assez, pour vouloir donner un bout de soi à une toute nouvelle âme.

Une averse aussi éphémère que surprenante humidifia l'air. Il lui sembla soudain plus facile de grimper le flanc de la colline. L'eau dans l'atmosphère la faisait comme glisser dans ses poumons, facilitant le voyage de l'oxygène dans son métabolisme. Heureusement, car elle en avait bien besoin.

Un étalon noir de jais se dessina au sommet de la butte qu'elle grimpait. Les années avaient affaissé certains de ses muscles et sa silhouette encore flatteuse, montrait cependant que son apogée était passée. Superbia s'arrêta non loin de lui pour reprendre son souffle et sourit à ses paroles. Elle apprécia le trait d'humour sur un état qui l'encombrait un peu trop, et depuis maintenant assez longtemps pour qu'elle ne s'inquiète pas de contractions. Le poulain qu'elle portait était bien assez grand pour venir au monde maintenant.

Je tiens encore sur mes jambes, lorsque les contractions ne sont pas trop fortes. Et si elles le sont... elle marque une pause et lui offre un sourire doux. Je pense que mon périple pour devenir mère n'est pas très loin de sa destination. Ce voyage est fatiguant et Ô combien encombrant. Si j'avais su que je triplerais de volume j'aurais peut être choisi un poney comme père. elle rit doucement à cette idée et redresse le regard vers le frison. Je m'appelle Superbia et suis la compagne de Cyrius.

La dominante offrit un regard doux et apaisé au mâle.

La souffrance était un artiste imprévisible, entre le brouillon et la précision millimétrée. Les traits pouvaient se déformer, devenir cauchemardesques, saigner comme le ferait une goutte de peinture diluée dans trop d'eau. Au contraire ils pouvaient prendre un relief trop détaillé, comme saillant, l'accentuation du muscle bandé et le réalisme de la perle sanguine qui hésite au bord de la plaie fraîche. L'inconnue se situait entre les deux, en mouvement, tour à tour la crise de Munch et les giclements écarlates caravagesques. La source du mal était encore invisible, comme c'était souvent le cas. Et pourtant on la devinait si aisément, en promenant un regard sur des flancs surchargés. Sorrow voulait bien entretenir l'idée qu'elle accoucherait d'un Goliath inséminé par un géant des Carpates, et c'était cette perspective qui l'amusait le plus, bien que celle, connue et expérimentée, des deux David armés de leur fronde ait été plus réaliste.

Elle souriait malgré la douleur qui devait la tarauder avec insistance, ce que l'on pouvait admirer.

Le frison sonda les alentours. Les collines demeuraient silencieuses, exsudant les dernières gouttes de l'averse, tandis que les oiseaux, interrompus par cette dernière, reprenaient les trilles joyeuses qu'encourageaient en eux la présence du printemps, le désir de fonder une famille à la belle saison et, peut-être, si âme romantique il y avait, la beauté de la nature. Était-elle seule, ou verrait-il surgir un étalon haletant, aux yeux exorbités, découvrant lui-aussi à la dernière minute que deux enfants naîtraient ? Et quelle couleur incongrue aurait-elle pu produire, elle ? Sa robe l'était déjà. Cendrée. Dorée. Bronze. Argent. Striures. Elle était belle et il n'était pas surprenant qu'elle ait attiré un étalon. Querouane l'avait été aussi, mais d'une beauté différente, tenace et élégante malgré les contrariétés qui avaient toujours pesé, comme leurs enfants, sur elle lors de leur relation.

Superbia se présenta sans aucune crainte. La surprise venait de le saisir et il la regardait maintenant avec des yeux plus critiques, comme tentant de la désosser pour découvrir la vérité. Qu'était-il advenu de Nazz'ariah ?

N'avait-il après tout pas conseillé à Cyrius de s'en débarrasser ?

" Vous le dîtes comme s'il fallait en être fière, " répondit-il finalement, entre le reproche et le constat. L'idée que les terres trompeuses écopent de deux héritiers lui déplaisait mais paraissait curieusement distante, détachée de ses propres intérêts. La petite-fille que portait Hyuna' serait Orpheline... Comme elle aurait dû l'être, à une autre époque, mais pas celle-ci.

Si elle était la compagne de l'autre porteur de poires, elle devait sûrement espérer qu'il traînerait aussi lourdement qu'elle ces dernières pour assister à la mise-bas. Sorrow sonda les environs une fois de plus. Cyrius serait le père de jumeaux. Le hasard semblait parfois se complaire dans son ironie et, manquant d'imagination ou peut-être trop attaché à certains tours, refaire les mêmes farces.

