Lost : Les Disparus [Libre]

Lost : Les Disparus

Le soleil brillait haut dans le ciel. Une chaleur agréable balayait les plaines de l’île. Le printemps se finissait sur des notes fraîches qui ne déplaisaient pas au grand noir. Il renâcla, cracha un bout de pollen coincé dans ses narines et releva le nez au moment où ses deux antérieurs se choquaient l’un l’autre, déstabilisés par l’éternuement en plein trot. L’étalon s’écrasa dans l’herbe, soulevant un tas d’akènes dans sa lourde chute. Les graines se collèrent sur tout son corps, amusées par la présence de tant de poils sur un seul cheval. Bientôt, Brod fut recouvert, de la tête aux pieds, par les pissenlits volages.

Nappé de blanc, l’Irish se redressa d’un bond qui le fit à nouveau basculer en avant. Il ne dut sa survie qu’à un gros arbre sur son chemin contre lequel il s’écrasa violemment. Les branches tanguèrent un instant puis le calme revient dans la plaine. En moins de trente secondes, Brod avait réussi à faire plus de bêtises que quiconque en un an dans ce coin de l’île. Bravo, bravo, pensa-t-il en grinçant des dents. Quel modèle donnait-il à sa jolie fille ?

Le gros noir se retourna. Il s’apprêtait à balancer un tas d’excuses bidons pour garder une partie de son honneur et de la grandeur qu’il se devait de conserver dans l’estime de la belle enfant, quand il comprit qu’elle n’était plus là. L’étalon se renfrogna, sans être tout à fait choqué par la nouvelle. Combien de fois l’avait-il perdue de vue ? Il n’était pas un bon père, il le savait bien. Néanmoins, un autre détail le perturba. Brod se retourna sur lui-même, contourna le gros arbre, revint sur ses pas, sentit les akènes du bout du nez et caressa l’herbe de ses vibrisses touffues.

Où était-il ?

L’étalon sentait dans l’air une agréable odeur. Il entendait des petits rires joyeux, un peu plus loin, et commençait à comprendre dans quel genre d’endroit il était tombé. Un bordel sur l’île ? Il ne voulait pas y croire, mais l’endroit y ressemblait bien. L’herbe bien verte, la chaleur agréable, le soleil étincelant. Tout semblait réuni pour passer un bon moment. Cependant, Brod n’avait pas vraiment la tête à cela dans l’instant. Il avait perdu sa fille dans un endroit pareil ! Et, qui plus est, il ne savait pas lui-même tout à fait où il était. Comment pourrait-il retrouver sa Baby Girl si Big Daddy ne pouvait pas retrouver son propre chemin ?

Dégoûté, le grand noir ne pensa même pas à se débarrasser de ses akènes et entreprit d’avancer au petit bonheur la chance. Il n’en avait pas beaucoup dans sa vie, mais qui savait… Il trouverait peut-être une bonne âme qui ne s’occupait pas à fricoter avec une autre et qui avait le temps de lui montrer le chemin de la sortie.

L'errance vous ramenait parfois au point de départ en refusant d'écouter vos protestations.

Il avait quitté cet endroit dans le but de rejoindre celui qu'il fantasmait tant. Mais son objectif se dérobait à lui. Il empruntait un détour, s'étranglait avec un lacet de chemin. Une route était barrée, l'autre inconnue. Toutes les voies auraient du le mener à sa destination, mais toute sa volonté le ramenait en arrière comme s'il y avait oublié quelque chose. Peut-être avait-il oublié comment s'y rendre. Peut-être ne la connaissait-il plus, à tel point qu'il ne pouvait la retrouver.

Il pouvait la rejoindre les yeux-clos, en trébuchant sur des songes sacrifiés. Non, il n'avait pas perdu le chemin de la maison hantée. Il craignait juste d'y entrer. Plus l'on désirait une chose, et plus elle devenait menaçante. Les contours autrefois aimés devenaient coupants. Il n'y avait rien de plus horrible que de découvrir que ce que l'on avait adoré n'était que l'illusion façonnée et perdue à tout jamais, comme le songe qui s'échappe le matin venu par la fenêtre, riant, emportant avec lui ses rebondissements et ses absurdités.

Shiro dormait mal.

Il réalisait qu'une part de lui avait espéré la retrouver au même endroit, figée comme elle l'était dans son esprit. Mune s'était statufiée depuis leur déchirure, et, bientôt, il recouvrirait le marbre d'une couche d'argent. Les souvenirs sont voués à deux destins : l'embaumement dans la sainteté, l'adoration de ce qui a pu être conservé, ou, au contraire, la destruction, la malédiction, le désir de ne plus jamais sentir les relents d'un passé qui se faufile sous la porte. Il l'appréciait trop pour la faire disparaître.

Il l'appréciait trop.

Elle n'était pas là.

Les rires retentissaient toujours. Ils appartenaient aux mêmes sylphes insaisissables, des amoureux volatiles et comme animés par leur affection, qui couraient, disparaissaient dans les buissons. Shiro s'arrêta, seul au milieu du printemps. Il avait la sensation d'être ridicule.

