Découverte du repaire

L’insatisfaction, une épine agaçante au pied de nombreux marcheurs, mais une situation si confortable, entre les persuadés de la vie trop difficile, les malheureux chroniques et les jaloux, des excuses à la pelle pour excuser leurs états d’irritation. L’étalon blanc se sentait irriter … Le visage interdit, les fesses plantés dans un sofa à l’étage et observait d’un regard sombre le mur en face.

Plusieurs choses hantent mon esprit en ce moment, j’ai encore la hargne de l’autre fois où Hélium avait mal pris ma blague, on essaie de faire un peu d’humour, de faire des efforts … Non, le cousin des marées n’avait pas apprécié ! Je le comprendrais jamais ! A croire que quand on joue au même jeu que lui ça le fou plus en pétard qu’il n’est déjà sous sa toison de bison. Sauf que celui qui récolte les pots cassés … c’est moi ! Pourquoi je continus d’essayer de me faire apprécier ? Ils sont tous content quand je joue au fantôme, sauf qu’ils sont bien content quand les placards sont pleins. Je secoue énergiquement ma tête, alors que je jette un œil maussade au travers de la fenêtre.

Il y a également cette histoire avec Hyuna, notre périple au temple revient à mon esprit jusqu’à que les images deviennent peu à peu sombre. Pourquoi diable Fifa l’a incluse dans le troupeau ?! Je fus sidéré le jour-là, une colère sourde dans les veines, qui finit par exploser quand j’ai découvert que c’était cette dernière qui avait entrainé OP dans son dernier souffle. Mes dents grinces brutalement, il faut que je la trouve !

Je saute brusquement sur mes jambes alors que je déboule dans le couloir. Je m’arrête tout aussi rapidement apercevant au loin une silhouette qui a première vu me paraissait familière. J’avale les quelques mètres à une vitesse fulgurante alors que je gronde.

« HE ! Tu as du culot de …. »

Je me fige dans un froncement de naseaux, ce n’est pas Hyuna. Je détail l’individu qui avait un faux air de Ecalipse. Une brève inspiration m’informe que c’est un solitaire même s’il imprègne beaucoup l’odeur de mes terres. Un vagabond qui flâne joyeusement depuis quelques jours par ici ? Je le jauge finissant par ronchonner blessé dans ma fierté car j’avais perdus mon sang froid un instant et c’est un parfait inconnu qui en paye les frais. Ce n’était pas à la hauteur de mon rôle de dominant.  

« Je croyais avoir reconnus quelqu’un… Je marque un temps de pause. Vous savez que c’est une propriété privée ? »

Les lattes de bois émirent quelques plaintes sous les lourds sabots de l’étalon blanc, qui finit par s’encadrer au milieu du couloir devenu brusquement bien étroit. L’autre étalon arborait une robe fait d’encre noir avec des tâches blanches et des traits quelques peu familiers avec l’étalon blanc.

Je le jauge savamment derrière mes crins blancs, une petite voix  susurre entre mes oreilles et éveille lentement un puissant instinct enfouis au fond de mes tripes. Ce gars ne m’inspire aucunement confiance, cet air hautain et renfrogner me fait bien trop penser à mon géniteur et ce vieux gâteux qui l’a engendré. Est-il de cette famille ? La robe semblable à Ecalipse et les traits me font dire que oui, sauf qu’il est loin d’avoir l'air aussi sympathique que cette dernière. Décidément, sa présence ici n’annonce rien de bon.

Lentement, mon visage se ferme et j’ai l’étrange sensation d’être dans un corridor, deux taureaux face à face, impossible de faire demi-tour. Je plisse le regard, pour qui se prenait-il le domino ? Je finis par rire dans ma barbe.