" Je suis Sorrow, " annonça-t-il finalement d'un ton détaché. Ses yeux se promenèrent à nouveau sur la figure de la jument. Elle paraissait sereine, cet air quelque peu éthéré qu'ont ceux qui sont bourrés de certitude. Elle était à la fois curieusement inébranlable, et si prête à basculer, terrassée par la tâche de donner la vie. " Je ne voudrais pas ôter à Cyrius le plaisir de couper les cordons ombilicaux, " poursuivit-il, chargé d'ironie, " Surtout qu'il pourrait s'empêtrer avec, ce qui me remplirait d'une grande joie. Où est-il donc ? "

L'image était assez amusante pour déjà le contenter.

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Le temps était maintenant compté. Certaines contractions, distantes l'es unes des autres et pour le moment légères, animaient ses flancs. Une minutes après l'autre, certaines secondes la faisaient tressaillir. Elle savait que la fin de cette aventure serait proche. Mais l'étalon face à elle, bien qu'âgé, pouvait très bien menacer sa vie et celle de son enfant. Et elle ne voudrait pas mettre bas face au futur tueur de sa progéniture. Il en était hors de question. Son regard était serein mais elle le jaugeait. Elle essayait de chercher dans ses yeux une lueur de folie, une lueur meurtrière. Se couvrirait du sang d'un nouveau né innocent pour parer la peur légitime que son heure viendrait bientôt?

Superbia se sentit triste, et en même temps cela faisait partie de la vie. La mort n'était que le seul but de leur existence et il lui fallait maintenant en profiter. Elle prenait de l'âge, et Cyrius aussi. Ils ne seraient pas éternels, aucun d'eux-deux. Et il viendrait un jour où il lui faudrait dire au revoir à son enfant, adieu à son amant. Et ce jour serait douloureux, surtout pour ceux qui lui survivraient.

Lorsqu'elle se présenta, l'attitude du mâle sembla changer. Peut être avait-il entendu parler d'elle. Peut être en bien, de la part des personnes dont elle était proche, peut être en mal de la part de ceux qui ne la voulaient pas sur un trône qu'elle refusait, aux côtés de Cyrius. Ou peut être était-ce de lui dont il était question. Peut être souffrirait-elle d'une rancoeur que les deux étalons aient eue par le passé, bien avant que ses pas ne foulent les terres d'Horse Wild.

Fière, elle l'était. Fière d'avoir abouti à la jument qu'elle était devenue. Fière d'avoir combattu ses démons, fière d'avoir trouvé le bon. Fière de faire un pied de nez au destin et de retrouver un troupeau plutôt que de faire cavalier seule. Et surtout fière que son amour se concrétise en une nouvelle vie. Celle d'être mère. Son sourire s'accentue. Elle n'est pas moqueuse, juste heureuse, presque flattée de la question.

Je le dis comme je le ressens. Peut-être est-ce, oui, une forme de fierté, de trouver l'amour. De fonder une famille. Peut-être est-ce de la fierté, car c'est là l'essence même de mon nom.

Superbia. La fierté latine. Son regard se fait doux. Une contraction plus forte agite ses flancs et elle soupire. Elle ne pouvait pas donner naissance maintenant. Sorrow se présenta et Superbia ne se souvenait pas que qui que ce soit lui ait parlé de l'étalon. Elle esquissa un sourire amusé à l'ironie malgré la douleur qui commençait à vriller son être. Où était Cyrius? Elle n'en savait rien. Elle l'avait perdu de vue après son intronisation et s'était portée à l'écart pour mener sa gestation épuisante. C'était ironique qu'elle rencontre quelqu'un le jour où elle allait mettre bas, elle qui évitait de se montrer sous ce jour si déformé.

Il peut bien s'empêtrer, tant qu'il ne tombe pas sur notre enfant j'en rirais allègrement. elle sourit à l'idée. Je ne sais pas où il est, certainement en train de faire ses affaires de dominant. J'admets que ça ne m'intéresse pas plus que cela.

Elle baisse la tête, étire l'encolure pour tenter de soulager son dos lourd. C'était douloureux, et ses flancs de plus en plus agités des soubresauts d'une naissance proche. Encore un peu. Il lui fallait être certaine qu'il ne soit pas dangereux, et trouver la force d'appeler Cyrius. Elle tenait à peine debout. En serait-elle capable?

Sorrow la jaugea comme elle le faisait. Ses yeux n'étaient cependant pas couverts de la sérénité qui formait le glacis de ceux de la jument. Superbia. Des intonations féminines et sifflantes. Le genre de nom que l'on donnait à un enfant qu'on était certain de voir réussir. Lorsque l'on avait pas des parents trop présomptueux.