Devait-il la croire, lorsqu'elle disait qu'elle allait partir ? Etait-ce une menace ? Une ruse ? Il ne voulait pas la considérer capable de duplicité. Il ne l'aurait jamais, si elle disparaissait. Tout comme il n'aurait jamais la maison hantée.

Pourquoi faisait-elle dépendre son bonheur de lui ?

Pourquoi faisait-il dépendre son bonheur d'autre chose ?

Des bruits de pas l'arrachèrent à cette réflexion. Le frison se retourna. L'étalon qui approchait était massif, revêtu d'une parure incongrue. Il fendait la plaine d'une démarche qu'il n'avait manifestement pas emprunté à un conquérant. Shiro se demanda s'il le verrait, étant donné qu'il fonçait droit dans sa direction.

L'un des akènes dont il était recouvert vola jusqu'à ses naseaux et lui arracha un profond éternuement. Shiro tituba, les yeux clos, puis s'ébroua pour chasser le fourmillement de ses narines. Non loin de là, un rire retentit, plus aigrelet encore que les autres. Les amoureux donnaient parfois la sensation de se moquer éperdument du reste du monde.

Aujourd’hui, j’ai décidé de braver les frontières de l’île et d’aller le plus au nord possible.

Autant dire que j’ai mal aux pieds. Mes sabots ne sont pas habitués à faire un chemin pareil et les Terres Orphelines sont apparemment très au sud de l’île si j’en juge la demi-journée que cela m’a pris pour rejoindre l’Archipel des Boucaniers…

Sauf que ce n’est pas du tout là que je suis, réalisé-je lorsque je trouve bien le sable, mais pas la mer. Je suis un peu déçue, car je voulais me baigner avant l’été et que ce n’est pas sur les Terres Secrètes que je compte faire trempette.

Quant aux Terres Trompeuses… Je ne sais pas, le Golfe d’Émeraude est trop beau pour se permettre d’entrer dans l’eau. Mais je ne suis sur aucun des territoires dominés pour le moment. Cette plaine a du charme, mais tous ses adultes qui se courent après me mettent un peu mal à l’aise.

Je traverse une envolée d’akènes argentés, le sourire aux lèvres, lorsque je vois un grand cheval trébucher et s’effondrer comme une masse. Sans attendre je prends le galop pour le rejoindre et m’enquérir de sa santé, inquiète, mais un autre équidé me précède contre son gré.

Je ne l’ai pas vu derrière le premier ! Ce dernier n’a pas l’air blessé mais je me demande tout de même ce qu’il lui est arrivé. Peut-être qu’il est ivre… ou drogué, je sais que certains individus consomment des choses étranges sur Horse-Wild.

« Tout va bien ? demandé-je, soucieuse. »

Brod n’avait pas la moindre idée de la direction qu’il devait prendre. Il essayait de prêter attention aux bruits des amoureux dans les fourrés pour les éviter soigneusement. Il ne voulait pas se retrouver nez à nez avec une situation compromettante. Néanmoins, l’idée d’avoir abandonné sa fille dans un tel endroit faisait naître en lui une urgence. C’était un drôle de sentiment qu’il n’arrivait pas tout à fait à comprendre. C’était cette incompréhension qui le maintenant au pas là où une envie de galop faisait bouillir ses veines et chauffer ses muscles.

Un éternuement capta l’attention du grand noir. Il releva le nez, bougea la tête pour apercevoir quelque chose derrière ses crins et s’arrêta tout à fait avant de faire une bêtise. Devant lui, il aperçut une autre tache noire. L’odeur indiqua un étalon. Brod secoua l’encolure et dégagea sa vue pour détailler l’inconnu. Du sang de frison là-dedans, sans aucun doute. Il chercha, plus loin, la présence d’une jument. Il avait peut-être dérangé un couple par inadvertance. Mais il ne trouva rien et revint sur le noiraud avec un regard suspect, légèrement déçu.

Toi aussi, t’es perdu ? demanda-t-il de but en blanc.

Une petite voix résonna alors derrière lui. Brod tourna la tête, sans grand conviction puisqu’il n’avait pas reconnu le timbre de sa fille, et découvrit une petite pouliche pie. Il darda sur elle ses yeux sombres et se demanda bien ce qu’elle pouvait faire ici. Elle ne semblait pas suivie d’un quelconque adulte, mais l’Irish ne fit aucune remarque. Après tout, à cause de sa négligence, sa propre fille devait se retrouver dans la même situation.

De quoi ?

Brod ne se souvenait déjà plus être tombé. Ses maladresses étaient si nombreuses qu’il ne leur prêtait guère d’attention. Elles arrivaient, tant pis, et il passait immédiatement à autre chose. Il ne s’était pas fait mal, donc il n’avait aucune douleur pour lui rappeler la chute. Même les akènes dans ses crins ne suffisaient pas. Il les chassa d’un coup de queue et se fit la réflexion que la petiote était peut-être celle de l’inconnue tout noir. Il songea à les laisser entre gens bizarres qui se promènent là où on fait des bébés quand une autre réflexion effaça tout le reste.