« Je n’ai nullement besoin de votre pardon vous êtes ici chez moi … » Je penche légèrement la tête. « Tant d'arrogance dans un être, on reconnait bien là la griffe du vieillard Cœur Noir. »

Cette maudite famille, combien était-il encore à gambader dans la nature ? Bien trop à mon goût et je perdais peu à peu espoir de la reconstituer. Tous les fruits étaient pourris, je m’en rendais compte peu à peu, constat bien amer. J’émet un renâclement, est-ce qu’il tente de m’expliquer mon rôle ou bien ?

« Bravo pour la déduction … Et bien oui, je dois veiller sur mon troupeau, mes terres … Je n’ai malheureusement plus vraiment le temps de jouer au touriste. » Je hausse les épaules. « Et bien que me vaut cette visite ? »

Certainement se présentera-t-il car j’ai bien l’impression que lui au contraire il en sait déjà bien trop sur moi. Décidément cette situation me plaisait guère, il y a bien ce vieux adage qui dit : Sois proche de tes amis, et encore plus proche de tes ennemis. Il voulait me rencontrer, c’est bien le premier à le vouloir et dans un sens je me sens quelque peu flatter, mais d’un autre cela ne présage rien de bon comme cette robe à double teinte. Il faut s’attendre à tout avec les vestiges de cette sombre famille, alors je reste campé solidement ancré sur mes jambes résolut à protéger ma famille, Fifa, Kokoï et les membres de mon troupeau à n’importe quel prix si la rencontre devait mal tourner.

Quelques bruits firent grincer le vieux Manoir, familiers et réconfortants. L’étalon blanc se sentait bien entre ses murs, loin du tumulte et des rencontres difficiles, sauf quand ces derniers viennent jusqu’à sa porte.

Je le dévisage, il croyait quoi ? J’allais lui adresser mes plus plates excuses et me prosterner ? Il se met carrément un sabot dans un naseaux. Le respect ça se mérite et la confiance également, surtout sur HW où n’importe qui retourne sa veste pour un oui ou un non. J’émet un « ah » en assimilant les informations de l’étalon qui se prénomme Fantôme. Si lui en portait le nom, il n’en avait pas le physique comme moi, peut-être qu’on devrait échanger nos patronymes ? L’idée me fait sourire qui se change peu à peu en grimace. Je devrais quand même me faire à l’idée que je passe bel et bien inaperçus.

Je secoue vivement ma tête pour cesser ses murmures qui courent dans mon esprit et ainsi me concentrer sur le frère jumeau d’Ecalipse, c’est vrais que la ressemblance est là. Ce dernier me propose de ne pas se fier aux apparences, si le monde était si simple la vie serait bien moins compliqué ! Je soupire.

« Hmm … » Je plisse légèrement les yeux, méfiant. « Ce n’est pas de la mauvaise volonté, croyez-moi, mais vous savez trop de confiance dans les autres est la ruine de bien des gens. Vous sortez de nulle part en me cherchant partout, il y a de quoi être méfiant surtout au vu de la place que j’occupe. »

Après tout un adversaire peut se présenter à n’importe quel moment au pas de la porte de mon Manoir. Fantôme serait un concurrent sérieux, décidément je ne peux pas faire autrement que de me méfier, un instinct de survie qui maintient tous mes sens en alerte. Il finit par parler de Fifa, ma compagne, un voile glisse brièvement sur mon visage avant d’esquisser un sourire.

« J’ai malheureusement développer l’art de passer inaperçus, puis très souvent personne ne cherche à avoir une audience avec le maître des lieux. » J’hausse lentement les épaules. « Fifa est bien plus adroite avec les gens, je préfère veiller à la protection et au confort de mes compagnons. »

J’inspire profondément avant de lentement secouer la tête à ses mots. J’espérais faire de même, et encore bien plus mais Cœur Noir portait en lui une malédiction, des racines vacillantes qui propageaient sans mal leurs poisons aux branches. Ce qui devait donner un arbre puissant et prospère, se flétrissait en ce moment même et finira par s’écrouler sur lui-même.