Après tout, n'avait-elle pas réussi ? Elle était actuellement la compagne d'un dominant. Elle lui donnerait peut-être ses héritiers. Si tout se résumait au sens du nom, alors elle était l'incarnation même de la fierté confiante et un peu hardie qu'elle exsudait comme un soleil mourant et bientôt destiné à imploser. La douleur devenait de plus en plus évidente, la peur ne l'était pas. Les choses avaient un arrière goût de déjà vu, tout en étant bien distinctes. Assister à la naissance d'une nouvelle génération ne le ravissait pas et il se demanda s'il ne devrait pas partir, disparaître avant que le sang n'entache l'herbe et ne roule jusqu'en bas. Que se passerait-il, si personne ne venait ? La naissance de jumeaux était compliquée. Avait-elle déjà eu des enfants ?

Pourquoi cela l'aurait-il concerné ?

" Dois-je rester ? " demanda-t-il finalement, bref, le visage dur. Il la scruta puis inspecta une énième fois les alentours. Les collines étaient dénuées d'alezans couillus. " Et qu'est-il advenu de Nazz'ariah ? " poursuivit-il, d'un ton cette fois plus léger, parce que la réponse l'intéressait peu. Il était surtout intrigué par la réaction de Cyrius aux infidélités de son ancienne compagne. L'avait-il conspuée ? Répudiée ? Chassée ? Assassinée puis jetée du haut des falaises ? Écrasée sous ses couilles ?

Il l'aurait bien fustigé d'avoir retrouvé l'amour si vite, mais ce n'était pas comme si lui avait perdu son temps, à l'époque.

Mais il n'avait plus Hypocamp'. Et il n'avait plus Geisha.

Sorrow songea à Hyuna', qui accoucherait bientôt elle aussi. Quel chanceux il était. Assister à ce spectacle si appétissant si souvent.

Superbia avait le sourire aux lèvres, ce qui raidissait sa propre bouche. Il ne manquerait cependant jamais de sarcasme, bien que les propos de la future accouchée l'interpellèrent. Le noir scruta une nouvelle fois son ventre - était-il possible qu'il ait grossi plus encore en l'espace de quelques minutes ? - puis arbora une expression désabusée qui s'allia à l'intonation de ses propos.

" C'est déjà lui faire une grande confiance que de considérer qu'il ne trébuchera pas sur un poulain, mais vous vous avancez décidément trop en pensant qu'il ne tombera pas sur deux. Mais peut-être ignore-t-il qu'il y a deux polichinelles dans le tiroir. Dans ce cas, je vous recommande de vous intéresser à ce qu'il fait plutôt rapidement. Il serait dommage d'être coincé dans les embouteillages et de ne pas pouvoir choisir au moins un nom sur deux. "

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La douleur se faisait vive, parfois terrassante. Il était temps. Grand temps que tout ceci s'arrête. Un long soupir se fraya un chemin à travers ses naseaux. Elle était fatiguée, fatiguée de porter cette vie, d'être la seule à assumer des ébats et des envies de famille. Les mâles avaient la belle vie. Un peu de plaisir et rien d'autre de physique durant la gestation. Une nouvelle vague de douleur fit grimacer la jument.

Restez si vous le voulez, ce n'est pas vraiment à moi de vous obliger à supporter cette expérience. elle renâcle. Elle a été chassée.

Superbia écouta la suite avec une sorte de détachement. Elle ne réagit pas sur le coup mais lorsque les paroles du mâle arrivèrent à se frayer un chemin dans son esprit, elle réalisa et cligna des yeux. Deux poulains. Deux âmes. Tout s'expliquait. Elle n'était pas pleine d'un ancêtre immense mais de deux petits de taille normale. Elle soupira de soulagement, préférant l'idée d'être écartelée par deux âmes qu'éviscérée par une. Son sourire se fait faible, fatigué, douloureux, et elle plie les jambes en soupirant. Elle se couche quelques instants pour reprendre son souffle, avant d'hennir pour appeler son aimé.

Pourvu qu'il vienne.

Coup de chance, Cyrius n'était pas bien loin lorsqu'il entendit l'appel de Superbia. Il n'avait pas croisé son chemin depuis plusieurs jours, la pauvre était épuisée par sa grossesse. Le dominant avait vaqué à ses affaires et repris un peu ses esprits, mais il était impatient que la famille s'agrandisse, et c'était le moment, il le savait. Alors sans attendre il s'élança et couru plus vite que jamais (enfin du moins, il n'avait pas couru si vite depuis un moment) et en une dizaine de minutes il arriva au beau milieu des verts vallons.

Il chercha Superbia du regard, mais fut un peu interloqué de constater qu'elle n'était pas seule. Il ralentie un peu son galop, et se dirigea droit vers l'ibérique avant de reconnaitre Sorrow qui était avec elle. Que faisait-il là ? Cyrius n'avait pas oublié que ce dernier avait fricoté avec sa dernière compagne, et la seule pensé que ce vieux bougre ait une nouvelle idée perverse dernière la tête fit descendre son humeur en flèche.