Dis donc, lil’ girl, t’aurais pas vu une autre petiote comme toi dans le coin ?

Son toupet s'était affalé sur ses yeux. Shiro secoua la tête, remis sa crinière en ordre. Ses naseaux le chatouillaient encore, mais il parvint finalement à se concentrer sur le grand étalon qui se tenait là, toujours revêtu de son tricot d'akènes. Il l'interpella sans délicatesse, ce que le noir préférait, somme toute, à la dernière entame à laquelle il avait été confronté. La question le força cependant à réfléchir. Il n'était pas perdu.

Il reconnaissait même cette parcelle d'herbe. Ses trèfles. Il ne manquait que son parfum flottant et ses yeux remplis de déception.

Le frison entrouvrit la bouche, incertain. Il avoua finalement en ayant la sensation de mentir :

" Non. Je cherche quelqu'un. "

Une voix féminine s'éleva, trop fluette pour appartenir à une jument. Shiro fronça des sourcils inexistants, mais ne parvint pas à immédiatement localiser sa propriétaire. Un pas de côté lui permit d'apercevoir les contours d'une pouliche qui avait au moins quelques mois, voire un an derrière elle. Elle s'enquérait du bien-être de quelqu'un, mais il ignorait de qui il s'agissait. Il était vrai qu'il venait d'éternuer, mais la chose n'était pas annonciatrice d'une épidémie ; quant au grand mâle casqué de blanc, il était certes prêt à féconder toute la plaine avec les akènes de pissenlit qui le recouvraient, mais cela n'était qu'une excentricité somme toute inoffensive. Peut-être connaissait-elle l'autre, bien que sa réponse à la question, aussi confuse que lui, n'alla pas dans ce sens.

Il cherchait encore à démêler la situation, qui était pourtant assez simple, lorsque l'inconnu donna un coup de queue qui envoya une nouvelle rafale d'akènes dans sa direction. Shiro tenta de leur échapper d'un pas de côté, mais les forces ennemies lui montèrent une fois de plus au nez et il lâcha cette fois une série d'éternuements, campant bien ses sabots dans le sol pour éviter de trébucher sous les frissons. Décidant qu'il en avait assez eu pour aujourd'hui, il contourna ce qui devait être un irish cob, choisissant la partie de son corps la moins infestée de rebuts de pissenlits. Il voyait ainsi mieux la pouliche, à laquelle l'autre posait une question sur laquelle il s'attarda peu.

Un éternuement retardataire le secoua.

Ils ont l’air perdus, tous les deux. Je contemple le frison élancé et le mastodonte maladroit qui viennent d’entamer la conversation plus ou moins contre leur gré. Le plus large des deux étalons tourne les yeux vers moi et a l’air un peu déçu de me voir, ce qui me fait reculer d’un pas. Je crois que je ne suis définitivement pas la bienvenue ici. Quelques gloussements dans les fourrés renforcent cette impression tandis que l’inconnu manifeste son incompréhension.

« Rien, marmonné-je. »

J’abandonne, de toute évidence il va bien et a déjà oublié sa chute. Sa déception m’est cependant expliquée par la suite de ses paroles et je fronce les sourcils que je n’ai pas. Aurait-il perdu sa fille de vue ? Malheureusement, je n’ai croisé personne lui ressemblant… ni de mon âge, mais ça, j’ai l’habitude. Les seuls poulains que j’ai jamais rencontrés étaient des adultes transformés à la Dune du Pied et Crystae, que je n’ai jamais revue.

Ils cherchent quelqu’un tous les deux et moi, je crois bien que je cherche du sens à la vie. Mon regard tombe sur les trèfles qui ondulent lentement en contrebas. Je n’ai pas faim. Je relève cependant bien vite les yeux à l’entente de la série d’éternuements de l’autre étalon, me sentant un peu mal pour lui tandis qu’il contourne l’irish cob et éternue une dernière fois. Mes bonnes manières prennent le dessus avant que je m’adresse à celui qui m’a posé une question.

« A vos souhaits. Non, je n’ai pas croisé de pouliche. Et vous ? ajouté-je en me tournant vers le frison. »

Brod était tendu comme un arc. Il stressait rien qu’à attendre la réponse du frison. Il l’aurait bien secoué un grand coup pour lui tirer les vers du nez, mais il avait trop peur de l’assommer par erreur. Si l’inconnu rejoignait les pommes, l’Irish n’aurait jamais de réponse à sa question ! Une vision d’horreur sur laquelle il préféra ne pas s’attarder.