« J’ai abandonné cette idée … Je croyais pouvoir la recomposer, mais Ecalipse a disparu, Hyuna est … » Les mots se bloquent dans ma gorge avant de retrouver un visage impassible. « Oncle, tante, frère, demi-sœur … ce ne sont que des titres qui ne veulent rien dire. Je suis désolé Fantôme mais cette famille n’existe pas, tu risques bien d’être déçus. »

Un sourire amer déforme mes lèvres, il m’a fallut du temps pour comprendre, pour me faire à l’idée et y renoncer. C’était une de mes nombreuses motivations pour m’emparer de ces terres, mais si ma famille ne peut me donner ce que je veux, il me reste mon troupeau, ma compagne et ma fille. A présent, je suis ici et je cesse de courir après des cauchemars.

Un courant d’air referma brusquement une porte au rez-de-chaussée, ou est-ce un nouveau visiteur impromptus qui tente de percer les secrets de ce vieux manoir ? Telle une silhouette décharnée s’élevant de la terre ou est-ce l’inverse, après tant d’année de service la bicoque s’essouffle et s’enfonce peu à peu pour bientôt ne laisser qu’un tas de planche et de pierre savamment entrelacés.
 
Que restera-t-il de moi après mon dernier souffle ? Très certainement pas grand-chose comme cette vieille bicoque que je choie du mieux que je peux. Mais, elle aura eu le mérite d’exister et marquer les esprits … Marquer, signer, régner … Je pousse un profond soupir esquissant un regard vers une des fenêtres du couloir espérant apercevoir une silhouette d’un blanc immaculé, mais rien à l’horizon.
 
J’esquisse un sourire ironique, pourtant j’imagine sans mal la progéniture de Cœur noir agir de la sorte, simplement par orgueil et se pavaner pour montrer qui des deux à les plus gros sabots. Le plaisir de s’entendre parler. Exaspérer, je pousse un profond soupir avant de me détourner pour remonter tranquillement le couloir, après tout, ça fait déjà un moment que nous sommes comme deux idiots plantés dans le corridor. Les oreilles en arrière, je l’écoute déblatérer sa science, je ne crois pas avoir déposé une demande pour un conseiller.
 

«  Vous ne savez rien, le rabrouais-je. Les gens voient et entendent ce qu’ils veulent, je suis bel et bien présent mais personne ne fait attention. J’observe, j’écoute, je sais beaucoup de chose et je n’hésite pas à intervenir si nécessaire. J’en ai débouté un, il n’y a pas si longtemps. »

 
Pourquoi diable je me justifie auprès de ce dernier ? Monsieur j’ai la science infuse, exaspérant ! Je dépasse plusieurs portes jetant un œil discret à l’intérieur. Finalement, une porte se dessine à la fin du couloir, je la pousse d’un coup de museau avant de descendre un escalier arpentant une sorte de grand abris ouvert alors que le vent frais frappe mon visage. Je pince légèrement mes lèvres, je n’ai pas spécialement envie d’aborder le sujet Hyuna et je décide donc de l’éviter … Figé, je me perds un instant dans la contemplation des environs du Manoir avant de jauger Fantôme.
 

« J’ai beaucoup apprécié Ecalipse quand bien même notre rencontre fut brève, j’espère que rien ne lui ai arrivé. Un rire narquois secoue mes épaules. Et bien faite moi signe le jour où vous y arrivez ! J’ai gâché assez de mon temps et de mon énergie à courir après des chimères. »

Je suis las de cette course sans queue ni tête, de toute façon qui souhait-il réunir ? Ecalipse à disparut, Hyuna à commis une grave erreur, Shiro … Ce dernier mot bourdonne brusquement entre mes oreilles comme le son d’une grosse cloche vrillant le silence. Je ne suis qu’un doux et stupide rêveur. Je lance un regard à Fantôme me demandant ce qu’il compte faire à présent, en avait-il vu assez ou devrais-je feindre une occupation pour qu’il rejoigne gentiment la sortie de mon territoire.