Essoufflé, il s'arrêta et près de Superbia qui avait l'air de souffrir et ignora Sorrow dans un premier temps.

- Ma chérie, tu te sens bien ? Il arrive c'est ça ? Qu'est ce que je peux faire pour t'aider ?

Il aurait été capable d'enchainer milles questions, à cause du stress sans doute, mais s'arrêta. Il n'avait pas envie de mettre sa bien-aimée en colère. Cyrius ne pu s'empêcher de se tourner vers Sorrow.

- Bonjour Sorrow..

Il s'apprêta à lui lancer une pique mais fut frappé de constater que le frison avait pris un sacré coup de vieux...

Chassée. Sorrow ne s'abaissa pas à demander si elle avait, avant de déguerpir, éjecté de son giron un quelconque poulain trop sombre ou trop pâle. Il avait la certitude que leurs ébats n'avaient rien produit, bien que l'instinct paternel ne l'étouffant pas, il n'ait peut être pas été le plus indiqué pour faire ce genre d'affirmations.

Les yeux de Sorrow tombèrent parmi les fleurs et les trèfles que rejoignait lourdement le corps d'autant plus lourd de Superbia. Etait-elle différente de celle qui l'avait précédée ? Il doutait d'un jour le savoir, ou de refaire le même coup à Cyrius. Ce dernier construisait une famille, tout en la déchirant. Que pensait son aînée de sa nouvelle alliance ?

Lui aussi avait eu une fille en premier.

" Je parie qu'il s'agira de mâles, " lâcha-t-il d'un ton détaché. C'était le genre de prédiction qu'aurait fait l'éducateur un peu perturbé de Hyuna', mais, s'il avait bien disséqué les habitudes du destin, il n'aurait pas tort.

Comme un diablotin que la promesse du sang attire, Cyrius débarqua sur les échasses qui lui servaient à la fois de jambes et de support pour les abcès gangreneux avec lesquels il avait une fois de plus produit de la marmaille. Sorrow le regarda venir. Il avait vieilli, lui-aussi. Mais pas autant que lui.

Ses propos confirmèrent qu'il ignorait le nombre d'occupants du ventre de Superbia. Le frison lui offrit un rictus désabusé lorsqu'il se tourna vers lui.

" Bonjour, le progéniteur. "

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ft. Sorrow & invités.

Lasse. Elle est lasse de tout ceci, lasse de sa lourdeur maternelle, lasse de cette épée de damoclès qui pointe au dessus de sa tête. Où qu'elle aille on la juge, la jauge, l'observe. On la compare à Nazzariah, on teste des envies de grandeur et de couronne qu'elle n'a pas. Lasse, lasse d'être lourde de corps mais aussi d'esprit, lasse que ce passé qu'elle a fuit et finit par accepté, continue de lui pourrir la vie à travers les échecs d'une autre. Lasse d'être vue comme la remplaçante, comme celle qui répare les plaies laissées par une âme sale et corrompue par le pouvoir. Fatiguée. Fatiguée de se battre contre elle et contre les autres. Elle savait que la question de Nazzariah reviendrait toujours. Que ni elle si ses enfants ne seront jamais tranquilles. Et l'espace d'une seconde elle regrettait presque de donner la vie, non pas à une mais à deux futures âmes torturées.

Cyrius arriva, fringuant mais inquiet, il se doutait de pourquoi elle l'appelait. Tout autour d'elle devint cotonneux, son esprit brumeux. La douleur vive et les contractions sévères qui débutaient l'anesthésiaient presque. Elle n'eut que la force d'offrir un pauvre sourire à son aimé. Les question coulèrent dans son esprit et se noyèrent dans le linceul rouge qui embourbait son âme. Et si ses enfants souffraient de la première vie de son père?

Pas le temps d'y penser plus. Une contraction plus forte et l'instinct de survie la fit pousser. C'était douloureux. Difficile. Son corps, las d'être habité depuis trop longtemps par deux sangsues, tentait de les expulser. L'un a la suite de l'autre, car il fallait bien un premier.

Le travail fût long pour que la première âme s'échappe de ce corps qui n'était pas le sien. Si Cyrius pouvait penser que c'en était fini d'une douleur, Superbia ne se reposa pas. Bientôt, le second prendrait le pas.

(Negan est né)

Une petite chose de couleur foncée vient de naître. Un petit mâle, expulsé du ventre de sa mère. Il respire. Tout est flou et confus. Il ne sais ni ou il est, ni qui il est. Mais il sent la chaleur du corps de sa mère, et ça lui suffit pour l'instant.