Heureusement pour lui, la pouliche fut une distraction salutaire. Il fixa sur elle ses yeux sombres, mais se crispa un peu plus à la vue de ses jambes fragiles, de son corps fluet. La petite chose n’avait pas le même sang que lui dans les veines, ça il pouvait le jurer ! Lui ne faisait que de beaux bébés, grands et forts ! Si la beauté de la pouliche lui échappait, il savait que ce n’était dû qu’à son âge. En revanche, la taille de son corps, lui, indiquait qu’elle ne serait jamais aussi grande et costaude que lui ou que sa fille. Il devait donc faire attention à ne pas faire de faux mouvements. S’il l’écrasait par erreur…

Finalement, le frison répondit. Sa réponse ne plus guère au grand noir qui grimaça. Tiens donc ! Quelle était la différence ? Pour lui, il n’y en avait pas puisqu’il était à la fois perdu et à la recherche de quelqu’un. Mais qui pouvait-on chercher dans un endroit pareil ? Tous les pères de l’île n’étaient pas aussi paumés que lui, tout de même… Si ?

T’as pas vu une pouliche pendant que tu cherchais quelqu’un ?

La gamine elle, n’apprécia guère la réponse de Brod qui lui-même n’apprécia pas sa répartie. Il mima la petite chose en marmonnant un rien déformé par une grimace enfantine. Le noir avait une propension à la gaminerie qui ne collait guère à sa nouvelle étiquette de père censé être responsable – ce qu'il, il fallait bien l’avouer, n’était pas.

La pie n’avait pas vu sa fille ce qui déplut à l’Irish. Il fouilla l’horizon du regard et se retint de crier son nom de toutes ses forces. Il ne ferait que péter les tympans de ses nouveaux camarades et ameuter tous les amoureux du coin. C’était une très mauvaise idée. En plus, sa Baby girl avait la fâcheuse tendance à se perdre dans ses jeux d’enfant. Elle risquait de ne même pas l’entendre…

Elle est toute rousse, avec des petites oreilles toutes poilues, dit-il en levant le nez inconsciemment. Si vous l’aviez croisée, vous n’auriez pas pu l’oublier !

La fierté du papa poule, que voulez-vous.

L'autre l'alpagua une fois de plus avec la délicatesse d'un rhinocéros en rut. D'ailleurs, il y avait quelque chose qui le perturbait sur son visage, mais il ne parvenait pas à trouver quoi. Ce n'était pas une corne...

Shiro se tendit brièvement. Il y avait comme une accusation sous-jacente dans les propos de l'inconnu. Croyait-il qu'il mentait ? Qu'il n'aurait pas pu chercher quelqu'un ici ? Qu'il ne méritait pas d'avoir quelqu'un à trouver ?

Il ne retint sa grimace que parce que l'autre se rapprochait plus des bisons qu'il avait côtoyé que des chevaux de l'île, bien que le tact manqua aussi parfois à ces derniers. Qui plus est, il s'entendait mieux avec les bisons, et il savait depuis le temps qu'il fallait rester neutre lorsqu'ils commençaient à grogner.

" Non. " décréta-t-il, catégorique. Il se demanda enfin pourquoi l'autre cherchait une pouliche. En était-il le père, ou le malencontreux baby-sitter ? Pourquoi cela le concernait-il ?

Non loin du grand mâle, la pouliche marmonnait. Elle-aussi avait été la victime de la véhémence du pachyderme. Ce dernier était perdu, recouvert d'akènes, et avait manifestement égaré quelqu'un. C'était là une accumulation de problèmes qui n'étaient pas censés toucher Shiro, bien que les akènes l'aient déjà fait plusieurs fois. Il retint un éternuement instinctif.

" Elle n'est pas en danger ici. "

A moins qu'un pedo-bear ne rôda dans les fourrés...

La pouliche lui posa la même question que l'autre. Shiro lui adressa une dénégation d'un signe de tête quelque peu désabusé, avant de faire un nouveau pas de côté qui le rapprocha d'elle. Il n'avait pas particulièrement envie de rester trop près de l'étalon.

Ses yeux suivirent une silhouette baie qui filait non loin d'eux comme un papillon s'entiche brusquement d'une autre fleur. Il ne s'agissait cependant pas du nectar promis. Les oreilles n'étaient pas recourbées.

" Où l'avez-vous vue pour la dernière fois ? " daigna-t-il finalement demander.

Les deux étalons cherchent quelqu’un et moi je me rends compte que je me suis vraiment égarée. Au mauvais moment et au mauvais endroit, comme on dit. Le plus gros des deux m’imite comme un petit enfant mal élevé et je lui adresse un regard choqué sans m’abaisser à faire de commentaire. Peut-être que c’est pour se mettre au niveau de sa fille mais j’ai l’habitude qu’on me traite comme une adulte.

J’écoute sa description de la pouliche, dont il semble particulièrement fier et adresse un regard au frison à mes côtés. Lui non plus n’a pas vu la petite et je crois bien qu’il tente même de rassurer l’autre équidé. Moi, je me rends compte qu’il s’agit toujours d’inconnus et je note ce détail dans un coin de ma tête avant d’ajouter ma propre question à celle du frison. L’un de nous sera Sherlock Holmes et l’autre, Watson !

