Prison [pv — No. Thirteen]

Prison

Le doute n’est plus possible.

Le ventre, rond, pend dangereusement vers le bas, dépasse sur les côtés. Je regarde cette forme étrange, ce gonflement inhabituel ou habituel. Je ne sais pas. Ou plus. Je tends les naseaux, frôle la surface dure, la peau tendue par la vie. L’autre remue, réveillé dans son sommeil, dérangé par la mère qui se questionne.

Celui d’avant aussi, remuait.

Le sable roule sous les sabots, blanc, fin. Je fixe mes yeux bleus sur lui, analyse la différence avec le désert de Cyrius. Ce territoire n’est pas le mien. Drôle de pensée qui m’arrache une grimace. Je continue sans m’inquiéter du troupeau qui vit ici. Qui sait… peut-être qu’une visite des Secrètes me ferait changer d’avis, de dominant. Naëlle, sans aucun doute, est plus futée que Cyrius.

La première carcasse apparaît, menaçante. Mastodonte de fer qui repose sur le flanc, la gueule ouverte sur la mer. L’envie d’approcher fait bouger les jambes. Puis, comme une apparition cauchemardesque, un monstre qui se tire de sous le lit, une ombre apparaît près du trou béant dans la coque. Une ombre qui s’accompagne d’une deuxième. Une troisième.

Quatre humains qui me fixent.

Le doute n’est plus possible.

L’île est infestée de parasites et mon ventre est rond, plein, alléchant pour tous les prédateurs. Surtout pour des humains coincés sur une île qui leur est hostile.

Je fais un autre pas en avant.

Il s’aventure sur les Terres Secrètes par curiosité. Il a entendu dire que la jeune dominante fait du zèle. No. Thirteen n’est pas très inquiet.

Le craquement, discret, sous son sabot. Il baisse les yeux. Une mante religieuse et les restes de son mâle. La cicatrice sur sa nuque le picote.

Gom Jabbar est-elle une mante religieuse ? No. Thirteen n’en sait rien. Il relève la tête et regarde autour de lui. Des carcasse de bateau.

Cela lui rappelle le massacre qu’il a laissé derrière lui au Golfe d’Emeraude. L’étalon inspecte l’épave la plus proche. Le bois est gonflé.

Il s’en dégage une odeur désagréable qu’il respire à plein nez, les naseaux dilatés. Ce n’est pas récent, tant mieux. Le borgne entend un bruit.

Le crème ne voit pas tout de suite de quoi il s’agit mais lorsqu’il se tourne, il comprend immédiatement. Un hurlement de rage lui échappe.

Il s’emballe. Quatre humains et l’objet de ses pensées qui s’approche sans peur. Lui non plus n’a pas peur des humains mais sa colère gronde.

No. Thirteen s’arrête aux côtés de l’appaloosa, piaffe sans oser la toucher. Il rêve de l’attraper par la crinière et la traîner loin de la Plage.

Quatre humains les fixent et il renâcle. Que vont-ils faire ? Se contenter de les regarder ou tenter de les approcher ? Il ne sait pas, est inquiet.

- Qu’est-ce que tu es en train de faire, exactement ? il se méfie d’elle.

Les silhouettes ont l’air décharné de monstres cauchemardesques. Les membres longs, fins comme des brindilles, la tête haute, retenue par miracle sur de petites épaules. Mon corps, à côté, paraît gigantesque, imposant, puissant. Que peuvent-ils faire contre lui ? Un coup suffirait à les briser, à les faire hurler. Les yeux bleus se relèvent sur la carcasse du cargo.

Ils ont construit cela avec de si petites mains.

Les apparences sont trompeuses, disait-elle. Je soupire. Que cachent-ils, ces êtres étranges qui me fixent sans bouger ? Que veulent-ils ? Mon ventre rond est encombrant, attirant. Il m’emprisonne dans mes propres mouvements, gêne la vie que je mène, me prive de ma liberté. Les regrets, pourtant, ne caressent pas la tête pleine de mauvaises pensées. Encore quelques mois, si peu, et le dé roulera au sol pour déterminer s’il y a vie ou s’il y a mort. Là, alors, je pourrai regretter l’étalon crème et rêver de lui faire goûter aux mêmes regrets. Mais le numéro est puissant. Il faut un plan bien ficelé.