Le sourire que lui renvoie Superbia permet à Cyrius de supporter les sarcasmes de Sorrow. Il l'oublie provisoirement, sa belle est en train de mettre bas. Il l'encourage, en essayant de ne pas se montrer trop envahissant. Le temps s'arrête. Puis il s'accélère. Après de nombreux efforts, leur bonheur arrive enfin, un poulain de couleur foncée est délicatement expulsé. Le coeur de Cyrius bat à tout rompre. Un sourire immense s'affiche sur son visage, il s'assure immédiatement que son enfant respire et c'est le cas.

- Bravo ma chérie, félicite t-il son aimée, il est magnifique mon coeur...

Cyrius se tourne vers Sorrow, il est souriant, rien ne peut gâcher son bonheur à cet instant.

- Tu avais raison, mon vieux, c'est un mâle !

Le spectacle de la vie commençait toujours par une scène peu appétissante, qui entraînait plus d'un spectateur à quitter le théâtre pour trouver des divertissements plus poétiques. Sang, liquide amniotique et sueur se mêlaient pour qu'un être émerge, couvert des trois et parfois bien surpris d'être arrivé jusque là.

Sorrow détourna le regard. Le poulain sortit finalement, tandis qu'il se demandait ce qu'il faisait là. Il l'observa, presque soulagé de ne pas être celui qui devait l'aimer. Il était sombre et il respirait. Pour le moment, on en savait pas plus.

Cyrius souriait à s'en fendre les ganaches. Sorrow ignorait si cela lui procurait un plaisir quelconque, aussi se contenta-t-il de faire un pas de côté. La figure de l'alezan était moins visible ainsi, bien que ses mots l'atteignirent.

Il arbora un air désabusé, attendit un peu. La jument ne se relevait pas, et pour cause : le travail n'était pas terminé. Il daigna finalement corriger le nouveau père, s'évertuant à établir son expertise sur la question :

" Des mâles. "

Si l'autre voulait bien rejoindre son frère vivant.

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ft. Sorrow & invités.

Son coeur tambourine dans ses oreilles, lourde mélodie ancestrale qui pulse et pulse au rythme du flux sanguin. Elle sent presque le liquide rouge traverser ses veines, flux de vie qui va actionner ses muscles pour essayer de contenir son corps en un seul morceau. Tout est difficile. Respirer. Garder les yeux ouverts. Garder conscience. La douleur était telle qu'elle aurait pensé mourir sur place, écartelée par des êtres qui devaient la détruire avant de l'aimer. Serait-elle une bonne mère? Ses enfants l'aimeraient-ils? Son aimé, restera-t-il à ses côtés? Ou partira-t-il finalement, las de la voir moins belle après sa grossesse, las de s'occuper de sa progéniture parce que sa première famille avait tout brisé avant elle?

La peur au ventre était presque pire que la douleur de la naissance. Mais elle ne pu que pousser. Pousser et serrer les dents, car le second arrivait. Un deuxième, un autre fragment d'âme et d'amour. Aurait-elle assez de force pour les aimer tous les deux de la même manière? Pour les soutenir équitablement? Elle ne savait déjà pas s'aimer elle même, comment pouvait-elle leur offrir ce qu'ils méritaient?

La douleur passa en même temps que ses questions. Le second rejoignit le premier, plus foncé, zébré comme sa mère. Plus petit aussi, obligé de prendre la place qui restait dans un corps déjà trop écartelé.

Elle n'eut même pas la force de relever la tête. Son ventre retombait doucement alors que sa respiration se calmait. Elle n'avait d'autre choix que de leur faire confiance.

(Aelann est né)

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Très chaud. Trop chaud. Serré. Trop serré. Tout était devenu petit, étouffant, écrasant, dans sa poche de douceur. Son frère tout contre lui le comprimait contre les parois de sa mère. Mais lui n'était pas en reste, poussant aussi son frère, dans l'espoir las de pouvoir un peu bouger.

Il voulait bouger. Et ça arrivait. La pression fut violente, et la chaleur disparut rapidement lorsque son frère découvrait la vie, de l'autre côté. Lorsque ce fût son tour, il arriva un peu comme un cheveux sur la soupe. Peut être pas attendu. Peut être moins aimé car deuxième.

Il débarqua en panique, et si son frère n'était plus là? Ses yeux le piquaient et il cherchait vainement à respirer. Au secours! Heureusement ses parents l'aidèrent et il se redressa un peu, dodelinant de la tête. Ses yeux s'habituèrent à la luminosité et il posa le regard sur son frère. Ouf, il était là.

Negan respire et ouvre les yeux. Il est ébloui, ne sais pas vraiment où il se trouve. Mais il n'a pas peur. Il sens l'odeur réconfortante de sa mère. La chaleur si familière de son frère qui vient de le rejoindre au dehors. La voix de son père qu'il connait déjà.
Le nouveau né redresse un peu la tête, essaye de distinguer les formes. Il a faim. Il est sale et gluant. Sa vision se fait plus nette. Il voit son frère qui semble essayer de se dépêtrer. Et maman... maman est couchée.