« Comment s’appelle-t-elle ? Et vous, comment vous appelez-vous ? Je suis Kokoï, enchantée. »

Rectification : Brod n’était pas tendu comme un arc. Il était plus tendu qu’un arc. Au fur et à mesure, il sentait tous ses muscles se bander et le peu de neurones qu’il possédait n’arrivaient pas à se connecter les uns les autres pour former des pensées cohérentes. Sans sa jolie petite fille, le grand mâle était tout à fait perdu et aurait bien pu oublier même comment respirer tant la situation le stressait. Il devait la trouver au plus vite ou il mourrait d’une crise cardiaque.

Apparemment, ses mots ne plaisaient ni au frison, ni à la pouliche. L’Irish les zieuta chacun leur tour et se demanda s’il ne ferait pas mieux de les planter là. Après tout, ils ne lui étaient d’aucune aide et le mâle semblait atteint d’une maladie bizarre qui fit reculer Brod, par pure précaution. La suite lui déplut encore plus. Aucun danger ? Le mâle savait où il se trouvait, hein… enfin, non. Il ne savait pas, mais croyait avoir deviné une partie du rôle de cette terre bizarre. Alors, non, une pouliche n’avait rien à faire ici et non, elle ne risquait pas « aucun danger ». Elle risquait de perdre sa si jolie innocence qui la poussait à courir après les papillons avec la grâce d’une danseuse de ballet. Brod ne voulait pas l’imaginer ! Après tout, lui aussi, il aimait bien courir après avec elle…

Je l’aurais pas perdue si je savais où je l’ai laissée…

Brod ne comprenait pas la question et préféra l’écarter d’un coup de tête. Qui demandait à un homme perdu s’il savait où il était ? C’était pareil. Si le gros noir savait où il avait vu la belle Crystae la dernière fois, il y serait allé à une vitesse phénoménale et aurait tôt fait de retrouver la petite pouliche. Elle courait vite, mais tout de même ! Il restait plus grand, plus gros, plus fort !

Crystae ! s’époumona-t-il en levant la moustache de fierté. La plus belle des choses ! Elle tient tout de son big daddy, évidemment. Quoi qu’elle a peut-être les cils de sa jolie mère, vous savez, quand elle les bat, comme ça. (Il essaya d’imiter le battement de cils de Commedia… lamentablement.) Brod, milady, pour vous serv-… peut-être un peu plus tard, oui, mais t’es trop jeune pour l’instant.

L’étalon noir se retourna vers le frison et le zieuta un instant, en se demandant s’il devait lui demander son nom. Les bonnes manières de l’Irish n’existaient que pour les dames qu’il traitait avec le plus grand respect, évidemment. Les mâles étaient trop souvent jaloux de sa belle moustache et ne le respectaient jamais en retour. Décevant. Il décida tout de même de lui accorder le bénéfice du doute, au cas où.

Et toi, ton nom c’est quoi ? Décris-nous donc le sujet de ta recherche, que l’on te dise si on l’a aperçu dans le coin. Ca pourrait peut-être aider.

Shiro tourna la tête, observa la nature environnante. La plaine était vaste, ensoleillée et ouverte, dénuée de toute fée clochette fuyarde. Il tenta d'imaginer ce que le mastodonte embué d'akènes aurait pu produire comme progéniture et visualisa une sorte de colosse geignard et maladroit, aussi bruyant que son paternel. Seuls les oiseaux et les couples qui gloussaient perturbaient pourtant l'agonie du printemps. Le noir retint un soupir.

" Et elle a l'habitude de... Disparaître ? "

Si la pouliche en question - pour laquelle il ne s'inquiétait pourtant pas tellement - était une fugueuse aguerrie, il avait encore moins de raisons de prétendre qu'elle avait besoin de son aide. Quelque chose lui disait qu'il ne devait pas être difficile de filer sous le nez de leur interlocuteur, qui barrit soudain et manqua de le faire éternuer une énième fois. Shiro se concentra sur la description de la disparue, trop subjective. La conception du beau était différente d'un individu à l'autre, et le noir trouvait le commentaire sur les cils de l'apparente reine de beauté diminutive bizarre et déplaisant, peut-être parce qu'il ne pouvait pas faire l'analogie avec sa propre mère ou parce que l'autre tentait tant bien que mal d'imiter la chose. La suite lui laissa la même impression, et il fut ravi de ne pas écoper d'un milord malvenu. Une idée lui vint pourtant, qu'il vocalisa, comme à son habitude, sans contraindre son esprit.

" Serait-il possible qu'elle soit tout simplement allée rejoindre sa mère ? "

Le dénommé Brod le regarda. Shiro détourna les yeux, faisant mine d'inspecter les alentours. La demande de l'étalon lui déplut. Il n'avait pas besoin de l'aide des deux autres pour trouver celle qu'il cherchait, et n'avait pas particulièrement envie qu'on sache qu'il la cherche. Mune n'était pas une pouliche égarée. Il ne l'avait pas perdue...

Pas encore.

Le temps s'écoulait tout à coup avec une sorte d'urgence.