Soudain, le tonnerre gronde.

Les yeux bleus glissent sur le sable fin et tombent sur le crème qui se confond presque avec la couleur de la plage. Encore une fois, sa robe ne dénote qu’à peine sur le paysage blanc. Les humains, dans leur cargo, ne bougent pas. L’étalon, lui, ne tient pas en place.

Je crois que ça s’appelle marcher, non ? me moqué-je, un rictus aux lèvres.

Pour qui se prend-il, celui-ci ? De quoi a-t-il peur ? La voix grince au fond de la gorge dans un rire moqueur.

Le chevalier a peur de perdre sa demoiselle ? Attends donc qu’elle soit en détresse avant de sauver la princesse.

L’oeil mordoré de No. Thirteen embrasse les flancs de Gom Jabbar. Pendant un instant, il oublie les humains pour penser à la vie qui s’agite entre les côtes de l’appaloosa, grandit tranquillement depuis quelques temps.

Cette paix ne sera pas brisée par les mauvaises idées de la jument.

Ce n’est pas que l’étalon n’a jamais apprécié les risques qu’elle prend avec goût, après tout la pouliche qu’elle porte est le fruit de l’un de ceux là. Mais il ne faudrait pas que cela lui coûte la vie, n’est-ce pas ?

Le crème revient finalement aux humains qui les observent avec intérêt, curieux.

Ils ne sont visiblement pas habitués à voir des chevaux sauvages et n’osent pas les approcher, ce que No. Thirteen félicite d’un ronflement de naseaux. Il ne répond pas aux moqueries de Gom Jabbar, dédaigneux.

- Tu n’as rien d’une princesse.

Et lui rien d’un chevalier, mais cela lui paraît évident. Le borgne surveille les humains, pas tout à fait méfiant. Il ne sait pas exactement ce que l’appaloosa prévoit, mais cela lui déplaît. Sa fille ne connaîtra pas cela.

Sa destinée ne sera pas celle-là.

Déjà, il se presse contre Gom Jabbar pour la pousser loin des humains. No. Thirteen lui barrera le chemin, forcera les bipèdes à s’éloigner s’il le faut. Il n’a pas peur d’eux, l’expression féroce tandis que le vent se lève.

Le vent apporte avec lui l’odeur putride des humains. J’ouvre les naseaux, goûte à cette fragrance comme un chien de chasse à l’affût de sa proie. S’y habituer, s’en délecter pour mieux la retrouver, plus tard, la deviner là où d’autres ne pourront que se questionner. Je ne veux pas être prise par surprise une nouvelle fois.

L’étalon pose sur moi un regard presque possessif. Je vrille sur lui mes yeux bleus, toujours le même rictus moqueur aux lèvres. l’envie de l’embêter, de l’énerver, explose sur les lèvres étirées. L’idée est si tentante que je déglutis difficilement. Quel mal pourrait-il me faire ? Cette colère, au fond de son œil doré, prouve qu’il a peur pour la vie à l’intérieur de moi. Pas pour ma vie, je le sais. Mais, aujourd’hui, la vie de son fruit dépend de la mienne. Le moindre mal qu’il me fera se répercutera sur l’autre.

Et je sais qu’il le sait.

Certains m’appellent pourtant Lady, dis-je en riant. Toi, tu as tout du grand méchant loup. C’est dommage… les méchants perdent à tous les coups.

Les humains ne bougent pas dans leur carcasse. Ils nous fixent sans savoir quoi faire. Une prudence appréciable. Qui sait ce que le mâle pourrait leur faire pour éviter que je ne tombe entre leurs mains ? Le spectacle pourrait être alléchant.