- Maman ?

Negan prend soudain un coup de langue sur le visage. Ce n'est pas maman.

En voyant sortir le deuxième, Cyrius ne peut s'empêcher d'adresser un coup d'oeil à Sorrow. Décidement, le vieux savait de quoi il parlait, le dominant était épaté. Lui n'avait pas vu venir la chose... et pourtant, vu la taille du ventre de Superbia, il aurait pu facilement s'en douter...

- Il n'y en aurait pas un troisième tout de même ? Lui demanda t-il

Mais n'heure n'était pas à la conversation. Superbia était épuisée, et Cyrius devait s'occuper des deux nouveaux nés. Deux mâle donc. Consciencieusement, il entreprit de les nettoyer, l'un après l'autre. L'un était plus grand que l'autre, légèrement. Mais tout deux avaient l'air d'aller bien.

- Repose toi mon coeur, dit-il à Superbia, je m'occupe de ces deux merveilles.

Elle était épuisée mais elle respirait, Cyrius la laissa reprendre des forces pendant qui s'occupait des deux petits, sous le regarde de Sorrow.

Le cadet était vivant. Et de sexe masculin. Sorrow le regarda, immobile. Il chassa avec virulence les souvenirs qui tentaient de l'envahir. Fort heureusement, les couleurs étaient différentes. Les deux poulains ne partageaient pas la robe de leurs parents. Cela leur bénéficierait sûrement. Le droit d'être unique, sans être étrange.

Sorrow accorda son attention à Cyrius, avant de jeter un bref coup d'oeil à la jument allongée. Dans cette position de faiblesse, il n'aurait pas aimé qu'on le scrute.

" Je ne donnerais pas cher de sa peau si c'était le cas. "

Il sentit une goutte vagabonde rouler sur sa ganache et se demanda si une autre pluie printanière viendrait rincer les nouveaux-nés jusqu'à l'os. Pour le moment, Cyrius les débarbouillaient. Le spectacle était étrange. Il n'avait jamais imaginé l'alezan endossant le rôle de père et la nature intimiste de l'acte ne faisait qu'accentuer le fait que sa présence auprès de la petite famille était incongrue.

Il jeta un regard à la descente - que les poulains devraient emprunter eux-aussi, avec leurs jambes encore tremblantes - et retint un soupir. Il était fatigué, et certaines épreuves, ces derniers temps, semblaient disproportionnées par rapport à la réalité.

Je déboule dans les Verts Vallons à fond le train. Mama galope derrière moi mais je crois bien qu’elle me laisse gagner du terrain. Les crins au vent, je grimpe au sommet d’une colline, heureuse de revenir sur les Terres Libres où j’ai rencontré Meeko. Cette dernière s’accroche à ma crinière effilée, plus longue que par le passé et je lance une joyeuse ruade qui la fait crier. Je ne sais pas si elle est excitée ou paniquée alors je dévale une pente de plus et ralentis dans la montée qui suit, avant de m’arrêter, essoufflée, face à un étrange tableau. Cyrius, sa compagne Superbia et mon grand-père réunis autour de deux jeunes poulains.

« Encore des poulains ? Ah oui c’est vrai, Superbia allait devenir maman ! Félicitations ! Ils s’appellent comment ? Je ne savais pas que tu étais de la famille aussi, Superbia ! »

Mon regard bascule de la jument exténuée, prostrée à nos pieds, à Sorrow.

Hors RP:

Fifa sourit en laissant Kokoï prendre de l’avance. Sa fille avait grandi l’année passée et si la crème aurait facilement pu la rattraper, elle se réjouissait aussi de passer du temps, bien mérité, avec la pouliche pie, qu’elle regarda donc la distancer. La dominance l’occupait et elle tâchait de ne pas trop y mêler la petite. Parfois, Kokoï lui rapportait ses rencontres et s’il semblait à Fifa qu’elle avait un penchant naturel pour la diplomatie et portait l’intérêt des Terres Orphelines dans son coeur, elle était aussi persuadée que sa fille n’était pas passionnée par la tâche. Kokoï ne jouait pas les dominantes, ni les héritières.

Elle passait plus de temps à jouer avec Kuro qu’à chercher des solitaires à recruter, d’ailleurs la seule chose que Kokoï faisait, était de naïvement inviter les membres de leur famille étendue à rejoindre le troupeau. Car la petite pie aimait être entourée. Fifa savait qu’elle avait récemment passé du temps avec Hélium et espérait que cela avait remonté le moral de son ami, bien que les nouvelles rapportées par Kokoï l’inquiètent. Qu’est-ce que c’était que cette histoire de fumée que le poney était allé examiner de plus près ? Il lui faudrait se renseigner.