" Shiro. Ce n'est pas important. "

Je fais un pas pour m’éloigner du gros cheval dont les muscles bandés ne me disent rien qui vaille. Etant toute petite en comparaison, je préfère prendre une distance de sécurité, juste au cas où. Mieux vaut jouer la sécurité, méfiance est mère de sûreté comme on dit. Je ne suis pas la seule on dirait et nous formons un large triangle déséquilibré, dont les côtés ne sont absolument pas équilatéraux tandis que nous discutons de l’inquiétante disparition de la petite Crystae.

Crystae…

« Mais je la connais ! »

L’exclamation m’échappe comme un éclair de génie et un coup de tonnerre retentissant. Je pense que je suis Sherlock Holmes et Shiro, Watson. Il s’est présenté pendant que Brod faisait la grimace et je tâche d’oublier les avances ‘pour plus tard’ du cheval de trait, mal à l’aise. Au moins reconnaît-il que je suis trop jeune pour lui donc ça ne l’intéresse pas, sinon je prendrais mes jambes à mon encolure et sans tarder. Je continue à analyser la situation.

« Elle ne peut pas être bien loin, elle est plus jeune que moi. Je suis sûre qu’elle joue dans un coin. »

Shiro ne veut pas chercher la personne qui l’intéresse avec nous alors je n’insiste pas, laissant plutôt Brod répondre à ses questions. Mais j’ai déjà ces informations, Crystae n’est jamais avec sa mère donc elle ne l’a sûrement pas rejointe et elle n’est pas du genre à fuguer donc ma théorie me paraît être la bonne. Je regarde autour de moi et lance un appel à la ronde dans l’espoir d’obtenir une réponse ou encore mieux, de la voir accourir. Ce serait bien, on pourrait jouer !

Lost under the surface
ft. Brod, Shiro, Kokoï

Weewoo weewoo weewoo. Le bruit d'une petite sirène de pompier rousse en approche! Depuis qu'elle avait perdu son père, partant droit devant sans réfléchir ni penser, persuadée qu'elle galopait à fond de train dans la bonne direction, Crystae n'avait pas arrêté d'appeler son père. En boucle. Elle-même était fatiguée de s'entendre répéter les mêmes mots. Papa papa papa. Petit camion de pompier qui trotte, levant les jambes bien haut dans les pissenlits, elle tousse un peu. Sa démarche sautillante lui permet de dépasser parfois du champs de faux cotton qui s'accroche à elle comme des milliers de mini sangsues végétales. Papa papa papa. Elle finit par soupirer. Elle allait déranger tout le voisinage et était déjà tombée ez à nez avec des adultes faisant des trucs... D'adultes. Franchement, qui se tournait autour en faisant courir son nez partout sur l'autre, sans se mettre à rire? Ne connaissait)on plus les chatouilles quand on grandissait?

Devant elle, un nuage de micro morceaux de pissenlits retombait doucement. Leur poids presque inexistant et l'absence de vent les faisait tomber mollement. La petite rouquine s'arrêta, hypnotisée par le mouvement de balancier des petites graines arrachées. C'était beau. Presque aussi beau qu'un papillon ou que la moustache de son papa. PAPA! Où était-il?

Des bruits de conversation lui parvinrent. Une voix grave qu'elle ne connaissait pas, une voix fluette qui lui rappelait quelqu'un. Mais qui? Puis, soudain. PAPA! Un sourire immense étira ses lèvres et elle reprit son trot jambes bien levées, nez vers le ciel. Recommença aussi son incantation de soldat du feu. Weewoo weewoo weewoo.

Papa papa papa je suis làààà !

La petite arriva à grand renforts de rires guillerets et se décida à tourner autour de Kokoï qu'elle avait fini par reconnaître.

La plus jolie Kokoïïï !

Son sourire fendait son visage. Elle avait retrouvé son papa, et bonus non négligeable, le coffre au trésor : son amie! Elle continua à tourner autour de l'autre pouliche en répétant son nom, parfois entrecoupés d'un ou deux "papa" joyeux.

Brod ouvrit une bouche bée et zieuta le noir avec toute l’indignation du monde dans le regard. Qu’essayait-il d’insinuer, celui-ci ? Évidemment que sa fille ne disparaissait pas de son plein gré ! Il n’était peut-être pas le meilleur père du monde, mais il savait qu’elle ne cherchait pas à se débarrasser de lui. Non ? Si ? Le doute s’insinua en lui et sa colère se transforma soudain en tristesse. Il avait tant repoussé la belle Crycry, la première fois… Pourtant, aujourd’hui, il n’arrivait pas à imaginer ce qu’il ferait sans elle. Elle représentait un but qu’il poursuivait avec la force du désespoir. Sans but, Brod errerait à nouveau sans savoir quoi faire de plus.

Je peux pas toujours la surveiller, essaya-t-il de se défendre sans succès.