Soudain, son corps musclé se presse contre le mien. Mes oreilles, instinctivement, se plaquent contre ma nuque. Je fixe sur lui un regard mauvais. La gorge est si près de mes dents. Il suffit de lever le nez, ouvrir la bouche, refermer sur la chair et mordre. Je n’en fais rien. Pour l’instant. L’envie, légèrement plus amicale, de lui « pincer » l’épaule, remonte en moi. Patience.

Qu’est-ce qui te fait croire que tu as un quelconque droit sur cette vie, Treize ? (La voix déraille sur un rire mauvais.) Oserais-tu penser que je me suis contentée de toi ? Tu as une haute opinion de toi-même, on dirait.

Et les dents claquent sur son épaule, tirant quelques poils crème, avant de s’écarter de quelques pas sur le côté.

Gom Jabbar rit et il se fait la réflexion qu’elle porte bien le nom de Lady, la froideur aristocratique de celle qui se croit supérieure et qui l’est, car elle tourne les choses en sa faveur. No. Thirteen se demande si parfois, la jument s’aventure sur un terrain qu’elle ne connaît pas. Il en doute, elle est sûrement maître dans l’art de jouer avec le feu et maîtrise le retour de flamme avec un peu de jugeote.

Pendant un instant, il envisage de lui confier son vrai nom mais la moquerie d’une mimique n’en vaut pas la peine. Ce n’est pas comme si son patronyme lui tenait à cœur.

- Le grand méchant borgne plutôt, crache-t-il.

Mais il sourit, car il est le père d’une autre pouliche, élevée par une louve, alors il peut bien être un loup aussi. Il a toujours su qu’il perdrait la vie, car tel est son destin.

- Je n’ai jamais espéré gagner, grogne-t-il.

No. Thirteen plaque lui aussi les oreilles en arrière. Il considère la question, nerveux. Son poitrail se soulève brutalement, une vague de rage s’écrase contre ses muscles tendus tandis qu’il prend le temps d’envisager les possibilités. Il la croit, quand Gom Jabbar dit qu’elle ne s’est peut-être pas contentée de lui, mais il entend bien le peut-être dans son rire mauvais. Il n’a vraiment d’opinion, cependant.

La douleur explose dans son épaule et il la poursuit, se presse de nouveau contre elle pour pincer son encolure. Ce n’est pas ça qui fera du mal à la petite, qui que soit son père.

- On dirait que je suis contraint d’attendre la naissance pour en avoir le cœur net.

Sa réplique le fait sourire et il lance un regard aux humains, qui se sont réfugiés dans l’épave lorsqu’ils ont commencé à se violenter. Il éclate de rire, vivifié par ce constat.

L’étalon s’éloigne finalement de la jument et piétine dans le sable tandis que le vent se lève. Un frisson le parcoure et il observe les vagues qui remontent avidement sur la plage, écoute le fracas de l’écume qui se disperse sur quelques rochers égarés dans la mer. Cette dernière recrache une barque encore en bon état, mais il ne s’en rapproche pas. Les lattes de bois lui rappellent le naufrage de son cargo.

Les yeux bleus se font critique, une remarque sur les lèvres qui abandonnent leur sourire pour une mine déçue. La queue fouette l’air et le visage s’écarte pour regarder ailleurs. Il ne sert à rien d’espérer. Mais les mots restent bloqués dans la gorge. Qu’il fasse ce qu’il veut ! Qu’il prie donc, tant qu’il y est, tous les dieux du monde. Stupide.

L’étalon n’a pas l’air d’apprécier la question, la possibilité de ne pas avoir été le seul, l’unique. Je fixe mes yeux bleus sur lui, amusée. Il ne dément pas, conscient que je peux dire vrai. Ou mentir. La vérité est relative, dépend de celui qui la vit, de la façon de la relater aussi. Je pourrais crier au monde que, jamais, ô grand jamais ! Treize n’a posé la moindre parcelle de son corps sur le mien. Qui pourrait prouver le contraire ?

La douleur remonte l’encolure et fait grincer les dents. Je ronfle des naseaux, comme énervée par un insecte entêté, un parasite qui ne veut pas s’en aller. Il finira par s’en aller. La certitude est bien accrochée au cœur. Il ne restera pas éternellement, là, à côté, à presser mon corps du sien.