Pour le moment, Fifa rattrapait sa fille, contournant les collines qu’elle gravissait jusqu’à percevoir la présence de son homologue et d’autres fragrances familières. La crème accéléra et rejoignit Kokoï en quelques foulées, surprise de découvrir Sorrow aux côtés de Cyrius et Superbia, dont la mise-bas s’était vraisemblablement bien passée. Elle dût s’y reprendre à deux fois pour constater que la dunalino avait donné naissance à des jumeaux, qui intriguaient bien entendu la pouliche pie. Fifa eut un sourire crispé lorsque sa fille s’adressa directement à Sorrow.

« Superbia et Sorrow ne font pas partie de la même famille, la corrigea-t-elle calmement. Mes félicitations, continua-t-elle à l’intention des Trompeurs. Sorrow. »

Elle salua son beau-père d’un signe de tête et se surprit à espérer que Kuro était une fois de plus dans les parages. Il était curieux de voir le frison à cette occasion, mais Fifa ne pensait qu’à mort d’Ocëan Pearl, encore et toujours fraîche dans son esprit. Il en était responsable, tout autant que sa meurtrière de fille. Le recrutement de Hyuna’ n’avait sûrement pas réjoui Sorrow, songea-t-elle et si elle avait choisi de ne rien mentionner car ce n’était ni l’endroit ni le moment, la crème se demanda s’il en ferait autant. La famille de Cœur Noir avait toujours cru être le centre du monde.

No. Thirteen suit Morrigan’ de loin. Il n’interfère pas dans ses rencontres et malgré un sursaut terrifié de son cœur lorsqu’elle croise Knight et qu’ils ont la bonne idée de jouer avec les armes des humains, il refuse d’intervenir. Sa fille ne sera pas assistée et il lui fait confiance pour au moins tuer l’un de ses ennemis si elle décide d’ouvrir le feu. Elle n’oserait pas se blesser sans en tirer une bonne leçon, ni laisser quelqu’un d’autre lui faire du mal.

Il la laisse donc à ses coups de feu, les oreilles encore vrillées par le bruit qui a retenti dans les Verts Vallons et suit la trace plus intéressante de la compagne de Cyrius. Il la trouve en compagnie de son beau-père, une association surprenante qu’il ne commente pas. Le dominant des Terres Trompeuses aussi est là, ainsi qu’une jument crème qu’il ne connaît pas et ce qui semble être la fille de celle-ci. La conversation est décousue et il s’arrête brièvement.

Il n’avait pas l’intention d’empiéter sur la naissance de ce qui est non pas le fils de Cyrius mais des jumeaux. Le borgne veille à ne pas offrir la vue de son orbite vide aux petits et hoche brièvement la tête à l’intention des équidés présents avant d’offrir ses félicitations aux parents.

- Cyrius, Superbia, mes félicitations. Je ne m’attarde pas, il s’éloigne déjà.

Mieux vaut tenir deux autres énergumènes loin de la scène et s’assurer que Morrigan’ ne tue pas son demi-frère pas mégarde, voilà qui risquerait de mettre Hyuna’ dans une situation délicate.

Hors RP:

This beat is a chemical
ft. Sorrow & invités.

Tout autour d'elle est flou, son coeur bat férocement dans sa poitrine et le sang fuse dans son cerveau, dans ses yeux. Il lui semble que tout son être bat au rythme fatigué de son coeur qui menace d'imploser. Chaque muscle tremble en même temps que celui qui la fait vivre, elle tressaute parfois, spasmes incontrôlés d'une enveloppe déchirée. Epuisée, la jument a juste le temps de voir et d'entendre vaguement Kokoï qui arrive, il lui fait presque plaisir de voir la plus jeune. Si Kokoï était là, Fifa ne tarderait pas, n'est-ce pas? Elle pourrait protéger les nouveaux-nés, elle aussi. L'espagnole ne se trompa pas et accueillit avec soulagement la vision de la crème qui apparaissait. Un autre cheval approche, fantôme dans sa vision brouillée, juste avant qu'elle ne lâche prise. Sa tête retombe faiblement, sur le coussin herbeux que les vallons lui offraient à présent. La fatigue la prend maintenant, violentes vagues qui avalent tout le reste, recouvrent ses sens et son corps. Elle se laisse sombrer dans l'inconscience. Cyrius s'occuperait de tout n'est-ce pas? Elle n'avait de toute façon pas la force de se battre contre Morphée.

This beat is a chemical
ft. Sorrow & invités.