La suite laissa le gros noir dans un instant de réflexion intense. Pouvait-elle être retournée vers Commedia ? Brod en doutait grandement. Il avait trouvé Crystae par hasard, sans la présence de sa mère, et ne s’en était pas inquiété plus que cela. Il n’attendait pas de la belle dame qu’elle s’occupe de l’enfant plus que nécessaire. Elle avait fait sa part du travail et il n’en demandait pas plus. Il lui semblait donc que sa fille n’avait plus besoin d’aller voir sa mère ou, en tout cas, pas pour vivre avec. Mais qu’en pensait-elle, elle ? Il ne lui avait jamais posé la question. Peut-être devrait-il rendre visite à la comédienne avec leur jolie fille ? Il ne savait pas vraiment.

Non, je pense pas. Elle était là y’a pas si longtemps, bro. Elle me l’aurait dit si elle voulait voir sa mère !

Brod essaya de s’en persuader et préféra passer à autre chose. Le noir Shiro rejeta sa proposition d’aide, ce qui fit grimacer le gros Brod. Pourquoi était-il là, devant lui, s’il n’avait pas besoin d’aide ? Néanmoins, l’Irish préféra ne pas s’attarder sur la question et se tourna vers la pouliche qui criait enfin quelque chose d’intéressant.

Oh ! Ohoh ! Milady est une amie de ma fille ? Les amis de ma baby girl sont mes amis ! Oui, oui, elle passe son temps à jouer.

Le noir évita le regard de ses deux comparses pour éviter de leur montrer que sa fille était rarement seule pour jouer. Lui-même se trouvait une âme d’enfant tout à fait puérile pour son corps de mastodonte. Ce n’était pas de sa faute ! Mais il était sûr que, comme sa moustache, tout le monde le lui reprocherait !

Soudain, un cri perça le calme de la plaine et Brod releva la tête, les oreilles et la moustache. Il reconnaîtrait le rire de sa fille entre mille ! Ou presque. Bref. La petite rouquine arriva vers eux en courant et le gros noir arbora un sourire satisfait… qu’il perdit vite en voyant sa fille courir autour de quelqu’un d’autre. Il se renfrogna immédiatement, marmonna dans sa moustache et se demanda ce qu’il pourrait bien faire pour ramener l’attention de la petite créature sur lui.

La plus jolie c’est Crycry ! bouda-t-il en relevant le nez et jetant un coup d’œil à Shiro pour le mettre au défi de dire le contraire. J’espère que c’est pas ta fille que tu cherches, parce que ça commence à faire beaucoup au mètre carré ! Haha !

Oui, il restait quand même au fond de lui une certaine phobie des bébés-lui et des autres.

Shiro dut réprimer le rictus qui tirait sa bouche. L'indignation et l'embarras du grand étalon lui procuraient une sorte de plaisir. Il était rare qu'il puisse s'amuser des gigotements des autres. Il n'était pas assez fou pour le montrer - l'autre aurait pu l'écraser s'il le voulait - aussi jeta-t-il un regard sur le côté et enterra-t-il un peu de son visage sous ses crins, mordant sa lèvre pour la dissuader de le trahir. A ses côtés, la dénommée Kokoï affirmait connaître l'enfant disparu et supputait quant au sort de cette dernière. Shiro était prêt à la croire. Il doutait qu'un sort funeste se soit abattu sur la fillette chérie.

Bro. Shiro s'ébroua. Il n'était le bro de personne, mais il n'allait pas le signaler à son interlocuteur. Il se sentait tout à coup seul, isolé, se demanda ce qu'il faisait là et pourquoi il y restait. La gamine serait retrouvée, ou alors elle disparaîtrait dans la nature immense - qu'est-ce que cela pouvait bien lui faire ? Elle ne s'appelait pas Mune. Il n'avait pas assez fréquenté de poulains pour les aimer. Son père ne les avaient jamais apprécié. Son frère avait été une présence constante, distante, puis absente. Kuro avait été un poulain sage. Il ne se serait jamais éloigné de leur mère.

Lui, par contre...

" Kokoï a raison, " trancha-t-il finalement.

Brod grimaçait. Le noir riva ses yeux sur sa bouche, l'air chiffonné. Il y avait décidément quelque chose d'incongru sur ce visage. Mais quoi ? Il avait une bouche... Deux naseaux... Deux yeux...

Il fut tiré de son examen par une sirène enfantine. Une pouliche rousse déboula et confirma bien vite qu'elle était la portée disparue. Shiro dut admettre qu'il s'était fourvoyé ; la pouliche avait certes hérité de quelques attributs de son père, mais ces derniers ne la rendaient pas hideuse. Elle était normale, peut-être même mignonne. Par contre, elle était piaillarde. Shiro, toujours dans la retenue, maintint les oreilles qui voulaient se baisser droites.

Le père, qui aurait du s'estimer heureux d'avoir été réuni avec sa progéniture, boudait. Le noir sourit furtivement et soutint son regard de défi. Le reste de ses mots débarrassa cependant son visage de sa joie et il prit un air buté, mécontent que l'on parle à nouveau du sujet de sa quête et qu'on ose avancer qu'il perdrait un enfant, s'il en avait un. D'abord, il n'avait pas d'enfant ! Il n'aurait jamais d'enfant. Il n'en avait pas besoin.

" Non. "

Le noir fit un pas de côté et fouilla du regard la plaine. Il partirait sûrement bientôt.

L’écho me parvient d’abord, puis les mots se forment et leur sens m’apparaît finalement. Visiblement, Crystae n’est plus très loin. J’avais raison ! Elle arrive avec un nuage de pissenlits et quelques vagues d’herbe soulevée par la houle de ses foulées sautillantes. Son sourire est aussi grand qu’elle et je dois avouer que mon propre visage s’éclaire d’une expression similaire, ravie de voir quelqu’un de mon âge. C’est presque aussi bien que la plage ! Je tournicote avec elle.

« Crystae tu es encore un bébé, tu as oublié de grandir ?! »

J’ai oublié les deux noirs à mes côtés et la tension entre eux me passe littéralement par-dessus la tête maintenant que je n’ai plus besoin de me comporter comme une adulte. Brod a changé d’avis à mon sujet, je crois mais pour le moment, je n’ai que faire de son amitié, celle de Crystae est bien plus appropriée. Je réalise soudain qu’il m’a fait des avances, le père de mon amie. Pour plus tard, certes, mais ça ne rend pas la chose moins dérangeante. Beurk.

L’amie de sa fille, ça me suffit bien comme rôle. Abruptement calmée par cette pensée, je le laisse marmonner sur la beauté de sa fille (bon, il n’a pas tort, Crystae n’a rien de malformé et sa personnalité embellit son apparence de joie et d’innocence enfantine). Je me demande si j’étais comme ça au même âge. Puis je me souviens que je ne suis pas beaucoup plus vieille qu’elle et j’éclate de rire. Shiro a l’air sur le point de partir alors je me tourne poliment vers lui.

« Enchantée de vous avoir rencontré, Shiro. J’espère que vous trouverez celui ou celle que vous cherchez. Et toi, Crystae, il faut absolument qu’on se voit plus souvent ! »

Mais il se fait tard et je ne vais pas tarder à devoir rentrer, moi aussi. Je voudrais arriver à la Maison Hantée avant la nuit, si ça se trouve Papa est là et on pourra regarder la télé ensemble ! Ou alors, Mama aura sorti un pot de miel du placard, c’est tellement bon… Il faudra que Crystae nous rende visite un jour. Qu’à cela ne tienne, mon invitation avancée, je sais que je vais retrouver mon amie bientôt.
Je me tourne d’ailleurs vers elle, tout sourire.

Sujet: Re: Lost : Les Disparus [Libre] Jeu 3 Oct 2019 - 3:45

Lost under the surface
ft. Brod, Shiro, Kokoï

Son chant de sirène s'était calmé avec elle. Elle n'avait plus peur d'être de nouveau seule et perdue, ni de ne jamais retrouver son père qu'elle avait mi tellement de temps à retrouver, découvrir, rencontrer. Sa voix mourut donc dans l'air frais, et avec sa retombée, retombèrent les fragments cotonneux de pissenlits. Elle en restait couverte, habillée d'une neige végétale amusante qui dardait sa robe de dizaines de gouttelettes plumeuses. Son attention fuyarde glissa sur le grand mâle noir qui lui était inconnu lorsque, tout à tour, son père et son amie lui parlèrent. Il cherchait quelqu'un, et il semblait prêt à partir. L'avait-elle fait fuir?

Au revoir monsieur, bon courage!

Pas le temps d'y penser, elle se retourne vers son amie qui lui propose de se voir, plus souvent, se revoir, encore et encore, comme des amies. Un grand sourire étire ses lèvres. Elle était belle Kokoï, et elle avait poussé aussi. Leur légère différence d'âge se voyait, la pie étant dans sa phase de croissance que Crystae n'allait pas tardé à rattraper. Elle lui fit un beau sourire avant de poser sa tête contre son épaule dans un calin heureux.

Je vais bientôt te rattraper! Je prends juste mon temps pour faire ça bien et rendre papa fier! Oui. Il faut qu'on se voit bientôt! Je veux montrer mon amie à tout le monde!

Ajoute-t-elle, d'un air guilleret. Mais il se fait tard et Kokoï, elle aussi, ne tarderait pas à rentrer. Alors la petite rousse se tourne d'un bond vers son père avant d'avancer vers lui à pas de loup, même s'il pouvait tout à fait la voir. Elle lui sauta dessus une fois à courte distance, dans un petit cri joyeux.

Paaaaaaaaaaaaaapaaaaaaaaa!!! Tu as cru que je t'avais oublié?! Pas du tout! elle marque une pause et se gratte l'arrière de l'oreille avec son postérieur. J'ai faim et j'ai sommeil papa... On peut y aller...?

Elle était épuisée de sa recherche et traîna des pattes après avoir salué son amie et l'autre adulte, se dirigeant elle ne savait où en espérant que son père la suive.

(Fin si c'est correct pour vous)

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