Tu crois que ça suffira ? J’ai comme un doute. (Nouveau rire.) Tu vas devoir te contenter de ma parole, sur ce coup-là. Et que feras-tu, si cette vie ne vient pas de toi ?

Les yeux bleus cherchent le trou noir, ne rencontrent que l’éclat doré de l’œil valide et se détournent, désintéressés. Il serait malheureux qu’un autre mâle se retrouve à la naissance par mégarde… L’idée m’arrache un frisson et me pousse en avant, maintenant que l’étalon s’est écarté.

Je fais quelques foulées d’un galop lent et lourd, encombré par le ventre rond. La carcasse du cargo se rapproche, mais les pas bifurquent, finalement, vers la mer. Les jambes s’arrêtent à quelques mètres des vagues et le regard revient chercher le numéro.

Et s’il n’y a pas de vie, que la mort ?

Gom Jabbar perd son sourire. C’est une petite victoire pour No. Thirteen, qui enfonce le clou en gardant le silence. Il ne faudrait pas aider les coins de ses lèvres à se relever, tout de même.

Mais déjà, la jument s’amuse à nouveau de lui. L’étalon savoure l’instant, bref, de souffrance qui transparaît dans le ronflement de naseaux de l’appaloosa. Le vent ébouriffe sa crinière crème.

Le borgne hausse les épaules sans répondre à Gom Jabbar. Il pense que l’apparence de la pouliche sera bien suffisante pour la reconnaître, si elle est de lui. Et si elle est de quelqu’un d’autre, il passera son chemin.

Il a déjà une fille, après tout.

La Lady, dans son besoin de le faire douter, s’affole, rajoute des paroles qui font sourire l’entier. Plus elle en dit, moins il la croit. Il est presque certain de ne pas se tromper tandis qu’elle s’éloigne au galop, lente et alourdie par son fardeau fertile.

Il la regarde s’approcher du cargo dans lequel les humains ont disparu mais ne cherche pas à la poursuivre. Déjà, sa trajectoire dévie vers la mer et elle s’arrête non loin des vagues.

Elle lui lance un nouveau regard mais ne se jette pas entre les vagues. Lui ne s’approche pas. Seul le vent porte encore ses paroles et il médite un instant sur la question, comprend mieux.

- Nous verrons bien, réplique-t-il fortement pour qu’elle l’entende..

Ainsi, elle n’est pas certaine de donner la vie. C’est sûrement pour cette raison, qu’elle le défie encore et encore. Un frisson parcoure les épaules de No. Thirteen, qui laisse Gom Jabbar tranquille.

Satisfait, il reporte son attention sur la barque. Les vagues l’ont jetée sur le sable mais un petit piquet la retient. La corde qui l’y attache n’est pas encore usée par l’eau de mer et l’étalon finit par s’en approcher pour examiner l’intérieur.

Il flaire des restes de vivres, remarque les rames au fond du bateau de bois. Son regard revient au cargo qui abrite les humains.

Cette fois, ils sont bien là. Il n’y a plus de doute. Il sait où Morrigan’ et sa cadette peuvent se réfugier, pense aux Gorges de Galamus.

Mais il n’a pas menti à Hallelujah, il ne compte pas laisser les humains s’installer, les exterminera s’il le faut. Pas ici, malheureusement. Les conditions sont mauvaises. Il craint qu’il y ait d’autres bipèdes ailleurs sur l’île de toute façon, alors il prend son mal en patience.

Le crème reporte son attention sur la barque. Ils ont laissé une canne à pèche au fond. Un sourire désabusé lui échappe.

D’un coup de pied insistant, No. Thirteen déloge une latte de bois et laisse un trou dans la barque, avant d’abattre son sabot rond sur la canne à pèche, qui se brise en deux. Une bonne chose de faite.

A présent, il faut saccager leurs ressources et détruire leurs abris.

S’ils ne peuvent pas les chasser, les équidés peuvent bien les forcer à partir, autrement.

Il garde un oeil sur Gom Jabbar lorsqu'une vague vient lécher ses sabots. L'étalon recule précipitamment et s'éloigne de la barque et les rames sur lesquelles il s'acharnait tandis que le ciel crachote un peu de pluie sur son dos.

L’étalon ne semble pas s’inquiéter de la possibilité que ce qu’il pense être son fruit meure à la naissance. Ou ne naisse jamais vraiment. Est-ce de la stupidité, de la naïveté ou une confiance en lui mal placée ? L’œil bleu cherche la réponse dans l’œil doré, ne trouve rien d’intéressant.

Je détourne le regard de lui pour regarder le ventre, rond, prêt à éclater. Le dernier est mort-né. Il hurlait, pourtant. Il frappait. Ou n’était-ce que la douleur due à sa mort ? À l’envie du corps de se débarrasser du mal ? Celui-ci bouge. Ses coups tendent la peau, déforment son arrondi parfait. Il vit, assurément. Pour l’instant. À quel moment, l’autre est mort ? Et le premier de tous ? Pourquoi Krys a réussi à vivre ? Des questions sans réponses qui tombent dans la mer sans plus titiller l’esprit. Peu importe, au fond. Ce qui doit arriver, arrivera. Ainsi va la vie.

L’étalon s’approche enfin du bord de mer pour s’intéresser à la barque échouée. Je pose sur lui un regard désintéressé. Les humains sont bien installés sur l’île, prennent leurs aises sans s’inquiéter des autochtones. L’histoire se répète, dirait-on. N’ont-ils pas pour habitude de posséder un nouveau territoire en exterminant ceux qui, en apprenant leurs droits, pourraient réclamer, plus tard, la propriété ? L’idée m’arrache un sourire amusé.

Treize s’acharne sur la barque, détruit l’œuvre humaine dans une vaine tentative de réclamer leur départ, peut-être. N’est-il pas le seul à s’inquiéter de leur présence sur l’île ? Déjà, dans la neige, le mâle s’est amusé à détruire l’igloo.

Aime-t-il seulement détruire tout ce qu’il voit ?

La question m’arrache un frisson et me force à approcher de quelques pas. Le trou noir, au milieu de son visage lumineux, attire mon regard. De l’autre côté, l’œil doré roule soudain sur les vagues. Le mort-vivant bondit hors de l’eau. Un rire sort de ma gorge, moqueur. De quelques pas, je patauge dans le sable mouillé et regarde les rouleaux lécher mes sabots.

Alors le terrible, méchant numéro a peur de l’eau ? Allons, un grand garçon comme toi…

Et de quelques pas de plus, j’avance vers le large, jusqu’à ce que le sel lèche mes genoux.

No. Thirteen sait qu’il ne peut rien contre le destin. Ses filles, peut-être, mais pas lui. Que dire, que faire si Gom Jabbar pense qu’elle va donner naissance à un mort ? Rien, alors il se soucie bien peu de ce qui ressemble à une menace. Ce qui doit arriver, arrivera.

Son mouvement de recul n’a pas échappé à la jument, qui l’approche. Il la sent arriver plus qu’il ne la voit et entend les éclaboussures que ses sabots produisent en pataugeant dans l’eau. Le goût salé de la pluie sur sa langue le fait grimacer lorsqu’il se met à parler.

- Le petit chaperon roux a la mémoire courte.

Ils ont déjà plongé, ensemble, sous la Banquise Miroitante. Il tourne finalement la tête pour la regarder s’aventurer vers le large. No. Thirteen sait nager et Gom Jabbar aussi. La pluie fait couler des larmes insensibles sur sa joue crème, irrite le trou béant qui y règne.

Le crème offre un sourire à l’appaloosa et la laisse à sa baignade un peu trop froide. Il la reverra bien assez tôt. Les nuages d’orage ne le suivent pas tandis qu’il s’éloigne sur la plage et seules les empreintes de ses sabots trahissent la présence de l’entier jusque là.