Tout était si étrange, si nouveau, dans le dehors. Un air froid lui glaçait les os, maintenant qu'il n'était plus dans sa poche chaude, avec le corps de son frère contre le sien pour dégager une chaleur bienvenue. Il n'y avait plus que lui, au milieu de ce... De ce quoi d'ailleurs? Ses yeux clignent, encore et encore, essaient de s'habituer à une lumière diffuse. La première chose qu'il voit, c'est ce ciel bleu. Tout est si différent... Si lumineux...

Et froid. Il tousse un peu et secoue la tête. Son ventre appelle à l'aide et par reflex, il s'approche de son frère en rempant maladroitement. Sa tête s'affale sur le corps de son jumeau, dans une tentative vaine de le protéger... De quoi? Ses yeux se braquent sur leur père, et soudain un sourire illumine le visage du petit. Papa! Il n'en dit rien, trop faim.

Sa tête se tourne vers sa mère allongée, qui vient d'abandonner la lutte contre le sommeil réparateur dont elle avait besoin. Le petit mâle décide d'essayer de faire comme les grands autour, ou du moins, comme la plus petite des plus grands qui venait d'arriver. Il poussa sur ses jambes et vacilla, tomba plusieurs fois tête la première dans le ventre dégonflé de sa mère, avant d'enfin tenir debout quelques peu. Quelle erreur, maintenant perché sur des échasses trop grandes pour lui, il voit les mamelles... En bas. Aelann fixe son frère en tremblottant, puis tend l'encolure pour essayer de téter... Et boom. Une fois de nouveau au sol, il se décide à laisser sa fierté de poulain de coté pour se rassasier.

Kokoï, Thirteen, Fifa.. sont venu leur présenter des félicitations que Cyrius accueille joyeusement tout en restant près de sa douce Superbia. Cette dernière est épuisée, elle s'endort. La naissance de jumeaux est une épreuve, et l'étalon lui dépose une tendre léchouille sur sa joue endormie avant de répondre aux nouveaux venus. Il les connait tous, et leur présence l'enchante.

- Merci, nous ne nous attendions pas à cette surprise, je transmettrai vos compliments à Superbia lorsqu'elle sera plus en forme, je crois que ces deux bougres l'ont épuisée... !

Il pose un regard affectueux sur ses deux fils, qui n'ont pas encore de prénom. Cela attendra le retour de Madame. N°13 s'en va, bref et efficace comme à son habitude. Cyrius observe son fils le plus clair qui tente de se lever, ce dernier y parvient et lui envoie un immense sourire. Cette image restera gravée dans la tête du nouveau papa. Le petit se dresse sur ses jambes, puis chute et entreprend de téter sa mère endormi. Cyrius porte alors son attention sur le second poulain, le plus foncé...

Negan écoute, regarde, sent, s'imprègne de son environnement. Papa parle avec des inconnus. Maman ne bouge plus. Et le frangin se rue sur maman pour boire son lait. L'estomac du petit bai se tortille, il a faim. Il vise à son tour les mamelles, mais il ne peut pas y accéder tant que son frère se sert. La vie venait de commencer, et un choix qui déterminerai une partie de sa personnalité : pousser son frère, s'imposer et se nourrir ou alors attendre que ce dernier ai terminé pour se servir ensuite.

A ce moment précis, Negan croisa le regard de son père. Il avait les yeux très noir, mais son regard était très doux. Ce contact visuel apaisa Negan, et ce dernier décida de patienter. En attendant, il essaya de se lever. Après quelques tentatives, il se retrouva debout, et s'avança d'une démarche incertaine jusqu'a son père, il était fier !

- Papa regarde !

Il ne ferma les yeux qu'un instant, mais eût la sensation qu'il aurait pu plonger dans un puits infini de ténèbres en une seconde. Sorrow retrouva la réalité, à demi-aveuglé par la luminosité d'un air enjolivé et vivifié par le printemps. Fifa et sa fille approchaient. La première s'était débarrassée de la boue qui l'avait maculée lors de leur rencontre, tandis que la seconde était encore tachée.

Ses yeux tombèrent sur Superbia, qui demeurait superbe mais était surtout épuisée, lorsque la gosse suggéra qu'ils faisaient partie de la même famille. Pourquoi pas, après tout ? Il aurait pu avoir un enfant de Geisha. Peut-être même l'aurait-il aimé.

Hyuna' aurait été jalouse.

" Je ne suis qu'un très bon ami de la famille, " ironisa-t-il d'un ton lourd. Il jeta un regard à Cyrius, comme pour poser sur lui un peu de son humour, avant de se détourner, s'enfonçant dans les buissons qui entouraient la scène. Trop de monde, de bruit, d'enfants.

" Sur ce, je vais imiter l'accouchée. Le premier poulain qui me tire la queue est un poulain mort. "

Et sur cette menace morne, il s'allongea à l'ombre et s'endormit.

Spoiler: